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L'amitié que se vouaient mutuellement Georges Clémenceau et Claude Monet, pour atypique qu'elle pût paraître, n'avait rien d'une arrière pensée séductrice d'un public ou d'un électorat. Elle était empreinte d'une authentique sincérité. Il suffit pour s'en convaincre de voir le cliché représentant Clemenceau à l'enterrement de Monet. Au milieu de la foule venue saluer l'inventeur de l'impressionnisme, on y voit le Tigre abattu, le visage marqué par la peine.

Et s'il n'y suffisait pas, on confirmera ce ressenti avec les témoignages qui foisonnent dans cet ouvrage d'Alexandre Duval-Stalla. En tenant compte qu'ils ont été amputés des plus riches par une crise de dépit du Tigre. Apprenant en effet la nouvelle de la traitrise posthume de Foch à son encontre, Clémenceau a dans un accès de colère entrepris de priver la postérité de ses archives en les brûlant. Les lettres de Monet y compris. Inestimable perte.

Clémenceau et Monet, le mariage de la carpe et du lapin ? Pas aussi évident que cela. Ils avaient beaucoup de choses en commun. A commencer par un caractère bien trempé. de celui qui ne se laisse dicter sa conduite par personne. Intransigeants, entêtés, passionnés, chacun dans son domaine, rien n'aura pu les détourner de leur conviction : Monet de ce style de peinture sur laquelle d'aucuns ont pu cracher à ses débuts, Clémenceau de son combat pour une démocratie qui stimule l'individu. Avec eux, l'impressionnisme et la république, la troisième, étaient nés. Ils se sont battus pour que leur voie s'éclaire, pour que leur voix s'entende.

On découvre les deux personnages sous un jour nouveau au travers du prisme de ce sentiment partagé que sait très bien mettre en lumière Alexandre Duval-Stalla. Cette connivence émotionnelle leur a procuré à l'un et à l'autre des bouffées d'apaisement propices à endurer les événements ô combien douloureux qu'a connus leur époque. Ils ont été l'un pour l'autre le confident nécessaire à tout un chacun pour soulager un coeur parfois lourd de la férocité du monde.

Monet, le peintre de la nature aux oeuvres innombrables, plus de deux mille, capable d'avoir plus de quarante toiles en chantier en même temps, de reproduire vingt fois la cathédrale de Rouen car elle est vingt fois différente sous des éclairages changeants. Monet magicien de la lumière.

Clémenceau, l'orateur audacieux, pugnace, éloquent et convaincu. Capable de bousculer les députés réunis en assemblée comme de stimuler les poilus dans leur enfer de désespoir. Clémenceau magicien du verbe.

J'avais trouvé originale et bien menée par le même auteur la biographie d'une attraction des contraires en politique, Malraux et De Gaulle. Aussi n'ai-je pas hésité à confirmer avec celle d'une amitié inattendue mais tellement vraie entre un artiste et un homme politique. Tel qu'il est conçu, cet ouvrage ôte au genre littéraire de la biographie son aspect de simple chronologie historique pour rendre touchante une affinité désintéressée et dépourvue d'ambiguïté.
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Je suis très étonné que ce fort beau livre d'Alexandre Duval-Stalla n'ait pas reçu ici la moindre critique encore.
Pour qui aime la peinture et est sensible aux histoires d'amitiés profondes, tendres et viriles, il est incontournable. Il m'a en tout cas appris ce que signifie voir pour un grand peintre. Quelle subtilité, quelle intelligence d'analyse veut dire regarder pour un artiste !
Aussi lorsque la vue de Monet vint à se dégrader du fait de la cataracte, son grand ami Clemenceau va tout faire pour le convaincre de se faire opérer, pour le soutenir jusqu'à ce qu'il repeigne.
Ces deux hommes bourrus, intransigeants et profondément attachés à leur pays ne cesseront ainsi de s'épauler, de s'écrire et de se respecter.
Monet, chef de file des impressionnistes bouleversera l'idée que l'on pouvait se faire de la peinture à son époque, Clemenceau entrainera tout un pays vers la Victoire. Belle photo que celle de couverture de ces deux hommes marchant côte à côte vers l'immortalité.
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Cette biographie croisée de Claude Monet et de Georges Clémenceau est passionnante. Elle retrace la naissance et l'histoire d'une amitié indéfectible qui unit deux figures célèbres de la France sur une période allant de la chute du second Empire à 1929, année de la mort du Tigre, un an avant celle du plus célèbre des peintres impressionnistes.
Ce livre nous permet de revisiter les combats que menèrent ces deux géants, l'un contre l'académisme ses coteries et ses oeillères, l'autre contre toutes les incohérences qui traversent depuis longtemps la société française en choisissant l'action, sans jamais renier l'idéal républicain, grâce à une énergie exceptionnelle .
Cette biographie croisée souligne les nombreux points communs aux deux amis: leurs caractères volcaniques, leurs grandes persévérances, leurs anticléricalisme, leurs détestations des honneurs ainsi qu'une certaine droiture d'esprit. Une amitié qui se nourrit aussi d'une admiration réciproque
Derrière l'amitié de Clémenceau pour son ami on perçoit une profonde dimension humaine qui ne va pas parfois sans quelques “engueulades”. On est aussi frappé de découvrir la pertinence de son analyse sur l'oeuvre du peintre. On est enfin touché par les efforts que déploie le père la Victoire, pour faire aboutir la mise en valeur des Nymphéas, un don de Monet à la France dans son écrin de l'Orangerie, et ce, en dépit des découragements du peintre et de nombreuses tracasseries administratives.

