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Critique de Gabylarvaire


Lorsque j'ai acheté ce roman, je ne savais absolument pas quel en était le sujet.
J'étais bien décidée à lire tous les romans de Brian Evenson, sans me préoccuper de l'histoire, du thème ou du genre.
Avec un titre comme Alien : No exit, je pensais à une éventuelle métaphore de son vécu lorsqu'il a été excommunié de la secte mormone. Je n'avais pas du tout associé le mot « Alien » à extraterrestre et ma rencontre avec ses récits, touchait mes réflexions métaphysiques et philosophiques…
Alors, j'ai été très très très surprise de découvrir que c'était une sorte de Spin-off de l'univers d'Alien. Oui oui les films Alien.

Pour commencer : Brian Evenson maîtrise son sujet à la perfection. Ma condition de fan et de puriste (voir d'enc… de mouches comme dirait certains) rendait mes exigences très éminentes. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il m'a fallu du temps, pour me décider à le lire, de peur d'être terriblement déçue. Alors, j'ai été ravie de constater que tout y est respecté : tant dans l'ambiance SF horrifique, que dans l'action et avec tout le vocabulaire attendu.

***

Kramm est un ex-mercenaire, hautement entraîné pour vaincre les Xénomorphes pour la solde de Weyland-Yutani. Mais attention, comme Weyland-Yutani a des propensions à utiliser les xénomorphes à des fins lucratifs personnels, ses xénomorphes ne sont à vaincre une fois que la menace est trop avancée pour continuer. Un jour, il y perd toute sa famille, donne sa démission et décide de ne plus exister. le suicide étant trop difficile, il se fait cryogéniser pour une durée indéterminée.
30 ans plus tard, il est réveillé pour une mission particulière en tant qu'expert neutre, pour Planetus Company, une filiale en concurrence avec Weyland pour coloniser les planètes. 7 scientifiques sont retrouvés morts : des chestbursters semblent être sortis de six ingénieurs travaillant pour Weyland-Yutani. Et l'androïde collaborateur a été complètement écrabouillé. Mais, l'extermination bien trop minutieuse, ne correspond pas à une attaque de facehuggers selon Kramm… Et ce n'est pas la seule chose qui rend l'expert sceptique : pas de trace de mue, ni d'oeufs, ni de xénomorphes… Que se passe-t-il sur la planète C-3 L/M où deux compagnies cohabitent pour y développer des colonies ? Kramm trouve que ça pue. Que ça pue grave même…
Ce qui nous amène à une lecture pleine de suspenses.

***

Dans la catégorie, qui est le monstre ? Nous avons un bon exemple de l'Ennemi au sein d'une même espèce. Car si Weyland-Yutani ne regorgeaient pas d'hommes fous, férus d'expérience douteuse à des fins lucratifs et de rentabilité, les aliens ne pouvant pas se reproduire sans un hôte humain, l'extinction de la race se serait probablement faite toute seule au bout de plusieurs siècles. Mais voilà, si les monstres existent, c'est bien parce que d'autres monstres les exploitent. « Aussi mauvaises soient les créatures, je dois me rappeler que ce piège mortel est le fait d'esprits humains, un enfer humain peuplé des cauchemars qui envahissent le sommeil de la raison. » Dans les films, ils seront représentés sous forme androïde ou humaine (Ash, Burke, Michaël Weyland, David…) mais ils représentent à chaque fois une société belle et bien humaine : Weyland-Yutani.
Dans le roman de Brian Evenson, on aura affaire à un type absolument ignoble, vous savez, une sorte de banquier en costard hors de prix, bien coiffé et manucuré, qui pour de l'argent vendrait toute sa famille. Ce qui rend ce récit terrifiant, fidèle à la franchise.
No exit dit le titre, pas d'issue pour se sortir de l'Enfer, surtout lorsque la compagnie du diable possède une grande partie de la Galaxie…

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Quelques notes personnelles : les scientifiques du terraformeur tués seront sept comme dans le Nostromo et les héros seront sept également. On peut supposer que nous sommes bien après 2420 (après Alien 4) car Weyland-Yutani a poursuivi ses expériences depuis LV-426 et qu'elle a pu au cours des siècles conquérir différentes planètes après avoir perdu leurs chances avec les gènes d'Ellen Ripley, et fabriquer le neutralisateur d'acide Alien pour faciliter les missions, fabriquer des collecteurs d'oeufs d'Aliens, etc… Et aussi car le Xénomorphe est une menace connue (alors que dans toute la saga, à part Ellen que personne ne croit, les autres ont vent du phénomène que lorsqu'ils en sont confrontés).
Brian Evenson me surprend énormément, tandis que je connaissais de lui, des romans de SF philosophique et métaphysique (immobilité et L'Antre), des thrillers horrifiques (La Confrérie des Mutilés, Baby Leg, Père des Mensonges), il nous offre ici un roman de divertissement mélangeant suspense, horreur, Space-Opera et action stéroïdé (mention spéciale pour le personnage Bodybuildé Bjorn, qui avec son accent, me fera penser à Colossus de Marvel ou à Schwarzenegger).
Pour le reste, je vous laisse soin de découvrir ce roman qui plaira forcément aux amateurs de la saga Alien.

***
Y'a-t-il des traces de Brian Evenson dans ce récit ?
Oh oui mais elles sont subtiles : tout d'abord, les amputations, certes indispensables dans ce type de roman, mais on reconnaît quand même son style et surtout quand on aborde le "c'est pas grave, on les remplacera." Nous voyons également quelques bribes d'absurdités surréalistes comme il aime si bien transmettre : le personnage de Bjorn, casi immortel, par exemple ou la planète meurtrière qui s'appelle Soulages. Ensuite, nous les voyons à travers le cauchemar, est-ce que c'est réel ou dans l'imaginaire d'un homme meurtri cryogénisé?… Et lorsqu'on lui demande, pourquoi ne s'est-il pas suicidé ? Et qu'il répond, qu'il avait peur du cauchemar d'après, de l'Enfer? Ah oui le voilà Brian Evenson, choisir entre un cauchemar et un autre, une réalité horrible ou une imagination terrifiante? Pas de sortie possible vers un sommeil tranquille... No exit.
Nous pouvons également voir les traces de Brian Evenson à travers la place de l'être humain dans cet Enfer… L'humain contre l'humain qui utilise des armes. Parfois elles sont techniques, mais parfois elles sont organiques et monstrueusement vivantes...
Donc quelques questions philosophiques éparses qui montrent la patte de l'auteur même si ce n'est pas le fondement du récit…
A moins que si en fait...
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