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Critique de Renod


«J'écris sur ma mère pour, à mon tour, la mettre au monde.» Annie Ernaux trouve la force d'écrire sur sa mère trois semaines après son enterrement. Le projet de l'auteure est dans le titre : ‘'une femme''. Elle souhaite retracer l'existence et décrire la condition sociale d'une femme avec objectivité. Il ne s'agit ni d'un roman, ni d'une biographie mais de «quelque chose entre la littérature, la sociologie et l'histoire.» Le texte éclaire celui consacré à son père circonscrit sèchement à son niveau social : « la place ». L'auteure semble éprouver un amour exclusif pour sa mère. Papa lit le quotidien local, aime les fêtes foraines et les films de Fernandel. Au contraire, Maman est plus ouverte à la culture et tient l'école en estime. Dans le couple, elle est la figure dominante, au caractère affirmé, celle qui souhaite s'élever, «elle était la volonté sociale du couple». Tout se compliquera à l'adolescence quand la fille deviendra femme (nous sommes à la fin des années cinquante) et parviendra par sa réussite scolaire à accéder à la bourgeoisie. L'émancipation sexuelle et sociale sectionne définitivement le cordon. La transfuge de classe est honteuse de ses origines populaires ; la mère se sent méprisée dans le nouveau milieu de sa fille. Chez Ernaux, dominants et dominés semblent inconciliables. Le texte se termine sur un récit qui échappe au canevas initial : l'auteure décrit les dernières années de vie de sa mère, des premières pertes de mémoire à l'enlisement dans une démence sénile irréversible. Un témoignage poignant qui touche le lecteur par son universalité.
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