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C'est l'histoire d'une rencontre entre le glaive (Clemenceau) et le pinceau (Monet). Une amitié qui naît dans la seconde moitié du XIXe siècle, pour s'achever dans la tragédie et l'apothéose de leur vie finissante : d'un côté la Première Guerre mondiale et de l'autre, contrastant avec le hurlement des canons, le don des Nymphéas à la France, oeuvre ultime du peintre, que n'importe quelle personne bien née se doit d'aller contempler au moins une fois dans sa vie, au musée de l'Orangerie, à Paris ! Oeuvre qui fut bien malmenée avant de retrouver le lustre qu'on lui connaît aujourd'hui.
Quelle histoire entre ces deux titans, l'un côté politique, l'autre côté peinture, mus tous deux par une force de travail et de persévérance dont le résultat fait inévitablement que l'on se souvient d'eux avec admiration et déférence. Clemenceau, ce roc taillé dans l'Histoire, s'inclinant devant l'oeil unique de Monet, qui, comme l'écrit l'auteur, « de l'immensité de l'embouchure de la Seine au Havre à l'intimité du bassin aux nymphéas à Giverny, a su voir et révéler ce que Clemenceau ne distinguait pas avec ses seuls yeux : une nature, une lumière, un monde en soi. »
Clemenceau, en effet, est dans le monde qui bouge, qui tonne – depuis la défaite de 1870 jusqu'à 1914-1918, en passant par l'affaire Dreyfus –, qui si transforme aussi, inexorablement. Et ce monde-là, le Tigre, fort de ses convictions, l'affronte. C'est dans cette force que puisera à la fin Monet, qui s'en ira avant son ami sincère et attentif à son art, plongeant ce dernier dans un profond chagrin.
Nous croisons aussi Bazille, Boudin, Daubigny, Jaurès, Manet, Mirbeau, Morisot, Pissarro, Renoir, Zola, etc., sans oublier le marchand de tableaux Durand-Ruel – souvent malmené par un Monet un tantinet capricieux et exigeant ! –, autant de figures majeures qui ont contribué à faire de la France une terre à part où, me suis-je laissé dire, le monde entier converge pour goûter, le temps d'un voyage, à sa grandeur passée, qu'elle fût politique ou artistique.

Enfin, Duval-Stalla n'en fait pas mystère, il aime la France, ce qui transpire dans cet essai. Et de rappeler à juste titre qu'il y a « une dimension très française dans la peinture de Monet », quelles que furent ses escapades en Italie, en Angleterre ou en Norvège. Un ancrage qui se marie exactement, sous une autre forme, à celui de Clemenceau, lequel, appelé par le président Poincaré et déjà âgé, reprenait les rênes du pays en guerre, en novembre 1917, pour devenir le « Père la Victoire ».
Plus généralement, cette biographie croisée réussit ce tour de force de nous parler peinture et politique sans jamais s'égarer, choisissant les citations appropriées, pour un résultat à la fois romanesque et rigoureux. Une découverte heureuse, comme on les aime.

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L'auteur semble creuser un sillon duel car outre cette biographie croisée du politique et du peintre il a écrit un de Gaulle-Malraux et un Chateaubriand-Bonaparte. Et les deux vieillards de cette photo assez connue, on a beau dire, valent la peine. C'est le moins que l'on puisse dire. On sait la longue amitié et le profond respect mutuels de ces deux hommes d'exception. Comme ils semblent vénérables et couverts d'honneurs sur cette image. Ils l'ont été, mais pas de tout temps. Quasiment du même âge ces deux volcans devenus icôniques ont affronté de tout temps bien des oppositions, souvent féroce, et bien des obscurantismes.

Monet s'est fort peu engagé en politique. Clemenceau davantage dans la défense du génie de son ami. Et vers la fin de leur vie la série Les nymphéas fera l'objet de toute une aventure et il faudra sept ans pour que les deux hommes parviennent à offrir comme un bouquet de fleurs à la France meurtrie de l'après-guerre cet ensemble impressionnant de l'Orangerie. Mais Alexandre Duval-Stalla, s'il commence son récit par cet épisode, presque un épilogue de la vie bien remplie de ces deux géants, revient ensuite sur le médecin Clemenceau et le caricaturiste Monet, leurs débuts d'adultes. Et c'est déjà la guerre, celle de 1870. Puis sur le tribun tombeur de ministères et l"aliéné" honni des salons tellement officiels. Puis sur le dreyfusard et le jardinier de Giverny qui, chacun à leur manière et souvent envers et contre tous, allaient rayonner et irradier le pays.

