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Critique de CDemassieux


C'est l'histoire d'une rencontre entre le glaive (Clemenceau) et le pinceau (Monet). Une amitié qui naît dans la seconde moitié du XIXe siècle, pour s'achever dans la tragédie et l'apothéose de leur vie finissante : d'un côté la Première Guerre mondiale et de l'autre, contrastant avec le hurlement des canons, le don des Nymphéas à la France, oeuvre ultime du peintre, que n'importe quelle personne bien née se doit d'aller contempler au moins une fois dans sa vie, au musée de l'Orangerie, à Paris ! Oeuvre qui fut bien malmenée avant de retrouver le lustre qu'on lui connaît aujourd'hui.
Quelle histoire entre ces deux titans, l'un côté politique, l'autre côté peinture, mus tous deux par une force de travail et de persévérance dont le résultat fait inévitablement que l'on se souvient d'eux avec admiration et déférence. Clemenceau, ce roc taillé dans l'Histoire, s'inclinant devant l'oeil unique de Monet, qui, comme l'écrit l'auteur, « de l'immensité de l'embouchure de la Seine au Havre à l'intimité du bassin aux nymphéas à Giverny, a su voir et révéler ce que Clemenceau ne distinguait pas avec ses seuls yeux : une nature, une lumière, un monde en soi. »
Clemenceau, en effet, est dans le monde qui bouge, qui tonne – depuis la défaite de 1870 jusqu'à 1914-1918, en passant par l'affaire Dreyfus –, qui si transforme aussi, inexorablement. Et ce monde-là, le Tigre, fort de ses convictions, l'affronte. C'est dans cette force que puisera à la fin Monet, qui s'en ira avant son ami sincère et attentif à son art, plongeant ce dernier dans un profond chagrin.
Nous croisons aussi Bazille, Boudin, Daubigny, Jaurès, Manet, Mirbeau, Morisot, Pissarro, Renoir, Zola, etc., sans oublier le marchand de tableaux Durand-Ruel – souvent malmené par un Monet un tantinet capricieux et exigeant ! –, autant de figures majeures qui ont contribué à faire de la France une terre à part où, me suis-je laissé dire, le monde entier converge pour goûter, le temps d'un voyage, à sa grandeur passée, qu'elle fût politique ou artistique.

Enfin, Duval-Stalla n'en fait pas mystère, il aime la France, ce qui transpire dans cet essai. Et de rappeler à juste titre qu'il y a « une dimension très française dans la peinture de Monet », quelles que furent ses escapades en Italie, en Angleterre ou en Norvège. Un ancrage qui se marie exactement, sous une autre forme, à celui de Clemenceau, lequel, appelé par le président Poincaré et déjà âgé, reprenait les rênes du pays en guerre, en novembre 1917, pour devenir le « Père la Victoire ».
Plus généralement, cette biographie croisée réussit ce tour de force de nous parler peinture et politique sans jamais s'égarer, choisissant les citations appropriées, pour un résultat à la fois romanesque et rigoureux. Une découverte heureuse, comme on les aime.

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