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EAN : 9782283036532
Buchet-Chastel (02/03/2023)
3.63/5   83 notes
Résumé :
Julie, jeune femme tétraplégique, n'est pas vraiment comme les autres. Installée dans son fauteuil, elle observe le monde qui bouge autour d'elle et commente notre époque avec un humour acide. Adepte de la plume, elle brosse des caractères et des histoires.

Anissa, Félix, Pétronille, Barnabé et tous les autres, purs produits de son imagination, sont drôles, surprenants, méchants ou attachants,sensibles ou inquiétants, donc pleins d'humanité.
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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A faire tilter des « sensitivity readers » !
En français, au choix, les éditeurs les surnomment des préventeurs d'emmerdes ou des renifleurs à scandales, les écrivains les voient davantage comme des parapluies ouverts en plein soleil ou des démineurs de sève et les mauvais esprits comme moi auraient plutôt tendance à les classer dans la catégorie des édulcorants de la cédille ou des nouveaux « Père la vertu » (ou mère ou tout autre genre, animal ou végétal) immatures.
Dans tous les cas, ces affreux relecteurs zélés chargés de « guimauver » les romans pour les rendre solubles aux offensés du premier degré devaient être partis en séminaire « feel-good, barbecue et autodafé » au Canada (dry), déboulonner quelques statues ou phosphorer sur le sexe des anges opprimés quand le manuscrit de J.M Erre a circulé. Avec ces yeux fades, le roman aurait surement ressemblé à une carte postale biffée par la Stasi avant de se faire le mur.
L'auteur rappelle au secours Julie, son héroïne insolente et tétraplégique du savoureux « Qui a tué l'homme-léopard ? », qui écrit des histoires pour semer son handicap et se moquer d'une humanité d'apparence valide.
Entre chaque réflexion à la sulfateuse de la dérision sur sa condition, Julie nous raconte une petite fable de sa composition. Un curé de campagne qui entend la voix d'un Dieu taquin qui incarne chaque jour une religion différente, un jeune homme lassé des conversations de réveillons qui veut vérifier scientifiquement l'adage « c'était mieux avant… », la résurrection d'un dépressif contagieux, un certain Michel H, ou encore un humoriste qui ne fait rire que de lui. Tout y passe. Certains y trépassent.
Les nombreuses références aux personnages de tous les autres romans de J.M Erre raviront les fidèles sans perdre les bizuths qui vont découvrir l'écrivain que je trouve le plus drôle actuellement (chaque phrase est une citation, un joli sourire par page minimum garanti et je ne travaille pas chez Darty !) et il nous offre ici un pot-pourri de ses textes parus dans Fluide Glacial mais que je découvre ici si habilement reliés dans une seule histoire.
Derrière son humour et ce titre délicieux, le sujet du livre, c'est justement de se moquer d'un ton léger de cette évolution qui proscrit toute « appropriation culturelle » comme disent les éveillés qui doivent manquer un peu de sommeil, qui promeut la réécriture de classiques pour apprendre à l'Histoire à bien se tenir, qui interdit à un acteur d'incarner un genre ou une sexualité qui n'est pas le sien.
Ne lisons-nous pas pour échapper à notre emballage et à ce que nous connaissons ? Faut-il qu'un acteur reste prisonnier de son rôle ?
J.M Erre est un universaliste qui met tout le monde dans le même panier percé mais il ne prend pas tout cela trop au sérieux. Il n'est pas prêt de tirer son irrévérence.
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Je découvre J.M.Erre avec ce livre, me rendant compte sur le tard qu'il y fait apparaître nombre de personnages principaux et secondaires de ses précédents romans. C'est une suite de nouvelles à chute, chacune introduite par une jeune paraplégique, Julie, dont les remarques liminaires sont autant pleines d'esprit et de bons mots que les histoires elles-mêmes, lui permettant largement de compenser par son intelligence exacerbée le peu de moyens dont elle dispose pour vivre sa vie très limitée. La mise en scène du personnage de Julie pour lier ces histoires est une excellente trouvaille de l'auteur, qui excelle par ailleurs dans les jeux de mots et les calembours.
J'ai passé un agréable moment avec ce livre sortant de l'ordinaire, avec lequel J.M.Erre rend attentif aux problèmes de société avec humour. A lire pour se changer les idées.
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La narratrice de ce court roman, c'est Julie, une jeune femme tétraplégique qui porte un regard plein d'humour et de causticité sur le monde et les gens qui l'entourent, et qui décide d'écrire et de raconter l'histoire de quelques personnages, dont certains qu'on a déjà pu croiser dans d'autres romans de JM Erre d'ailleurs.
On retrouve dans cette pépite tout l'humour noir et le cynisme de JM Erre, et on se laisse embarquer avec délectation dans ces quelques chapitres qui sont autant de tranches de vie complètement décalées.
Une lecture jubilatoire !
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Hahahahahahahahahahahahaahah

