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Critique de YvPol


YvPol
15 décembre 2014
J'ai beaucoup lu sur l'auteur, notamment sur son roman précédent, que je n'ai point lu, Les fidélités successives. J'avais envie de le découvrir. Et bien quelle découverte les amis ! La dévoration ne laisse pas indifférent, c'est un texte parfois dur, à la limite du soutenable sur 4 ou 5 pages dans la toute dernière partie (mais faites comme moi, si vous avez du mal, survolez-les avec les yeux mi-clos, comme quand des images d'un film sont dérangeantes ; bon ce n'est pas facile de lire les yeux mi-clos, mais c'est pour l'idée, après chacun s'adapte à sa manière de se protéger des images violentes). le reste m'a emballé. J'ai d'abord beaucoup aimé cette histoire en parallèle, celle de la famille Rogis, sa solitude, la peur qu'elle inspire. Une lignée de bourreaux, qui me rappelle le premier roman que j'ai lu de Stéphane Pajot, intitulé Selon les premiers éléments de l'enquête, que je vous invite à découvrir ; un polar bien ficelé et original.
Ensuite, les hésitations de Nicolas devant le défi de se renouveler, de remettre en cause son travail m'ont plu et fait sourire. J'ai tellement reconnu des auteurs qui écrivent toujours le même livre, sûrs qu'il atteindra encore une fois des ventes importantes, ou des chanteurs qui font toujours la même chanson pour mieux la vendre, ou pire, ceux qui font comme ce qui fonctionne pour vendre également. Un écrivain ou un artiste qui change de registre, qui ose aura toujours ma sympathie a priori, quand bien même ce qu'il fait ne me plairait pas, alors que je me lasse très rapidement des imitations, des redites. Un coup de griffe salvateur de Nicolas d'Estienne d'Orves au monde de l'édition qui en rajoute même dans quelques saillies dont la suivante : "Dans le monde de l'édition, j'ai croisé de ces esprits frappeurs qui vouent un culte à Brasillach ou à Drieu, non pour leurs qualités littéraires mais pour leur jusqu'au-boutisme, leur attitude face à la mort. Un nihilisme de salon qui m'a toujours agacé. La pose est commode, de la provocation pour dîners en ville. On choque le bourgeois, on asticote les maîtresses de maison, mais rien ne bouleverse l'ordre établi. Tout comme prendre la défense des Chouans, proclamer son amour de Gobineau, ne pas dénigrer Albert Speer, goûter les pamphlets de Céline ou Rebatet. Des ivresses de planqués, de la branlette pour mandarins." (p.104)
Nicolas Sevin n'est pas un type sympathique, c'est un prédateur, un mec que je n'aimerais sans doute pas avoir comme ami -mais peut-être gagne-t-il à être connu ?-, il prend beaucoup, donne peu, il a besoin de cela pour se nourrir et nourrir son oeuvre, surtout lorsqu'il décide de se lancer dans une autre direction. Ses proches en pâtissent, seul Antoine, l'ami de toujours est et reste présent quoiqu'il arrive. Sa mère le boude ou le jalouse, elle qui écrit des livres pour la jeunesse voulait être la seule écrivaine de la famille. Son père, Nicolas ne le voit plus depuis une dizaine d'années, malgré les demandes de celui qu'il l'a si peu élevé et qui n'a pas cru en lui pour son premier roman.

Une très belle écriture que je découvre donc avec ce roman fort, original, dérangeant parfois et absolument pas politiquement correct. Un régal quoi ! de belles phrases sur la création littéraire, sur la famille, l'amitié ; d'autres plus dures mais tout aussi belles sur la violence, le sexe, le sang, la mort. Un roman que j'ai depuis un moment à côté de mon lit, là où je mets mes livres à lire, et dont je repoussais la lecture après quelques critiques mitigées. J'avoue que je l'ai pris un peu timidement, mais une fois entamé, je n'ai pas pu le lâcher. Lu en deux jours. Avec la même intensité qu'un bon polar. Et -largement- approuvé !
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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