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Critique de kielosa


Anecdote révélatrice : sur la couverture de la première édition de "The Fifth Woman" de 1963, il n'y a pas de Maria Fagyas, mais juste M. Fagyas, comme si le "Crime Club" des États-Unis, qui est à l'origine de la publication du livre, craignait qu'un thriller écrit par une femme n'allât pas vendre ! L'ironie veut qu'elle a raflé le Prix Edgar-Allan-Poe avec cette oeuvre.
Et, dans les années 1960, il y avait déjà une certaine Agatha Christie !
Mon exemplaire acheté à une brocante sort de la Bibliothèque de Fallsington, Pennsylvanie, et bien que fort abîmé, constitue de nos jours une réelle rareté.

C'était le premier livre de la pauvre Maria, née à Budapest en 1905 et qui s'était mariée à Berlin à l'âge de 20 ans avec le cinéaste viennois Ladislau Bush-Fekete, pour partir ensemble aux États-Unis en 1937. À ce moment, elle ignorait encore la langue anglaise. C'est cependant dans cette langue qu'elle a rédigé ses 6 ouvrages, parmi lesquels son chef-d'oeuvre, le thriller historique "Le lieutenant du diable" en 1970. Un best-seller et un succès cinématographique dans la réalisation de John Goldschmidt de 1984, avec entre autres Claudine Augier, décédée en décembre dernier.

Récemment, le12 juin 2020, j'ai fait un billet de son roman historique "Draga" relatif â l'assassinat du couple royal serbe, Alexandre 1er et son épouse la reine Draga, en 1903.

Maria Fagyas a situé son roman dans sa ville natale au cours de ce que les historiens ont appelé "l'insurrection de Budapest" du 23 octobre au 10 novembre 1956. Une protestation populaire, lancée par les étudiants, contre les apparatchiks mis au pouvoir en Hongrie par Moscou. En 18 jours la révolte fut brutalement écrasée par l'armée soviétique, faisant plus de 2.500 morts du côté hongrois et environ 700 Russes.

Le samedi 27 octobre 1956, le commissaire Lajos Nemetz du bureau des homicides, 59 ans, se rend à son bureau à travers les décombres, les morts et les flaques de sang que le passage des chars russes a laissé. le bâtiment de la police est vide à l'exception de sa vieille secrétaire Irène.

À peine installé derrière son bureau, l'élégante Anna Toth, 33 ans, se pointe pour solliciter la protection de la police contre son mari qui lui a promis de la tuer. Son mari est le chirurgien Zoltan Halmy, 37 ans, qui a l'intention de s'évader en Autriche avec sa maîtresse. Après avoir signé sa déposition, elle part, plutôt déçue.

Lorsque Nemetz rentre vers 10 heures et demie chez lui, il repasse devant la boulangerie, où en allant au boulot, il avait vu le corps de 4 femmes, victimes du feu des soldats ennemis, rangés sur le trottoir du Boulevard du Musée. Or, maintenant il y a 5 corps et lorsqu'il retourne le dernier corps, il constate avec horreur qu'il s'agit... d'Anna Halmy-Toth !

Le commissaire est fâché sur lui-même qu'au bout de 36 ans de service au bureau des homicides son fameux sixième sens l'a manifestement trahi : il n'a absolument pas perçu les signaux d'une tragédie imminente.

Je vous laisse découvrir l'enquête de Lajos Nemetz qui est à présent un homme doublement ou triplement motivé.

L'originalité du récit de Maria Fagyas réside, bien entendu, dans le camouflage d'un (vulgaire) meurtre civil comme le résultat d'une malencontreuse opération militaire.
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