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Critique de chichi_zibest


Le parcours de Marc Edenweld est atypique : après des études en sciences politiques et économie, il collabore avec le magazine « Têtu », puis « Témoignage Chrétien » et enfin « Marianne », ses sujets de prédilection étant la politique, les médias, l'urbanisme, le social, l'écologie, les minorités.
Ce qui ressort de ce livre, c'est la densité des informations fournies, avec force détails et évènements, et non pas des opinions ou supputations découlant d'un parti-pris ou d'un dogmatisme de l'auteur. J'ai rarement lu un livre couvrant un domaine aussi vaste : L'emprise des réseaux de pouvoir en France sur sa destinée et celle des Français, avec autant de révélations. J'apprécie la qualité des enquêtes réalisées qui permettent de brosser un portrait révélateur de la situation de la France, et de son avenir, en dix-huit chapitres…
Marc Edeweld ne verse pas dans l'outrance, ou dans le dénigrement d'Emmanuel Macron, dont il suivi la campagne de 2017. Il rappelle que sa campagne a été financée à 63% par des emprunts bancaires et 16% seulement par des adhérents et personnes physiques. On comprend mieux la suite ….
A travers un style simple, et une structure claire de ses chapitres, il nous dévoile les arcanes du pouvoir, qui se fiche bien de l'héritage Gaullien : « Je me suis fait une certaine idée de la France, écrivait le général De Gaulle dans ses mémoires de guerre. Ses successeurs du 21e siècle ne paraissent avoir aucune idée, et Emmanuel Macron remplit ce vide, avec des discours parfois contradictoires », « Depuis 30 ans. Sans qu'on y prenne garde, la France a abandonné la maîtrise de son destin. » Son destin n'est plus confié au peuple, mais entre les mains d'élites qui n'ont pour volonté qu'accroître leur pouvoir dans un entre-soi où se mêle rivalités et complicité, bien loin des soucis des français qu'on nourrit de communication, de discours vides et contradictoires. La vision à long terme, la stratégie de souveraineté qui faisaient l'apanage de la France et lui permettaient de siéger parmi les grandes nations, se sont peu à peu étiolées. Elles furent remplacées par la financiarisation de l'économie, la vision qui se borne à l'échéance du prochain mandat électoral, et une perte de souveraineté tant de la part du peuple pour la gestion de son futur que celui de la France pour le sien. La France et plus largement l'Europe sont au coeur d'une guerre économique entre la Chine et les Etats-Unis, qui n'est plus larvée mais s'étale au grand jour. Et au sein de l'Europe, la France rechigne à défendre ses intérêts notamment face à l'Allemagne, l'Espagne ou les anciens pays du bloc soviétique.
Citons un autre exemple édifiant de cette situation que chacun connaît, mais sous-estime : Chapitre 11 – La Faute Alstom, où comment les Américains ont réussi à déstabiliser puis démanteler une entreprise stratégique. Cela, grâce à leur ‘Department of Justice', qui étend sa juridiction à toute entreprise ayant payé en dollar, utilisé des moyens américains (Windows, cloud computing américain comme AWS,..). « depuis 2006. L'État américain a engrangé plus de 6 393 milliards de dollars via les condamnations de 95 sociétés. »…Ce qui représente plus de deux fois le PIB e la France !!
Houellebecq a-t-il raison : La France deviendra un musée à ciel ouvert, son économie étant tournée vers le tourisme, et le luxe symbole d'un art de vivre qui se conjugue au passé ?
En tant que parent, Français, et tout simplement humain doué de sentiment, je ne peux que déplorer la conclusion logique de ce livre, qui à la décence de n'oser en proposer aucune dans ses pages. L'emprise est si forte que face aux enjeux actuels (réchauffement climatique, migrations, montée des inégalités, réarmement des puissances et glissement des démocraties vers des régimes oligarchiques, la seule option réaliste est un renversement de table selon Marc Edenweld.
Je suis bien d'accord, mais qui acceptera d'en payer le prix ?
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