Un très beau catalogue rendant hommage aux Biennales textiles organisées à Lausanne entre 1962 et 1195. de la tapisserie des peintres-cartonniers, basse et haute lisse fleuron de l'artisanat français, au fiber art caractéristique d'une pratique américaine, au renouveau des pratiques polonaises au sortir de la guerre, en passant par les sculptures textiles poétiques japonaises inspirés par le filage de la soie et le kimono.... quel beau panorama de la création.
Les textes critiques sont particulièrement éclairants et documentés. Ils reprennent toutes les tensions et les complexités d'un art au croisement de l'art contemporain et de l'artisanat allant de la sculpture molle (soft sculpture disait Claes Oldenburg) à la décoration d'intérieur. L'évolution des matériaux, la mondialisation de l'art et les guerres intestines finiront d'achever cette manifestation grandiose.
Les reproductions sont très qualitatives et un bel hommage est rendu aux différents acteurs de cet évènement qui a couvert 30 ans, 600 créateurs et plus de 40 pays.
Un régal!
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Les tapisseries polonaises, généralement réalisées sans le guide d’un carton, révèlent des artistes maîtres de leur technique et particulièrement inventifs, qui considèrent que l’âme et le corps de la tapisserie – le créateur du dessin et l’exécutant lissier – ne peuvent être dissociés. […] Ces créateurs venus de Pologne s’intéressent aux valeurs intrinsèques des matières et aux effets de relief possiblement rendus par le tissage, à l’instar des peintres modernes qui ont expérimenté dans le passé les techniques de collage et l’emploi de matériaux étrangers.
La tapisserie ancienne, au-delà de sa beauté et de sa perfection technique, témoigne par sa facture de l’aisance de son propriétaire, par son sujet des vertus qu’il souhaite se voir attribuer. Elle est signe extérieur de richesse et témoin de moralité. La tapisserie moderne, si elle répond aux mêmes critères lorsqu’elle reproduit les œuvres de peintres célèbres, témoigne en sus de l’ouverture artistique de celui qui l’admire ou l’acquiert. Elle fait appel aux autres sens, dont le toucher et l’odorat.
Les peintres cartonniers sont capables de s’exprimer naturellement par la laine, mais d’autres créateurs doivent adapter leur projet aux contraintes d’une réalisation tissée et de ses propriétés spécifiques. […] Dans tous les cas, une complicité dit exister entre le lissier professionnel et l’artiste pour que la tapisserie ne soit pas uniquement une reproduction fidèle en laine d’une œuvre peinte ou gravée.