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Critique de Jolap


Jolap
07 février 2020
J'ai peiné à lire ce roman. J'ai du mal à partager mon ressenti.

J'ai assisté il y a quelques jours à une conférence sur l'art du drapé dans la peinture, dans la sculpture. En écoutant l'intervenante j'ai pensé exactement à l'histoire racontée par Lionel Duroy. L'histoire de ses retrouvailles avec ses frères et soeurs après une longue période de distance, fâcheries, haine recuite, rancoeurs et incompréhensions. Chacun (ou presque) fait amende honorable et désire faire table rase des ressentis qui lui noue l'estomac. Chacun comprend que Lionel Duroy ne peut pas faire autrement que d'écrire tout ce qu'il vit, tout ce qu'il ressent. Alors nous assistons à la cérémonie du grand pardon. Il manquait un drapé. Un drapé offrant ombres et lumière, donnant du relief à un échange assez banal.

Les reproches invoqués : La vie de famille et ses dysfonctionnements, ses faiblesses, ses outrances en particulier les manques les folies et le véritable déraillement des parents tout au long de l'enfance et la jeunesse de ces neufs frères et soeurs, sont déjà racontés dans ses livres. Une vie de famille complètement déséquilibrée, baroque, foutraque, des souffrances cachées racontées dans le moindre détail et livrée sur la place publique. le naufrage répété. La honte revécue. Et comme si le climat n'était pas suffisamment fragile l'auteur convie ses ex-épouses. Nous passons de l'un à l'autre, et comme nous ne les connaissons pas c'est parfois un peu compliqué de suivre. Il y a le rebelle, la radine, le tendre, la soeur protectrice et dévouée etc;;;

Je reviens au drapé qui, je cite la conférencière, exerce une vraie fascination car il cache tout en révélant les formes, avec sensualité et douceur et préserve la pudeur des nus avec élégance. C'est un peu le contre pied du livre.

En assistant à ce repas familial chez Lionel Duroy j'aurais aimé un jeu subtil. Une mise en plis. Au fil de ma lecture, j'ai lu à quelque chose près ce qui était raconté dans les ouvrages précédents, sans aucune pudeur. Il a remis le couvert. Les échanges entre frères, soeurs, neveux, nièces ont été soigneusement écrits. Tout a été écrit ce qui, même si le style de l'auteur est talentueux, relève à certains moments de l'anecdote. Tout a été écrit mais tout n'était pas intéressant sauf certainement pour les parties prenantes, encore que…

J'ai imaginé la tête des frères et soeurs à la sortie de ce livre : " Nous étions venus pour enterrer le passé et voilà qu'il remet çà! Je n'y crois pas...."

.Par moments j'avais une curieuse impression d'avoir vécu moi-même une scène, une scène de la vie ordinaire, un échange grinçant, un regard lourd, une réflexion désagréable, car ce déjeuner était familial avant tout, et certaines réparties familiales, oui, je les avais déjà vécues.

Chacun était bien disposé en venant à ce repas de retrouvailles mais on ne refait pas l'histoire. Par moments nous sentons l'orage, le ton monte, la mémoire fait écho et puis l'un des invités lance un avertissement, calme le jeu et la vague se dégonfle échouant sur des lieux communs.

Un journal intime tournant et retournant sur le même sujet et je demande pardon à l'auteur mais parfois un peu larmoyant, un peu redondant.
D'autres auteur(e)s ont choisi de raconter leur vie très personnelle. Charlotte de Turckheim, ses parents, les dettes, les huissiers. Madeleine Chapsal sa mère, sa soeur, sa nièce, ses ex…. . Alexandre Jardin, son grand père, Pétain. La famille a réagi très violemment. Il a fini par dire que tous ses livres n'étaient que mensonges. Et combien d'autres !

Lionel Duroy écrit tout ce qu'il vit. Il ne peut pas faire autrement. La vie peut être un roman mais pas toujours ! J'ajoute que, nombreux sont ceux qui s'échappent de leur quotidien en s'immergeant dans un roman. Alors il vaut mieux que ce soit un moment de plaisir. Un met d'une fraîcheur absolue. Une saveur nouvelle. Une saveur sans trop d'amertume....
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