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Critique de polacrit


L'intrigue de Un cri si lointain est complexe, mêlant plusieurs histoires qui ne semblent posséder aucun lien entre elles. Fin de l'été. La canicule s'est abattue sur Goteborg,produisant des effets pervers sur la population: tensions, affrontements , violences sont devenues le lot quotidien d'une ville en ébullition. L'inspectrice Aneta Djanali se fait agresser, apparemment en raison de la couleur de sa peau. On comprend qu'il est sans doute arrivé quelque chose à une jeune mère et à sa fille.
Aussi, quand  le corps d'une femme inconnue est découvert sur les bords d'un lac des environs, avec pour seul indice qu'elle a un jour donné la vie, on ne peut s'empêcher d'établir un lien entre les deux affaires, bien qu'aucun indice ne vienne étayer cette hypothèse. de fait, le commissaire et son équipe pataugent littéralement dans la choucroute: aucune piste, aucun témoignage.
Mais un jour, une voisine de la jeune femme disparue, une dame âgée toute timide et d'apparence insignifiante, n'ayant pas aperçu sa jeune voisine depuis quelques temps, se décide à écrire à la police. Un nom, une adresse, et l'enquête est relancée. Petit à petit, les indices font surface redonnant courage à l 'équipe d'enquêteurs qui parvient à établir des connexions avec une affaire vieille de 25 années et avec le Danemark. Malgré tout, l'enquête sera longue et éprouvante, surtout dans l'ambiance survoltée qui continue de transformer la ville en un immense champ de bataille: détournement de bus, fusillade, bagarres...On n'a jamais vu ça !!
L'enquête: comme dans de nombreux polars, surtout scandinaves, l'histoire est racontée du point de vue de l'enquêteur, ce qui permet au lecteur d'assister à toutes les étapes de l'enquête, les investigations, les recherches d'indices, les perquisitions, les interrogatoires, mais aussi ce que je considère comme la partie la plus passionnante: les séances de briefing, lorsque toute l'équipe, ou en tout cas certains membres, se réunit pour analyser les indices et explorer les différentes pistes; comme dans cet extrait où Winter discute avec son supérieur: "Un lieu est rarement choisi au hasard. On l'a souvent constaté. le meurtrier le choisit. Surtout dans un cas comme...celui-ci. -Je suis d'accord. Je crois. -Nous devons nous demander pourquoi elle a été retrouvée à cet endroit précis. Au bord du lac. A cette extrémité du lac." (Page 120)...
Le commissaire Winter essaie de comprendre ce qui s'est passé en reconstituant les faits, partageant ses interrogations avec son fidèle ami, j'ai nommé le lecteur : "Aurais-tu fait ça si tu avais tué quelqu'un, Winter? Aurais-tu pris la direction du lac? Pourquoi avait-on laissé le corps à cet endroit? Combien de nos criminels connus aiment à étrangler leurs victimes? Ont-ils des lieux favoris? Que savons-nous de cet endroit?" (Page 68).

Un cri si lointain est un polar solide, lourd, sombre...comme le cri du mal qui sourd des profondeurs de la terre, qui remontent des abysses de l'océan, qui descend des abîmes insondables des cieux qui nous entourent...comme une bête tapie dans l'ombre guettant sa proie inlassablement. L'intrigue, malgré la complexité de ses ramifications, est bien ficelée.
Les personnages ne sont pas du tout superficiels; d'ailleurs rien chez Ake Edwardson n'est superficiel. Certes, ils ont leur rôle à jouer dans l'histoire (après tout, ils ne sont que des personnages de fiction), mais ils ont leur propre vie professionnelle et personnelle, cette vie qui leur donne de l'épaisseur, de la profondeur.
Quant à l'ambiance, l'impression de lourdeur due à la canicule qui ne semble pas naturelle, jumelée à l'enquête qui s'enlise, est relayée par la sensation que quelque chose de mauvais agit à l'insu de tous; qu'il y a des remous en souterrain, des remous qui émergeront un jour et qu'il faudra alors affronter. Car la fuite ne sera pas de mise. La fuite n'apparaît jamais comme une solution viable dans les romans d'Edwardson. Bien au contraire !!
Lien : https://legereimaginarepereg..
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