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Critique de Arimbo


Ce livre court, mais passionnant fait partie de la collection Raconter la vie dirigée par Pierre Rosanvallon et Pauline Peretz.

Sous ce titre ironique qui pourrait faire penser à un roman, Annie Ernaux nous raconte la vie sous les lumières de l'hypermarché Auchan de Cergy.
Le récit, qui a la forme d'un journal, correspond à des observations qui datent de 10 ans, faites entre novembre 2012 et octobre 2013, donc avant la crise du Covid, des changements sensibles et angoissants que nous amène le dérèglement climatique, et de la crise de l'énergie et l'inflation qui l'accompagne.

Mais même si ces évènements ont renforcé le rôle d'internet, la volonté plus grande de consommer « local », et si le gigantisme des hypermarchés a conduit à une certaine désaffection, ce que décrit Annie Ernaux de la vie dans ces lieux n'a pas changé, qu'il s'agisse de l'attitude de la grande distribution à l'égard de ses clients, du comportement des consommateurs, et de la vie de celles et ceux qui y travaillent.

Avec son style volontairement sobre et si caractéristique, l'auteure se révèle d'une grande finesse d'observation, non dénuée d'humour, et d'une grande empathie pour les gens.

Chemin faisant, ce qu'elle décrit, c'est tout d'abord la force de contrôle exercée par la grande distribution sur ses client.e.s, souvent cachée sous un affichage de bienfaisance, la recherche de rentabilité se manifestant par le développement des caisses automatiques, du scannage de ses propres articles par la cliente ou le client, par la disparition des cabines d'essayage gérées par une vendeuse, etc..
Mais aussi bien d'autres choses, comme le fait que cette structure est un extraordinaire lieu de diversité et de mixité sociale, diversité d'ailleurs exploitée par l'hypermarché (sollicitations pour le nouvel an chinois, le ramadan, etc…), que les produits achetés disent beaucoup de la structure familiale, de la pauvreté aussi, sur le maintien de stéréotypes de sexe dans l'offre de jouets, que les conditions de travail sont dures pour les caissières, plus valorisantes pour les chefs de rayon de l'alimentation, dont le savoir-faire peut s'exercer, etc…

Et puis, ce court récit est plein d'anecdotes de la vie quotidienne, selon les époques de l'année, les heures de la journée, les âges des gens.
C'est vivant, juste, bienveillant, mais aussi profond dans ce que l'hypermarché dit de notre société capitaliste et de ses travers.

Ce livre est tout à fait en accord avec l'ambition de l'auteure de donner à son oeuvre une dimension sociologique, donc une façon différente de faire de la littérature, loin de la veine romanesque, c'est sûr, mais à mon modeste avis, tout autant pleine d'intérêt
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