Au mois de décembre 1855, raconte lui-même M. le duc d’Aumale, je quittais Twickenham pour aller faire visite à ma mère, alors malade à Nervi, près de Gênes. Panizzi m’avait mis en mesure de voir un manuscrit intéressant qui lui était signalé par un de ses amis de Turin. Et je fis connaissance avec les Heures du duc de Berry} déposées alors dans un pensionnat de jeunes demoiselles, villa Pallavicini, banlieue de Gênes. Une rapide inspection me permit d’apprécier la beauté, le style, l’originalité des miniatures et de toute la décoration. Je reconnus le portrait du prince, ses armes, le donjon de Vincennes, etc. On me dit, suivant l’usage, que les compétiteurs étaient sérieux; je ne répondis rien à cet avertissement, qui me semblait banal et qui était cependant plus fondé que je ne pensais. Mon parti était pris, et je mis l’affaire aux mains de Panizzi. Au bout d’un mois, le « livre d’heures avec miniatures, portant sur la couverture les blasons « Serra et Spinola de Gênes » (ainsi défini dans le reçu), était en ma possession, cédé par le baron Félix de Margherita, de Turin, qui le tenait lui-même par héritage du marquis Jean-Baptiste Serra, pour la somme principale de 18,000 francs.
Ce livre, dit encore M. le duc d’Aumale en parlant des Heures du duc de Berry, tient une grande place dans l’histoire de l’art; j’ose dire qu’il n’a pas de rival.