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Critique de gruz


La publication en France d'un nouveau roman de R.J. Ellory est toujours un événement. Une fois de plus, celui-ci est à la croisée des genres, entre roman noir et thriller, pour un résultat qui ne ressemble pas à ses précédents romans et qui est pourtant du Ellory pur jus.

L'auteur n'a pas son pareil pour nous plonger dans une part de l'Amérique et fouiller à ce point la psychologie humaine. A ce stade, c'en devient un art !

1974, sud des États-Unis. Un pays qui peine à se remettre de la guerre au Vietnam et une région où tensions raciales et ségrégation sont encore totalement ancrées dans les moeurs.

John Gaines, shérif de son état, est surtout un jeune vétéran de cette guerre lointaine qui a renvoyé des hommes détruits à la maison.

Dans l'interview qu'il a accordé sur mon blog, Ellory explique avoir présenté son projet de roman à son éditeur comme un mélange des films Angel heart et Apocalypse Now. Je dois dire que c'est plutôt bien vu.

Avec ces personnages qui souffrent de stress post-traumatique (même si le terme n'était pas encore usité à l'époque), et ce récit sur la difficulté de survivre (à la perte de l'être cher ou bien à la violence du monde), Ellory construit pas à pas une intrigue forte, une vraie enquête policière avec de puissantes thématiques (sur la culpabilité du survivant ou encore la persévérance…).

Autant son précédent et magnifique roman (Mauvaise étoile) faisait briller quelques lueurs dans l'obscurité, autant Les neuf cercles (The devil and the river en VO, j'aime beaucoup le titre original) est un récit profondément ténébreux.

La mort y rode à chaque page, pas un chapitre sans que la Fossoyeuse n'y fasse planer son ombre.

Cette ambiance pesante en devient quasi-hypnotique, tant l'auteur prend le temps de sonder l'âme humaine à travers ces 575 pages. Très vite, nous ne sommes plus simplement là à suivre le personnage de Gaines, nous devenons Gaines ! Nous plonger avec un tel réalisme au plus profond de ses pensées, de ses meurtrissures psychologiques, est l'une des grandes réussites de ce roman. Un tel degré de rapprochement, alors que le récit est écrit à la troisième personne, démontre une fois de plus que l'auteur fait preuve d'un talent hors normes.

Par sa sublime plume, Ellory invoque les esprits (le terme n'a jamais été aussi bien choisi, vous le verrez), ils prennent vie devant nos yeux, pénètrent notre âme. le rythme est lent, ce qui permet de s'imprégner de l'atmosphère de cette période. Et pourtant il sait donner des coups d'accélérateurs et nous asséner des coups de bambous avec des scènes assez violentes (mais jamais gratuites).

J'ai pu trouver quelques rares longueurs et répétitions en cours de ma lecture. Avec le recul pourtant, c'est aussi ce qui rend ce récit si immersif et donne d'autant plus de force au magnifique et inattendu final. Impression fugace totalement balayée une fois la dernière page tournée, donc.

Qui d'autre qu'Ellory possède un telle talent incantatoire et une telle puissance pour décrire la psyché humaine ? A chaque roman, il s'impose davantage encore comme un auteur incontournable. Avec ce récit sur la mort, la perte, la culpabilité et la damnation, Les neuf cercles en sont une nouvelle preuve éclatante.

R.J. Ellory is the king of Roman Noir !
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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