Après les 4 as, le club des 5, les 12 salopards, les 47 Rônins et les 7 nains de Blanche-Neige, voici les 11 Chinois. 11 Chinois, tous affublés d'une «tête avec 7 orifices » (j'aime assez cette description précise, anatomiquement correcte et toute chinoise du visage humain), vivant dans une cabane de 11 mètres carrés secouée toutes les 7 minutes par l'express Pékin-Guangdong.
Sur la photo de famille, autour de Père, un fieffé alcoolique bagarreur cognant régulièrement femme et enfants, et de Mère, une aguicheuse de première qui fait du rentre dedans à tous les mâles du quartier, on a (de haut en bas, de droite à gauche, comme il convient de lire le chinois) : Frère aîné, qui travaille de nuit pour libérer un lit dans la cabane ; Frère Deuxième, suicidé après avoir été humilié par une jeune fille d'une classe sociale plus élevée ; Frère Troisième, une vraie brute à la tête de dragon et aux muscles de tyran ; Frère Quatrième, dont l'infirmité le préserve du chaos qui l'entoure; Soeur Grand Parfum, une pauvrette pas bien méchante ; les jumeaux, Frère Cinquième et Frère Sixième, roublards professionnels ; Soeur Petit Parfum, vicieuse et aguicheuse comme sa maman ; et Frère Septième, le souffre-douleur. En bas à gauche, dans une boite sous une fine couche de terre et des fleurs rouges flamboyantes, c'est Frère Huitième, qui se « contente de regarder, calmement et éternellement, là-bas au pied de la montagne, vers cette vue splendide en perpétuelle transformation. »
C'est très rythmé, truculent et irrévérencieux. Ça va à toute allure, on s'attache pourtant à cette famille d'avant la politique de l'enfant unique, une famille misérable de dockers, qui vit de petits boulots, de rapines et de glanages. Ça m'a fait penser au film « Affreux, sales et méchants », version nouilles de riz et sauce soja.
Malgré la misère, cela reste un roman lumineux, car l'avenir ne peut être que meilleur…
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