Voilà comment j'ai terminé ce roman. Alors il va falloir maintenant vous expliquer pourquoi et voir déferler les « oh je le mets dans ma wishlist », « ca m'intrigue », « il est dans ma pal », « ta chronique est géniale » (Je sais).
Voilà que je me prends pour J.M Erre. Cessons cela de suite je n'ai pas son talent. La larme à l'oeil tout en riant et recrachant mon thé matcha comme tout blogueur qui se respecte (je déteste ça et je n'ai pas de chat non plus), j'arpentais les chapitres en m'émerveillant du plaisir jouissif (on se calme) de lire un tel livre. Bon il va falloir que je reste un peu sérieux si je veux que Buchet Chastel repartage ma chronique (oui certains ne se relèvent jamais d'une absence de repartage d'une maison d'édition, cela peut équivaloir à une injection de choléra (C'est scientifiquement possible ça d'ailleurs ? S'il y a un médecin dans la salle…)).

Les autres. Toujours les autres. Et si on regardait son nombril sauf pour en faire un selfie et ressortir le ver ingurgité après avoir mangé chez O'mai rue Blacas à Nice (je dénonce, ce restaurant doit fermer) ? À une époque où tout est scruté, corrigé, révisé, censuré, observé, J.M Erre dépeint la société actuelle avec délice. Ce roman offre une jubilation peu commune par son évidence et sa lucidité. En prenant comme figure de proue Julie - 25 ans, tétraplégique, « u corps à euphémismes et un cerveau à périphrases », habitant la Lozère (dur), féministe, écolo, libre et révoltée, accro aux réseaux sociaux, normale en somme- l'auteur utilisé l'avatar pour dépeindre des personnages du quotidien que nous avons déjà tous croisés. Elle ira même jusqu'à se mettre en scène au beau milieu d'une exposition d'art contemporain pour que les visiteurs tournent autour d'elle et entendent ce qu'ils disent de son handicap. Scène terrible à multiples degrés de lecture qui en révèle toute la cruauté des Hommes.

Beaucoup de personnages des précédents romans de l'auteur viennent se mélanger tour à tous faisant le contrepoint à cette femme au regard acide mais non moins réaliste, qui vient décliner chaque punchline avec élégance. Chaque chapitre accompagné de sa chute bien sentie est une prouesse à travers laquelle l'auteur joue avec son lecteur. Il le secoue, rit avec et de lui, l'encourage, le surprend et le bouscule. On peut sans ambage affirmer qu'une réelle connexion se fait entre le lecteur et lui. Entre roman et recueil de nouvelles, on croisera tout à tous Ousmane qui revisite notre passé pour s'interroger si « c'était mieux avant », Jean-Marie cet homme normal qui fait absolument tout dans la moyenne, et en devient inquiétant. Mais vous lirez aussi avec curiosité le parcours d'Anissa, cette femme invisible des autres à laquelle on n'accorde que peu d'importance ou Felix qui rêve de devenir humoriste en essayant de se convaincre que tous les bons comiques sont dépressifs et ont été ignorés pendant longtemps. Mention spéciale à Mado sudiste qu'on connaît bien par ici, prête à rire du malheur d'autrui et enfoncer le clou. Ce roman n'est pas seulement drôle, il est aussi lumineux sur certains sujets tels que le plagiat, les sensitive readers, l'appropriation culturelle ou encore la monstruosité.

