— Vous voyez, Yudel. À Maseru, j'ai été sauvée par un homme bon qui défendait une mauvaise cause, et le lendemain, j'ai été délivrée par un homme mauvais qui se battait pour une bonne cause.
— Rien n'est jamais simple dans la vie.
[...] Après un silence, il ouvrit à nouveau la bouche pour parler, sans succès. Enfin, il réussit à demander : “Vous vous rappelez le raid de Maseru ?”
[…] “Écrivez : 21 octobre 1985. C’est noté ?” Johanna hocha la tête, mais Abigail répéta malgré tout. “Cette nuit-là, une unité des Forces armées sud-africaines est entrée au Lesotho et a effectué un raid dans une maison de l’ANC près de Maseru. Les soldats ont tué douze personnes et ramené les prisonniers - au nombre de six, je crois - en Afrique du Sud. La nuit suivante, le 22 octobre, nous nous sommes échappés des cellules de la police à Ficksburg.”
[…] Que s’est-il passé à Ficksburg que l’on ne peut toujours pas évoquer après toutes ces années ? Car vous êtes encore en train de le fuir. Combien de fois par le passé avez-vous refusé de le voir ?
— Ah oui, encore une chose… Vous n’avez pas encore d’associé noir ?
— Non, répondit Yudel. Je n’ai pas d’associé du tout.
Le directeur parut réfléchir. « Je sais que vous n’en avez pas besoin mais ce sera peut-être préférable, pour négocier certains contrats. Je vais annoncer que vous êtes en négociation avec plusieurs psychologues noirs. »
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Simon Mkhari, par exemple, avait brûlé vive une femme de soixante ans, coupable d'avoir acheté de quoi manger dans une épicerie tenue par un Blanc, contrevenant ainsi aux ordres de boycott.
De l'avis de Yudel, ce n'était qu'un opportuniste à qui la situation politique du pays fournissait une raison moralement acceptable de tuer.