Apparence, ô apparence ! Combien de gens qui ne sont rien te doivent une vie de faste et de grandeur ! Ceux dont la gloire est fondée sur la vérité je les estime heureux. Mais la renommée qui vient du mensonge n'est à mes yeux que faux-semblant et pur hasard.
[Hermione]
Voilà bien l'engeance des Barbares ! Chez eux tous, le père fraie avec sa fille, le fils avec la mère, le frère avec la soeur, l'assassinat est une pratique d'intimité familiale : tout cela, il n'y a point de loi pour l'interdire.
[Andromaque]
Ma confiance, oui ! Ah ! quelle étrange chose ! On a reçu du Ciel ici-bas des remèdes au venin des serpents, et contre ce qui est, et de loin, plus funeste qu'incendie et vipère, une femme méchante, personne n'a encore découvert d'antidote.
LE CORYPHÉE. D'un petit commencement, la langue excite de grandes querelles parmi les hommes. Les sages redoutent cela et n'ont point de discussion avec leurs amis.
Troisième épisode
Te prends-tu pour un homme, ô pleutre fils de criminel ? Qui songe à toi quand on compte les braves ?
LE CORYPHÉE. La race des vieillards est sans frein et ne peut être contenue qu'avec peine à cause de sa nature irritable.
Troisième épisode
Il y a des gens qui semblent pleins de sens et qui brillent, mais au dedans ils sont pareils à tous les autres, sinon par les richesses où est leur force unique.
LE CHŒUR. Connais ta destinée, réfléchis au malheur présent dans lequel tu es tombée. Tu combats contres tes maîtres, toi fille d'Ilion, contre la fille des rois de Sparte. Laisse ce temple qui reçoit les brebis offertes à la déesse de la mer. Quelle utilité y a --il à consumer ton corps à cause des violences de tes maîtres ? Leur puissance te vaincra. Pourquoi tant d'efforts et de peines, quand tu ne peux rien, toi qui n'es plus rien ?
Parodos, Antistrophe I
ANDROMAQUE. Mais moi, unie par la force au fils d'Achille, j'ai accouché dans ce palais et j'ai donné à mon maître un enfant mâle. Jusqu'ici, malgré le malheur qui m'écrase, j'avais toujours espéré que, mon fils vivant, je trouverais quelque appui et quelque secours contre mes maux ; mais depuis que mon maître a épousé Hermione, la Lacédémonienne, depuis qu'il s'est détourné de mon lit d'esclave, je suis tourmentée par cette femme qui m'accable de mauvais traitements. Elle prétend que, par des charmes secrets, je la rends stérile et odieuse à son mari, que je veux commander à sa place dans la palais et que je veux la chasser de son lit par force, ce lit que Néoptolème m'a imposé par la violence, et que, maintenant, il m'a obligée à quitter ! Le grand Zeus le sait, il sait que je ne suis entrée dans ce lit que contre ma volonté.
Prologue
Quand leurs amis sont en voyage, ceux qui sont restés à la maison doivent prendre soin de leurs intérêts.