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Critique de Amnezik666


Si le tableau est mondialement connu, l'Histoire de la Méduse l'est moins… et quand on voit le nombre de cafouillages, lâchetés et autres ratés on peut comprendre que les manuels d'Histoire ne se vantent pas de cet épisode qui a de quoi faire honte à l'histoire navale française. Pour nous faire vivre le naufrage et la survie à bord du radeau l'auteur nous place dans la peau de Jean Baptiste Savigny, assistant chirurgien à bord de la Méduse et surtout rescapé du radeau, qui co-signera un livre témoignage accablant.

Je suppose que, pour les besoins de son roman, Erik Emptaz fait cohabiter les faits historiques avérés avec quelques improvisations qui donnent plus de poids et plus de vie au récit. Je ne suis en général pas fan des romans historiques mais force est de constater que j'ai pris beaucoup de plaisir à parcourir ces quelques pages.

Le moins que l'on puisse dire c'est que d'entrée de jeu Savigny ne sent pas ce voyage pour lequel il a signé par dépit amoureux et quelque peu imbibé : « Funeste idée que celle d'affubler une frégate d'un symbole si peu aimable ! L'évocation de ce monstre mythologique à la chevelure infestée de serpents ne me plaît guère. Et il ne me paraît pas du meilleur augure : on dit que cette créature transformait quiconque la regardait en pierre ! Quant à la version gélatineuse et urticante de l'animal qui s'échoue mollement sur les rivages, sacré modèle pour un bateau ! J'espère qu'il est solide, au moins !« .

De ce drame je retiendrai surtout que les pertes humaines et matérielles sont avant tout le fait de l'incompétence chronique du commandant de bord, Hughes de Chaumareys, un parvenu doublé d'un alcoolique chronique. Après le naufrage, l'auteur prêtera ces mots sans appel à un des marins : « La Méduse s'est échouée sur un haut-fond, le banc d'Arguin qui est indiqué sur toutes les cartes marines comme une zone à éviter. Et que pour planter un bateau ainsi : « Faut vraiment être une bourrique qu'a la cataracte ou un borgne des deux yeux ! »« .

Plus que les conditions de survie rudimentaires (genre Koh Lanta à la puissance 1000) c'est la connerie humaine qui aura fait le plus de victimes sur le radeau. Entre la vinasse qui coule à flot, les bastonnades en tout genre et le désespoir les occasions de tirer sa révérence avant l'heure ne manquaient pas. le périple des rescapés aura duré deux semaines, un délai de privation qui ne justifie en rien que seuls un dixième d'entre eux aient été encore en vie au moment où ils ont été sauvés (sur les 15 survivants, 5 mourront avant d'atteindre les côtes). A croire que le genre humain trouve plus de réconfort à s'entre-tuer plutôt qu'à s'entraider…

Un roman relativement court (moins de 300 pages) qui se lit comme un récit d'aventures, on en viendrait presque à oublier que les horreurs décrites ont été bien réelles. Après cette lecture il est clair que je ne regarderai plus le tableau de Géricault du même oeil ; de fait quand on peut mettre un nom sur les personnages représentés et que l'on sait ce qu'ils ont vécu l'oeuvre prend une toute autre dimension.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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