J'ai beaucoup aimé ce voyage parallèle. Qu'il ne faut pas prendre pour une franchouillarde bénédiction du génie français, mais pour une ode au cran, à la ténacité, au courage. Il se trouve que ces deux là étaient français. J'ai aussi voulu illsutrer par deux portraits des monstres sacrés en jeunes hommes. Oui, Georges Clemenceau et Claude Monet ont été jeunes. Merci à mon ami JP qui m'a fait découvrir ce livre.

"Non, pas de noir pour Monet." Clemenceau arrache le drap noir qui recouvre le cercueil de Caude Monet. Il le remplace par un drap de fleurs qui se trouve à portée de main, "une cretonne ancienne aux couleurs des pervenches, des myosotis et des hortensias."
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Il s'agit d'une double biographie de 2 grands personnages français du 19 ème siècle, deux amis, deux chemins, un est peintre et l'autre homme politique.
On voit Monnet au travail, installé dans la nature avec plusieurs toiles pour saisir tous les mouvements du soleil, et les changements de lumière au cours de la journée. ses découragements, ses difficultés avec son père, ses batailles dans le mouvement des impressionnistes, et son rôle dans l'acquisition d'une toile de Manet par les musées français.
En face on voit Clémenceau et ses luttes pour défendre la république, la séparation de l'église et de l'état, obtenir l'amnistie des Communards, ou son implication dans l'affaire Dreyfus jusqu'à la reconnaissance de la non culpabilité, son rôle dans l'acquisition de peintures de Monnet pour les grands musées français et durant la guerre de 14/ 18 lorsqu'il a été appelé au gouvernement, ses idées contre la peine de mort, contre la colonisation.....
Cette époque était vibrante, bousculée, incertaine, pleine de promesse ....
Le livre est bien documenté, l'écriture est agréable, ces deux personnages donnent du relief à cette fin 19ème siècle jusqu'au début du 20 ème.
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Portraits croisés au long cours de deux monstres de l'histoire artistique et politique de la vie française. A ma droite Claude Monet, un des pères de l'impressionnisme, peintre foisonnant et colérique comme pas deux, à ma gauche, Georges Clémenceau homme politique aux mandats multiples, farouche républicain, le « Tigre » de la vie politique française devenu « Père la victoire » de la guerre 1914-1918.
Une longue et constante amitié relie ces deux êtres qu'apparemment tout oppose mais dont le goût de la création et de la liberté unis plus que les divergences conjoncturelles. Tout au long de ce parcours croisé défile une partie de l'histoire heurtée de la gauche et la recherche finalement solitaire d'un peintre qui malgré un début de cécité persiste à exprimer la vibration de la lumière.
Intéressant par cette synthèse sobrement écrite, ce documentaire nous touche aussi par la tendresse unique qui deux géants de l'histoire.
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Une charmante biographie croisée de deux personnages qui avaient l'amour de la France et le talent. Deux destins qui se sont croisés, et dont l'amitié ne s'est jamais démentie.
Une belle biographie croisée qui permet de revivre une époque charnière de l'art français, comme de l'histoire de France, avec un homme politique et un peintre impressionniste.
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Plus que la biographie croisée de deux grands personnages, c'est aussi une plongée dans la France de la deuxième partie du 19ème siècle et du début du 20ème siècle ; une véritable plongée dans l'Histoire. Moi qui aime les romans historiques je n'ai pas été déçu de ce voyage littéraire et, lisant en parallèle « l'Education Sentimentale » de Flaubert, je fais la jonction avec le début du 19ème siècle.

Sur fond de tempête politique et de guerre entre la France et le royaume de Prusse à la fin du 19ème siècle, on est plongé dans la vie de Monet d'un côté et de Clémenceau de l'autre. On découvre le caractère bien trempé de ces deux personnages hauts en couleurs qui ont imposé leur « style » dans des domaines bien différents. Leur amitié nait assez tardivement mais elle sera très forte et restera franche jusqu'à la fin. Une amitié tintée de respect pour la grandeur de l'autre : l'éloquence et l'engagement de Clémenceau pour la France, le génie dans la sublimation des paysages et la ténacité de Monet.

Qu'on aime ou pas ces 2 personnages, Alexandre Duval-Stalla met bien en lumière dans ce livre ce qu'il ont apportés à la France, et ça, personne ne peut le leur enlever.
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Un voyage dans le début du 20 eme à travers la relation amicale, intense et sulfureuse de deux personnages au parcours exceptionnel.
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