AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SerialLecteurNyctalope


Hahahahahahahahahahahahaahah

Voilà comment j'ai terminé ce roman. Alors il va falloir maintenant vous expliquer pourquoi et voir déferler les « oh je le mets dans ma wishlist », « ca m'intrigue », « il est dans ma pal », « ta chronique est géniale » (Je sais).
Voilà que je me prends pour J.M Erre. Cessons cela de suite je n'ai pas son talent. La larme à l'oeil tout en riant et recrachant mon thé matcha comme tout blogueur qui se respecte (je déteste ça et je n'ai pas de chat non plus), j'arpentais les chapitres en m'émerveillant du plaisir jouissif (on se calme) de lire un tel livre. Bon il va falloir que je reste un peu sérieux si je veux que Buchet Chastel repartage ma chronique (oui certains ne se relèvent jamais d'une absence de repartage d'une maison d'édition, cela peut équivaloir à une injection de choléra (C'est scientifiquement possible ça d'ailleurs ? S'il y a un médecin dans la salle…)).

Les autres. Toujours les autres. Et si on regardait son nombril sauf pour en faire un selfie et ressortir le ver ingurgité après avoir mangé chez O'mai rue Blacas à Nice (je dénonce, ce restaurant doit fermer) ? À une époque où tout est scruté, corrigé, révisé, censuré, observé, J.M Erre dépeint la société actuelle avec délice. Ce roman offre une jubilation peu commune par son évidence et sa lucidité. En prenant comme figure de proue Julie - 25 ans, tétraplégique, « u corps à euphémismes et un cerveau à périphrases », habitant la Lozère (dur), féministe, écolo, libre et révoltée, accro aux réseaux sociaux, normale en somme- l'auteur utilisé l'avatar pour dépeindre des personnages du quotidien que nous avons déjà tous croisés. Elle ira même jusqu'à se mettre en scène au beau milieu d'une exposition d'art contemporain pour que les visiteurs tournent autour d'elle et entendent ce qu'ils disent de son handicap. Scène terrible à multiples degrés de lecture qui en révèle toute la cruauté des Hommes.

Beaucoup de personnages des précédents romans de l'auteur viennent se mélanger tour à tous faisant le contrepoint à cette femme au regard acide mais non moins réaliste, qui vient décliner chaque punchline avec élégance. Chaque chapitre accompagné de sa chute bien sentie est une prouesse à travers laquelle l'auteur joue avec son lecteur. Il le secoue, rit avec et de lui, l'encourage, le surprend et le bouscule. On peut sans ambage affirmer qu'une réelle connexion se fait entre le lecteur et lui. Entre roman et recueil de nouvelles, on croisera tout à tous Ousmane qui revisite notre passé pour s'interroger si « c'était mieux avant », Jean-Marie cet homme normal qui fait absolument tout dans la moyenne, et en devient inquiétant. Mais vous lirez aussi avec curiosité le parcours d'Anissa, cette femme invisible des autres à laquelle on n'accorde que peu d'importance ou Felix qui rêve de devenir humoriste en essayant de se convaincre que tous les bons comiques sont dépressifs et ont été ignorés pendant longtemps. Mention spéciale à Mado sudiste qu'on connaît bien par ici, prête à rire du malheur d'autrui et enfoncer le clou. Ce roman n'est pas seulement drôle, il est aussi lumineux sur certains sujets tels que le plagiat, les sensitive readers, l'appropriation culturelle ou encore la monstruosité.

Vous y verrez souvent des références philosophiques telles que Bergson qui évoque « le rire comme mécanisme plaqué sur du vivant » mais aussi Edouard Balladur (rien que de l'écrire, je ris).
Chère Julie tu vas me manquer. Tubes l'une des seules qui ose dire ce qu'elle pense avec panache. Tu ne peux bouger qu'un doigt et pas des moindres (le majeur pointé vers le ciel), tu es assise et tu vois le monde de manière bien plus juste qu'un homme debout. La bise à Bernard Patafiole qui restera dans l'histoire de la littérature l'allégorie du néant. Je t'aime frère.
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}