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Critique de Nicolasriou


Alien : no exitBrian Evenson

Alors que la menace Alien paraissait n'être qu'un lointain cauchemar, voilà que douze scientifiques en poste sur la planète C-3/LM sont retrouvés assassinés et tout laisse à penser qu'il s'agit d'une nouvelle attaque des redoutables créatures. Anders Kramm, l'un des chasseurs d'Aliens les plus célèbres de sa génération, est alors aussitôt envoyé sur place pour en savoir plus. Après avoir passé ses trente dernières années plongé dans un sommeil cryogénique, notre héros va devoir à nouveau affronter ses vieux démons tout en se rendant compte que l'affaire dont il est chargé est en vérité bien plus complexe qu'elle n'y paraît. En effet, si les victimes présentent une béance au niveau de la poitrine caractéristique des chestburster, ces aliens en gestation qui, une fois arrivés à maturité, s'extirpent de leur hôte humain en leur perforant le thorax, l'alignement trop parfait des corps et les éclaboussures de sang étonnement régulières qui maculent les murs alentours ne correspondent point au modus operandi des Aliens. Kramm aurait-il ainsi affaire à une nouvelle espèce qui aurait évolué ? A moins que cette attaque de xénomorphes ne soit en réalité qu'un prétexte pour dissimuler ce qui ressemble de plus en plus à des meurtres ? Mais qui serait capable d'une chose pareille et dans quel but le ferait-il ? Kramm s'apprête à découvrir une vérité qui lui fera très vite regretter d'avoir été réveillé. La réalité est effectivement souvent bien plus sombre que le plus noir des cauchemars…

Quand l'auteur de la Confrérie des mutilés s'attaque au mythe d'Alien, c'est davantage pour chercher à nous divertir que pour nous offrir un roman ambitieux et audacieux comme il sait pourtant les écrire. C'est donc quelque peu fébriles et non sans un certain scepticisme que nous parcourons les premières pages du roman où est planté un décor que les amateurs de la saga connaissent sur le bout des doigts. L'absence de nouveauté et l'inexistence du style nous font d'ores et déjà regretter l'achat de ce livre qui s'annonce comme une énième et médiocre exploitation du monde fantastique auquel Dan O'Bannon et Ridley Scott donnèrent naissance sur grand écran en 1979. Mais une fois les premiers chapitres achevés et en dépit du manque cruel d'originalité, la magie opère et nous voilà irrésistiblement embarqués dans l'histoire grâce à l'une des clefs de voûte du roman : l'intrigue. Une intrigue simple, dépourvue de fioritures mais efficace car plaquée sur ce que les films nous ont auparavant donné à voir. le rythme de l'action est haletant et va crescendo grâce à un procédé habile de l'auteur. En effet, au beau milieu du roman, le cours de l'histoire prend une nouvelle direction sous l'effet d'un nouvel évènement perturbateur qui conduira dès lors Kramm vers une autre planète qu'il ne connait que trop bien pour y avoir perdu sa femme et sa fille. Mais ce qu'il ignore, c'est que cette planète, baptisée Soulages, abrite désormais une ferme d'élevage alien. On retrouve donc l'archétype du personnage tragique par excellence. Ayant préalablement survécu aux monstrueux prédateurs, Anders Kramm semble condamné à les affronter encore et toujours, tout comme Ellen Ripley, l'héroïne des films, dont il n'est qu'une pâle copie masculine. Les personnages secondaires quant à eux remplissent leur rôle très conventionnel d'adjuvants et d'opposants. Face au méchant Charles Braley qui travaille pour le compte de la société Weyland-Yutani, la délicieuse et intrépide Frances Stauff, représentante officielle de la société rivale Planetus et future partenaire féminine de notre héros, aussi bien sur le champ de bataille que dans le domaine sentimental. Et pour ne pas trahir l'esprit de la saga (à moins que ce ne soit pour ne point s'efforcer de créer), on retrouve le bon vieil androïde dont l'entourage ignorait la véritable nature, tel Ash dans Alien le 8° passager, ou encore le couple de braves guerriers qui seront séparés à jamais dans leur lutte acharnée contre l'ennemi.

Malgré cette vaste récupération de tous les ingrédients qui ont contribué au succès de la tétralogie, ce roman de Brian Evenson n'en reste pas moins agréable à lire, grâce notamment, au style employé. L'écriture blanche et impersonnelle ne donne finalement pas au récit cet effet de monotonie tant redouté. Au contraire, elle sert l'action avec une efficacité certaine en lui imprimant une dynamique supplémentaire et en conférant plus généralement au roman un style très visuel et quasi cinématographique. Même si l'on peut reprocher à ce roman sa perspective tout à fait commerciale, c'est en fin de compte avec un plaisir non dissimulé que nous nous replongeons dans cet univers angoissant sans parvenir à nous lasser de contempler l'Alien enfanté par H.R Giger qui reste assurément l'une des plus terrifiantes et fascinantes créatures qu'il nous ait jamais été donnée de voir dans toute l'histoire du cinéma. Si les amateurs de Brian Evenson pourraient être déçus par cette oeuvre dont la qualité littéraire est plus que contestable, les fans de la saga, quant à eux, seront comblés par ce roman aux puissantes allures de scénario qui, trente ans après la projection du premier opus signé Ridley Scott, témoigne, encore à l'heure actuelle de la vivacité du mythe qui s'est forgé autour d'Alien.


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