J'ai découvert
Fang Fang il y a peu, avec son
Wuhan, ville close.
J'avais aimé sa plume vive et acérée, et le regard lucide qu'elle portait sur son pays.
Ici, il en est un peu de même, on est toujours à Wuhan, quelques décennies avant la pandémie.
Mais ce n'est pas dans le quartier des intellectuels que se déroule cette histoire, cette fois on est près des docks, dans un endroit aussi pauvre que laid, là où la ligne ferroviaire laisse passer, inexorablement, toutes les 7minutes, un train bruyant et polluant.
Ce coin s'appelle Henan Pengzi, et le moins que l'on puisse en dire c'est que ce n'est pas un quartier huppé, on est plus près de la cour des miracles!
Dans une cabane de 15m2 vit la famille de Huitième frère ; lui, Huitième frère, est sous la fenêtre extérieure, enterré dans une boîte en bois, il est mort bébé, et, par la magie de la littérature, il raconte comment se déroule la vie de ses parents et frères et soeurs.
Parmi ces onze personnages(Père, Mère, Frère aîné, Deuxième, Troisième, Quatrième, Cinquième, Sixième et Septième Frères, Grand Parfum et Petit Parfum) aucun n'est sympathique ou attirant, ils ont tous une tare, un défaut, un handicap, ils sont tous mesquins, méchants, manipulateurs, agressifs, idiots, j'en passe et des meilleurs !
Et pourtant, pourtant....comme on s'attache à eux! surtout à Septième Frère, probablement parce qu'il a longtemps été le souffre-douleur de toute cette bande sans coeur !
J'ai passé un excellent moment en compagnie de ces gens pourtant peu recommandables, et j'ai compris pourquoi Vue splendide a tant fait parler lors de sa parution. C'est une description sans fard, extrême, d'une partie de la population chinoise d'avant la Révolution culturelle, d'avant la modernité.....