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Critique de Blok


L'étude systématique et approfondie de pensée antisémite de Céline, de ses sources et de ses actes conduit les auteurs à faire justice de la légende édifiante propagée par les admirateurs inconditionnels de l'écrivain, mais aussi à réévaluer son oeuvre.
On sait en effet que la plupart des commentateurs présente"Bagatelle pour un massacre" comme un accident incompréhensible dans l'oeuvre du "génial" auteur de"voyage au bout de la nuit. Or" Céline, la race..." démontre que"Bagatelle.." occupe au contraire un rôle central dans l'oeuvre de son auteur au point que la question n'est pas de savoir comment l'auteur du voyage a pu écrire " Bagatelle" mais comment l'auteur de Bagatelle a été capable d'écrire un livre comme le voyage. L'antisémitisme de Céline est en effet le centre de sa pensée, il lui est même consubstantiel, il préexiste à son oeuvre littéraire. Il est présent dès l'époque du Voyage et même avant, et se manifeste dans ses lectures, ses fréquentations, sa correspondance, les témoignages, dont Taguieff fait une étude exhaustive. Sur ce point, Céline n'a jamais varié.
Son attitude sous l'occupation est loin d'être aussi innocente qu'on le dit souvent, il a collaboré et dénoncé. de par ses relations avec les occupants les plus extrémistes, il était au courant de l'externalisation des Juifs au moins depuis 1942. Cela ne doucha pas son enthousiasme, au point qu'il reprocha leur mollesse en la matière à plusieurs officiers allemands, au point de les indisposer, y compris des nazis convaincus. Ernst Jünger, alors dans l'armée d'occupation à Paris, traduisit dans son journal le dégoût que Céline lui inspirait. Il est vrai que Jünger détestait et méprisait aussi les Nazis.
Céline a prôné d'ailleurs dès 1937 l'extermination des Juifs, non directement dans "Bagatelle" mais dans des lettres et des entretiens privés qui ne laissent planer aucun doute sur la réalité de ses sentiments.
Le livre détruit aussi la légende édifiante du Céline généreux"médecin des pauvres", réduit à la misère après guerre, persécuté(la justice fut au contraire clémente à son égard, si l'on compare son sort à celui de Brasillach ou même de Rebatet, pourtant moins coupables que lui.
Reste son oeuvre littéraire. de son aveu même dans une interview à la radio, après le Voyage et Mort à crédit, il n'avait plus rien à dire, et puis son exil en Allemagne et la suite lui donnèrent matière à écrire une deuxième oeuvre en forme d'auto-justification et de lamentations, finalement assez pénible
Reste donc ses deux premiers livres, certes honorables mais bien insuffisants sur le plan purement littéraire à lui mériter le titre de plus grand écrivain français du vingtième siècle. Taguieff montre d'ailleurs comment le Voyage associe des thèmes porteurs dans la littérature des années 30 (La Grande Guerre, les Colonies, les États-Unis) qui permettent de penser qu'avant la rédaction de l'ouvrage Céline avait fait une petite étude de marché personnelle, très judicieuse d'ailleurs. le livre reste bon, mais beaucoup moins révolutionnaire qu'on le prétend.
Etiemble avait qualifié Chardonne d' "écrivain médiocre mais excellent nazi". Je ne serais pas éloigné de reprendre la formule pour Céline, avec quelques nuances.
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