J'ai commencé à lire
Marguerite Duras il y a presque vingt ans, et j'avoue que ce livre me bluffe ! Elle a réussi à me surprendre. Evidemment, elle y est toujours
Duras,
Duras un peu avant l'heure, quand elle essayait encore d'
écrire des romans un peu classiques (quoique le rythme du Marin de Gibraltar contredise déjà cela), mais elle m'a surpris car le livre prend parfois des tonalités inattendues (pour moi).
La première partie du livre m'a paru un peu longue. On peut reprocher à l'auteur d'avoir pris pour narrateur un personnage un peu fantôme, dont on ne comprend pas trop pourquoi Anna, l'héroïne, tombe peu à peu amoureuse de lui. Excepté cette volonté qu'il a eu de briser les chaînes de sa vie. Bref, je trouve que le narrateur est surtout un prétexte à observer le personnage d'Anna, qui la fascine, et qui est elle-même envoûtée par
le marin de Gibraltar.
L'histoire est incongrue, inrésumable, mais… on s'en fout ! C'est une variation sur l'impossibilité de
l'amour, l'absurdité de l'existence, la soif d'absolu en réponse à la vacuité de la vie. A la fin du livre, quand les personnages abordent l'Afrique, le récit prend souvent des allures comiques. C'est surtout là que j'ai été surpris. J'avais oublié que
Duras avait aussi fait quelques tentatives comiques au théâtre. Et surtout, elle est drôle ! Il faudrait faire lire le récit de la vie du marin de Gibraltar, en fin du livre, par le biographe du dernier roi du Dahomey, aux détracteurs de l'auteur. Un délice. Et les conversations au bar sur les sauriens et les glaciations du quaternaire… d'anthologie ! Un très bon
Duras finalement !!!