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Critique de Croqueuse2vie


Je ressors de ce livre avec l'esprit vagabond, en maturation, tentant de capter son dessein au milieu des fleurs oranges du bombax et blanches du jasmin. Déjà à la lecture, de nombreux allers-retours se sont avéré nécessaires entre le récit et les lexiques, ô combien précieux, sur les mouvances religieuses et les penseurs islamiques et pré-islamiques.

Nous migrons dans ce récit polyphone, d'un personnage à l'autre, mais aussi d'une époque à une autre, entre la Basra antique et l'Égypte actuelle. En son centre, Hishâm, intimement convaincu d'être l'incarnation de Yazîd, ancien disciple de maîtres musulmans. Dès lors, chaque chapitre porte la voix d'un personnage et alimente l'avancée d'histoires en miroir. D'un côté le présent avec Hishâm, sa mère Layla et des femmes sur son chemin. de l'autre le passé, autour de Yazîd, Moujiba son épouse et Malik le copiste. Jusqu'à ce que progressivement les contours s'estompent, sans savoir s'il s'agit d'un délire fantasmagorique ou d'une réalité mystique.

S'ajoutent la prédominance de deux éléments symboliques jalonnant le récit : la lune, astre nocturne apportant sa lumière dans l'obscurité, et le Nil, entité mouvante à la fois source de vie et berceau de la mort.

À travers la présentation de courants de pensées islamiques rationnels, l'ouvrage interroge aussi sur les actes de l'Homme. Est-il maître de ses oeuvres ou sont-elles prédéterminées ? En conséquence, quel degré de responsabilité posséde-t-il ? Peut-il racheter ses fautes ? le pardon existe-t-il ? Surtout lorsqu'il est question de meurtre et de trahison. Et peut-il de son vivant être considéré comme impie ou seul Dieu peut-il juger de l'égarement sur son chemin ? Autant de questions auxquels le lecteur se trouve confronté, libre de trouver sa voie.

Quand le jasmin cueilli en songe par les anges en prive les jardins de Basra, le défunt rêveur étouffe à l'inverse de son abondante odeur. Une ville privée de ses penseurs et poètes. Une pluie de jasmin pleurant en gerbe les vices de l'Homme.
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