Vous y verrez souvent des références philosophiques telles que Bergson qui évoque « le rire comme mécanisme plaqué sur du vivant » mais aussi Edouard Balladur (rien que de l'écrire, je ris).
Chère Julie tu vas me manquer. Tubes l'une des seules qui ose dire ce qu'elle pense avec panache. Tu ne peux bouger qu'un doigt et pas des moindres (le majeur pointé vers le ciel), tu es assise et tu vois le monde de manière bien plus juste qu'un homme debout. La bise à Bernard Patafiole qui restera dans l'histoire de la littérature l'allégorie du néant. Je t'aime frère.
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Julie est une jeune tétraplégique. Elle décide de devenir écrivain et nous raconte de petites histoires.
Hybride entre le roman et le recueil de nouvelles, ce livre alterne les chapitres où Julie se raconte et ceux où elle nous raconte l'histoire d'un personnage. On pourra reconnaitre ces personnages comme les protagonistes des précédents romans de J.M. Erre. C'est d'ailleurs un plaisir de pouvoir les retrouver, tout comme il est plaisant de retrouver la plume pleine d'humour de l'auteur. Mais ne vous sentez pas exclu si vous ne connaissais pas l'auteur.
Julie est une jeune femme attachante qui n'a pas la langue dans sa poche et raconte son quotidien, mais surtout le regard des autres. Les petites histoires qu'elle nous sert sont pleines d'humour, mais aussi féroces et réalistes, dénonçant au passage les travers de notre société.
C'est drôle et percutant. Un vrai page turner.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
La fin, c'est le thème du moment. Fonte des glaces, montées des eaux, hausse des températures, megafeux, tempêtes dévastatrices, pénuries, réfugiés climatiques.... L'apocalypse est sur tous les écrans et sur toutes les lèvres. Pour y remédier, les représentants des deux cents états se sont réunis pour une conférence sur le climat en Egypte deux jours avant de se retrouver pour la cérémonie d'ouverture d'une Coupe du monde de football dans un stade climatisé en plein désert.
Question : est-on plus près du début de la fin ou de la fin de la fin ?
Vous avez quatre heures.
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A la place, j'ai cherché du réconfort dans la littérature, comme toujours. Et j'en ai trouvé, comme chaque fois. Romeo et Juliette ? une passion abrégée par un double suicide. Tristan et Iseult ? Deux amants à la fin pathétique. Orphée et Eurydice ? Un désastre. Antigone et Hémon ? La cata. Catherine Earnshaw et Heathcliff ? la lose intégrale. Chloé et Colin ? la seum du nénuphar. quant à Adam et Eve - le tout premier couple de l'histoire, protagonistes du livre le plus vendu au monde -, passé les premiers temps des roucoulades à base de zoophilie naturiste et de dégustation de granny smith, ils n'auront pas connu bien longtemps le Paradis.
(page 43)
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Les sermons de l'abbé se présentaient comme une succession de tableaux apocalyptiques décrivant avec force détails le supplice des pensionnaires de l'Enfer qui s'étaient laissé berner par le chant maléfique des sirènes tentatrices.
D'une voix de cabotin de la Comédie-Française, et dans un esperanto maison mélangeant français, latin et occitan, Saint-Freu détaillait par le menu des sévices physiques dignes des pires films gore underground à base d'étripages répugnants, de démembrements sordides et de plumes chatouillant la plante des pieds.
Dès son arrivée au village, alors que les administrés s'étaient tous rendus à la messe comme on va à une première théâtrale, il avait scotché son public par des images si terrifiantes qu'elles avaient fait passer les cercles de l'enfer de Dante pour un séjour Pierre & Vacances. Tout absent à la cérémonie dominicale savait qu'il prenait un ticket pour la géhenne infernale. Personne ne manquait jamais à l'appel, sauf cas de force majeure de type agonie en phase terminale, qui donnait droit à une représentation à domicile avec l'extrême-onction comme clou du spectacle. Le succès était total, Saint-Freu jouait à guichet fermé.
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Pour les lectrices et lecteurs qui ne se sont pas encore jetés sur leur téléphone pour demander à Siri, Google ou Ginette le sens de cette expression, le situs inversus est une anomalie physique consistant en une inversion des organes par rapport à leur disposition normale. Le coeur est à droite, le foie est à gauche, et la rate... où elle veut parce qu'on ne sait jamais où est la rate. Quant aux poumons, ils sont aussi inversés, même si ça se voit moins.
(page 190)
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Il se limite aussi a la lecture de trois livres et demi sur l'année,un crève coeur. Il connaît parfois une tentation littéraire surnuméraire, mais il l'apaise assez facilement avec un bain glacé.
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