L'on connaît, bien évidemment, la relation tumultueuse, tant amoureusement que littérairement, qu'ont entretenu
Arthur Rimbaud et
Paul Verlaine. L'on sait un peu moins que Germain Nouveau, autre poète de l'époque, a eu une certaine influence sur la rédaction des Illuminations, après la brouille des deux premiers suite à l'incident du pistolet et l'emprisonnement de
Verlaine à Bruxelles.
Laurent-Frédéric Bollée et
Jean Dytar, dans cette bande-dessinée virtuose aux graphismes de ce dernier parfaitement en adéquation avec le sujet - entre réalisme et onirisme -, comble les blancs, avec vraisemblance, de la succession de rencontres, de séparations, de retrouvailles, qui ont oeuvré à la publication d'abord partiellement, en 1886, puis posthume, du recueil testament de celui qui avait décidé de choisir le silence et le départ, justement, après cette rédaction, du recueil testament qui a révolutionné la poésie après coup.
Au fil des planches, dans laquelle chacune laisse la place à nos trois poètes, sous forme de deux ou trois bandes aux tons différents, plus ou moins froids ou chauds selon les moments évoqués, selon que chacun oeuvre de manière solitaire, ou en duo avec l'un des deux autres - Rimbaud et
Verlaine d'abord, Rimbaud et Nouveau ensuite, Nouveau et
Verlaine enfin -, l'histoire des Illuminations se tisse, se déploie, s'éclaire, même si par l'intermédiaire de la fiction, et nous offre un instant de lecture passionnant, tant remarquable pour sa narration que pour son style graphique.
Je remercie les éditions Delcourt et NetGalley de m'en avoir permis la découverte.