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Critique de enzo92320


Je le pressentais, et la lecture - heureusement rapide - de cet opus a confirmé mes soupçons : FabCaro, vulgarisateur d'un style de BD météorique (je détaille en commentaires) et qui tourne déjà en rond, vient de signer ce qui sera peut-être le parangon du roman nombriliste des 30 dernières années, la goutte d'eau qui fait déborder le vase de plusieurs générations d'auteurs de plus en plus narcissiques.

Une amie avait désigné il y a 15 ans d'une formule magnifique ce genre de livres (ou de films, car l'épidémie a contaminé le 7ème art) : « Passe-moi le sel, un doigt dans le cul ». Il fallait oser tramer un récit à partir du courrier CPAM de dépistage du cancer colorectal : FabCaro, qui a décidé de ne plus rater un seul éléphant dans son magasin de porcelaine, s'y est donc collé.

J'ai l'impression d'avoir déjà lu des dizaines de ces « romans ». Les faire revenir à ma mémoire est déjà une souffrance… Même si je reconnais que les premiers d'entre eux ont suscité ce vil plaisir, cette sensation que l'auteur parlait aussi de moi. Et j'avais déjà conscience que cette partie de moi, je n'aurais osé l'outrage d'en infliger le portrait à mes contemporains. J'en cite quelques-uns, qui ne sont pas forcément les pires, mais qui payent pour tous les autres : La Journée d'un petit bourgeois rebelle d'Alexandre Pasche (2004), Boborama de David Angevin (2006), Moment d'un couple de Nelly Alard (2013), Je-Tu-Elle d‘Adeline Fleury (2018)… en finissant par Joann Sfar, le pire de tous, pour l'ensemble de son oeuvre.

Dans « Broadway », l'écriture est intégralement publicitaire, à base de slogans, d'images, de chansons et de mots iconiques. Aucune question n'a de profondeur, même rectale. Tout baigne dans un second degré imbibé de l'obsolète « esprit Canal ».

Ce dont ce livre est l'exact contraire : « Les choses » de Georges Perec.

PS : FabCaro, je suis sûr que tu es une personne extrêmement sympathique. Si tu tombes sur cette critique, tu as le droit de la trouver méchante. Mais si elle peut t'amener, fût-ce au prix d'une dépression supplémentaire (« Here comes your 19th nervous breakdown »), à nous pondre une VRAIE oeuvre, ce dont je te sais capable, tu comprendras qu'au fond, j'écris ça pour ton bien, et peut-être même le nôtre. Car nous partageons le même ennemi réel : l'obsession que la société de consommation a réussi à forger pour cet organe qui ne demandait rien à personne : notre nombril.
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