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Critique de hcdahlem


Que reste-t-il de ces beaux jours?

Martin Dumont confirme tout son talent dans ce roman dans lequel Félix se raconte. Ce musicien, qui vient de devenir père, se bat désormais pour assurer l'avenir de sa femme Anna et de son fils Élie. Si le groupe qu'il formait avec Louis, Alex et Rémi est remisé au rang des souvenirs, il rêve d'une carrière solo.

Quand il range sa guitare, après avoir joué quelques morceaux de sa composition dans le bar de son ami Kacem, Félix a le moral en Berne. On lui a dit et répété qu'il était un bon musicien, qu'il y avait quelque chose dans ses compositions et que sa maquette circulait. Mais il est désormais le père d'un petit Élie et se doit d'assumer cette charge trop lourde pour les épaules de sa femme Anna, qui après son congé maternité a retrouvé son boulot d'infirmière et accumule la fatigue.
Il sent bien que c'est sa dernière chance de rebondir, d'entamer une carrière solo, lui qui est passé tout près de la gloire avec son groupe.
Tout avait commencé lorsqu'il avait rencontré Louis, en seconde. Très vite, ils sont devenus amis, très vite il lui a fait aimer la musique, très vite il s'est mis à la guitare.
Quand Alex est arrivée, Félix s'est dit qu'une femme allait apporter des emmerdes. Mais au contraire, elle a su trouver sa place dans ce trio que Rémi est venu compléter. Il fallait bien un batteur pour réussir. C'était le temps des répètes dans une cave, c'était le temps des rêves...
«On s'imaginait sur une scène immense. Public en feu et colonnes d'amplis dans le dos. Louis faisait semblant de haranguer la foule tandis que je lançais des «Bonsoir!» et des «Merci!» aux murs à chaque fin de chanson. On bossait comme des dingues. On voulait progresser, constituer un set et se produire. le samedi était le plus beau jour de la semaine. Une fois épuisés, on rangeait les instruments, on débriefait, puis on sortait faire la fête.»
En faisant alterner les chapitres dans lesquels Félix se remémore ces années où le groupe s'est construit, leurs premiers succès et leurs premiers excès et les chapitres où le père de famille sent une pression de plus en plus forte sur ses épaules, — «j'ai été assez patient comme ça, je ne veux plus attendre. Rien ne vient jamais et je ne peux plus jouer pour des gens qui s'en foutent. J'ai besoin de fric et peur de perdre Anna. Une trouille pas possible» — Rémi Dumont réussit à donner à ce roman une forte dimension nostalgique. Et nous rappelle combien nos rêves de jeunesse, une fois confrontés à la vie réelle, peuvent être difficiles à assumer. Mais aussi, comme le confie Louis à son ami, que les moments difficiles donnent du sens à tout. Ces moments «qui mettent en valeur le reste. le plaisir, les frissons, le bonheur. Tout ce que l'on poursuit sans cesse. Et ce que l'on a vécu avant bien sûr! Il faut ça pour se rendre compte à quel point c'était fort. À quel point c'était grand.»
Si Félix est si attachant, c'est qu'il porte avec lui ses blessures narcissiques. Des blessures qui, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous accompagnent aussi.
C'est sans doute aussi la raison pour laquelle ce roman nous touche autant. En le lisant, on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il reste de ces beaux jours. de nos rêves d'enfant. A quel moment la réalité de la vie nous a-t-elle rattrapée ? Nos choix ont-ils été judicieux ? Et si c'était à refaire ? Cette réflexion douce-amère sur les moments-clé d'une vie confirme, après le Chien de Schrödinger et Tant qu'il reste des îles la place de choix que Rémi Dumont a pris au sein des romanciers contemporains.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. En vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.



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