On est tous tarés[...], d'une manière ou d'une autre. C'est juste une question de degré.
[...]Mesdames et messieurs, the Roanoke girls, les filles Roanoke!
[...]
— Que sont-elles devenues?
[...]
— Jane est partie. Sophia et Penelope sont mortes. Ma mère est partie.[...] Ta mère est morte, bien sûr. Emmeline est décédée quand elle était bébé. Et moi je suis ici.
— Qu'est-ce que tu veux dire, "partie" ?
— Jane a disparu juste après la naissance de Penelope, elle a sans doute déguerpi, comme ma mère. J'avais seulement deux semaines quand elle s'est tirée.
[...]
— Et toutes les mortes ?
[...]
— Sophia s'est noyée dans une crue de printemps de la North Fork. [...] Penelope est tombée dans le grand escalier et s'est cassé le cou. [...] Pour Emmeline, c'était la mort subite du nourrisson.
[...]
— [...] Ça fait beaucoup de filles mortes.
[...]
— Les filles Roanoake ne font jamais long feu ici. [...] En fin de compte, soit nous fuyons, soit nous mourons.
"Rentrée à Roanoke , je sombre dans le sommeil, mes pensées noires et embrouillées.
Je rêve des filles de Roanoke, perdues ou brisées.Regards fixes et corps fracassés.Sophia.Penelope.Eleanor.Camilla.Emmeline.Allegra.
Elles m'appellent, me supplient de les aider.
Je les cherche tant et plus, sans jamais en trouver une........"..
On ne peut pas dépasser ce qui est en nous. On peut seulement l'identifier, le contourner, essayer de l'améliorer.
Personne n'avait besoin de m'expliquer l'emprise que nos enfances exercent sur nous, même quand nous la combattons corps et âme.
Elle adorait ce genre d'attention, la satisfaction enivrante d'être le plus gros poisson dans une toute petite mare.
- Nous sommes des filles de Roanoke, Lane, me surprit-elle en répondant doucement. Les blessures font partie du lot.
- Pourquoi tu graves tout le temps des trucs ? lui demandai-je en regardant le canif.
Sa main se referma sur le couteau en un geste protecteur.
- Je ne sais pas. J’aime bien. Y’a parfois des mots ou des sentiments si forts que j’ai besoin de les faire sortir. Ça m’aide.
Les filles de Roanoke explorent avec brio les difficultés à briser les tabous et à se reconstruire.
La culpabilité, je le découvre, est une émotion quasi impossible à éliminer. C'est une plante empoisonnée qui continue à pousser en se nichant dans tous vos recoins vulnérables. Qui s'entête à vous rappeler tous vos échecs.