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Critique de licorne85


Voilà quelques jours que j'ai fini ce copieux roman, et j'avais besoin de temps pour assimiler et prendre du recul par rapport à cette histoire dense et qui marque d'une manière ou d'une autre, les esprits. R.J. Ellory surprend le lecteur avec ce roman car on oscille entre faits divers réels, documentaires et histoires fictives…

Le point de départ nous projette tout de suite dans la brutalité du sujet : un meurtrier sème la terreur à New York, des crimes s'enchainent selon un rituel particulier … et bientôt ces crimes rappellent d'autres affaires plus anciennes, certaines résolues, d'autres non...comme si le passé se jouait de notre inspecteur Ray Irving qui doit mener l'enquête et qui ne sait pas très bien par où commencer… et on le comprend … un peu sonné, par ce qui arrive, il a toujours un temps de retard et n'arrive que pour constater les crimes, mené par le bout du nez jusqu'à la fin, hanté par ses propres fantômes dont celui de sa compagne, l'inspecteur a du mal à rentrer dans l'affaire. Puis survient John Costello, sa bonne étoile, ancienne victime du tueur en série appelé "le Marteau de Dieu", John ne s'est jamais vraiment remis de la violence qu'il a connu, essayant de reprendre une vie tranquille de documentaliste dans un grand journal, il n'oublie rien, et comme un collectionneur il engrange toutes les informations qui pourraient le conduire sur la piste de "Serials killers"… Il fait très vite le rapprochement avec d'anciens meurtres, et voyant la police s'engluer, il semble que leur collaboration va s'imposer… Mais Costello reste introverti et assez secret sur sa vie, protégé par une supérieure administrative attentive et éclairée, il va rester sur la défensive, donnant et reprenant sans arrêt.

Costello, est le pilier de cette histoire, l'inspecteur Irving manque un peu de consistance face à cet être bouleversé dès son plus jeune âge. On est à la fois intimidé par le personnage et on éprouve de la pitié pour cet homme à jamais meurtri. il demeure évasif et soulève de nombreuses questions car il est lui-même à la fois fasciné par l'étude qu'il mène sur les serials killers, et à la fois perdu devant tant de haine, et d'animalité. Cette ambiguité le rend intriguant, presque attachant. Les deux hommes vont avoir du mal a échanger. Partis sur la piste du "commémorateur", on sent vite la détermination de Costello et d'Irving. Les deux hommes se soutiennent et s'affrontent dans un véritable face à face … le jeu du chat et de la souris auquel ils s'adonnent nous écarte parfois de la recherche du vrai meurtrier. Puis le doute plane bientôt, Costello sait trop de choses, ses prévisions se révèlent bonnes à chaque nouveau meurtre. N' a-t-il vraiment rien à voir avec ses crimes ?

Il faudra lire ce roman noir pour découvrir les finesses de l'analyse de l'auteur, il maintient un suspens dense, sur toute la longueur du roman, ce qui fait qu'on ne s'ennuie jamais à la lecture. le petit bémol serait pour moi les répétitions de scènes de crimes et j'avoue que parfois, on est un peu perdu dans les différentes affaires dont il est question et qui sont évoquées régulièrement, cela ne gêne pas, mais il en découlera quand même une certaine lenteur dans le déroulement de l'histoire qui peut finir par rendre impatient.

Un style sobre sans fioriture, l'auteur cherche à nous dévoiler les travers de ces psychopathes, sans donner une explication rationnelle et définitive de leurs comportements, on sent qu'il a besoin de comprendre ce qui peut bien les motiver et les pousser. C'est glauque et noir à souhait ! La société en prend aussi pour son grade car la justice ne poursuit pas toujours les bourreaux, et on apprend que les victimes bafouées apprennent à gérer leur souffrance en se regroupant dans des associations de discussions et de défense de l'individu. La politique et les multi-médias ont leur part de ténèbre aussi dans ces affaires, elle peuvent faire parler les événements comme elles le souhaitent, parfois pour, parfois contre... Rien n'est jamais ni blanc, ni noir !

A côté de cela, nous prenons aussi conscience qu'il faut parfois peu de choses pour perdre la raison… Ce livre laisse un goût amer avec une pointe de terreur sur la condition humaine et son avenir, car un jour où l'autre, on peut devenir sans le savoir, la proie d'un animal ...
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