- La vie de forestier n'est donc pas sans inconvénients et sans dangers ?
- Moi je n'y trouve que plaisir et bonheur. Je passe souvent des journées entières dans les villages voisins, et je rentre dans ma belle forêt avec une joie inexprimable, me disant à moi-même que je préférerais la mort au supplice d'être enfermé dans les murs d'une ville.
A cette époque où les grands possesseurs de fiefs agissaient en souverains sur leurs vassaux, guerroyaient avec leurs voisins et se livraient au pillage, au brigandage, au meurtre, sous prétexte d’exercer les droits de haute et basse justice, souvent des luttes terribles s'engageaient de château à château, de village à village, et, la bataille finie, vainqueurs et vaincus se retiraient, chacun de son côté, prêts à recommencer à la première occasion favorable.
- Je n’ai point prononcé de vœux monastiques, Robin, répondit le moine en manière d’excuse, et j’aurais pu donner mon nom à miss Lindsay. Si la capricieuse fille a repoussé mon amour, j’en dois accuser votre joli visage, ou bien l’inconstance de cœur naturelle aux femmes.
- Fi donc ! moine Tuck, s’écria Robin, calomnier les femmes est une infamie ; pas un mot de plus !
Je préfère les angoisses de la crainte aux remords d’un crime.
Maude était tellement idéalisée dans le cœur de ce naïf garçon qu'elle ne lui paraissait plus sous la forme d'une femme, mais bien sous les traits d'un ange, d'une déesse, d'un être supérieur à tous les être, moins près de la terre qu'elle ne l'était du ciel ; en un mot, miss Lindsay était la religion de Will.
Avec son ignorance du monde, Robin ne se désirait rien en dehors de la félicité dont il jouissait sous le toit du garde forestier, et le suprême bonheur pour lui consistait à pouvoir chasser en liberté dans les solitudes giboyeuses de la forêt de Sherwood ; que lui importait donc alors un avenir de noble ou de vilain ?
(...) armés jusqu'aux dents, l'esprit en éveil, constamment sur la défensive, les braves Saxons attendirent la venue des sanguinaires Normands.
Hubert de Poissy était un de ses hommes qui, sans posséder de grandes qualités physiques ou morales, ont le talent de plaire aux femmes et de s'en faire aimer. La souplesse de son caractère ayant toujours laissé croire à la bonté de son cœur, il avait eu dans le monde de véritables succès. Cet inexplicable engouement donna au jeune homme beaucoup de fatuité et une dose d'impudence qui ne lui permettait pas de supposer un refus sérieux de la part d'une femme honorée de son attention.
Du reste, j’ai lieu d’espérer et même de croire que le mystère qui enveloppe la naissance de cet enfant ne sera jamais dévoilé. Si le contraire arrivait, ce ne pourrait être que de ton ouvrage, Ritson, et je te jure que tous les instants de ma vie seront employés à une rigoureuse surveillance de tes faits et gestes. Élevé comme un paysan, cet enfant ne souffrira pas la médiocrité de sa condition ; il s’y créera un bonheur en rapport avec ses goûts et ses habitudes, et ne regrettera jamais le nom et la fortune qu’il perd aujourd’hui sans les connaître.