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Dany Filion (Traducteur)
EAN : 9782877302272
153 pages
Editions Philippe Picquier (19/05/1998)
3.57/5   21 notes
Résumé :

De sa petite boîte en bois enterrée sous la fenêtre, Huitième Frère - mort prématurément à seize jours - observe et raconte les heurts et malheurs de sa famille. Et quelle famille ! Entassés à onze dans une minuscule cabane secouée par le passage du train, dominés par le père, un colosse docker et ivrogne, plus porté aux coups qu'à la tendresse paternelle, forcés de voler le c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Après les 4 as, le club des 5, les 12 salopards, les 47 Rônins et les 7 nains de Blanche-Neige, voici les 11 Chinois. 11 Chinois, tous affublés d'une «tête avec 7 orifices » (j'aime assez cette description précise, anatomiquement correcte et toute chinoise du visage humain), vivant dans une cabane de 11 mètres carrés secouée toutes les 7 minutes par l'express Pékin-Guangdong.

Sur la photo de famille, autour de Père, un fieffé alcoolique bagarreur cognant régulièrement femme et enfants, et de Mère, une aguicheuse de première qui fait du rentre dedans à tous les mâles du quartier, on a (de haut en bas, de droite à gauche, comme il convient de lire le chinois) : Frère aîné, qui travaille de nuit pour libérer un lit dans la cabane ; Frère Deuxième, suicidé après avoir été humilié par une jeune fille d'une classe sociale plus élevée ; Frère Troisième, une vraie brute à la tête de dragon et aux muscles de tyran ; Frère Quatrième, dont l'infirmité le préserve du chaos qui l'entoure; Soeur Grand Parfum, une pauvrette pas bien méchante ; les jumeaux, Frère Cinquième et Frère Sixième, roublards professionnels ; Soeur Petit Parfum, vicieuse et aguicheuse comme sa maman ; et Frère Septième, le souffre-douleur. En bas à gauche, dans une boite sous une fine couche de terre et des fleurs rouges flamboyantes, c'est Frère Huitième, qui se « contente de regarder, calmement et éternellement, là-bas au pied de la montagne, vers cette vue splendide en perpétuelle transformation. »

C'est très rythmé, truculent et irrévérencieux. Ça va à toute allure, on s'attache pourtant à cette famille d'avant la politique de l'enfant unique, une famille misérable de dockers, qui vit de petits boulots, de rapines et de glanages. Ça m'a fait penser au film « Affreux, sales et méchants », version nouilles de riz et sauce soja.

Malgré la misère, cela reste un roman lumineux, car l'avenir ne peut être que meilleur…
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« Septième Frère dit : la vie, c'est comme les feuilles d'un arbre, un va-et-vient incessant. le destin des bourgeons du printemps est de voltiger en automne. Tous les chemins conduisent à la même fin ; »

Je vois que tu as déjà fait connaissance avec Septième Frère. Laisse-moi te présenter le reste de la famille : avant Septième Frère, il y a eu Sixième Frère et Cinquième Frère – les jumeaux – puis Quatrième Frère, Troisième Frère, Deuxième Frère – le plus sympa – et Premier Frère… Il y a aussi deux soeurs, Petit Parfum et Grand Parfum, mais elles ne comptent pas vraiment. Puis Mère, cougar à ses heures perdues, qui semble séduire tous les hommes qui passent. Et enfin Père, alcoolique notoire, ouvrier sur les docks et qui n'hésitent pas à battre ses enfants pour obtenir le respect – et surtout qui oblige Septième Frère rachitique à dormir à même le sol dans la boue et la moisissure. de cette paillasse à même le sol sortiront certainement sa détermination et sa force de caractère….

Bonjour l'ambiance, à onze dans cette minuscule cabane qui tremble de tout son bois lorsque le train passe à moins de cinq mètres de ses fondations. Je ne t'avais pas prévenu avant : l'atmosphère n'est pas des plus chaleureuses, encore moins heureuses. Une vie morose et triste. Mais tu n'es pas là pour te larmoyer du sort de cette petite famille de prolétaire chinois. Parce qu'au final il n'y a pas de quoi pleurer, c'est juste le quotidien presque banal d'une telle famille.

Fang Fang, l'auteure qui rime avec Ylang Ylang, l'exotisme en moins. La romancière a fait sensation avec ce livre lors de sa parution en 1987. Elle montre ainsi à travers le témoignage des membres de cette famille ce que peut être l'avenir de tels gens dans cette Chine contemporaine après la Révolution culturelle et la libéralisation économique du pays. En un sens, elle m'a fait penser également aux écrits du tout récent prix Nobel, Mo Yan. Je m'y suis amusé de cette plume franche, même si l'histoire ne prêterait pas à rire, les situations deviennent parfois cocasses, les anecdotes se mêlent aux grands moments politiques et économiques du pays. Oui, j'ai souri de ces petits malheurs. Je suis peut-être cruel alors que Père frappe ses gosses sous l'emprise de l'alcool, lorsque Cinquième Frère – ou Sixième, je les confonds – se fait tabasser par quelques membres d'une mafia locale juste pour les beaux yeux d'une sublime chinoise en robe rouge. Parce qu'il faut bien réagir, et ce livre est une formidable découverte.

«Septième Frère part toujours le dimanche matin très tôt ; cette famille lui répugne. Il n'a pas envie de regarder Père picoler, engueuler son monde et lancer dans un râle un gros crachat vert au milieu de la pièce. Il a horreur de voir Mère, maigre comme une allumette, jouer à la jolie gazelle dès qu'elle voit un homme et raconter comment le beau-père de telle famille a séduit sa bru et comment la belle-mère de telle famille a séduit son gendre. »

Au fait, tu t'apercevras qu'il est souvent question de Septième Frère dans ce roman, celui qui a cherché à s'élever – à tout prix – dans l'échelle sociale. Et de fait, je n'ai pas encore parlé du narrateur. Ce dernier n'est autre que Huitième Frère, celui qui sembla avoir eu la meilleure vie, qui lui permet d'observer avec un profond détachement des actes et déboires de sa propre famille. Huitième Frère, le seul fils aimé de Père, qui n'a vécu que quelques jours et qui se trouve enterré dans une petite boite en bois au pied de la cabane. de là, il a ainsi « une vue splendide » sur sa famille.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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J'ai découvert Fang Fang il y a peu, avec son Wuhan, ville close.
J'avais aimé sa plume vive et acérée, et le regard lucide qu'elle portait sur son pays.

Ici, il en est un peu de même, on est toujours à Wuhan, quelques décennies avant la pandémie.
Mais ce n'est pas dans le quartier des intellectuels que se déroule cette histoire, cette fois on est près des docks, dans un endroit aussi pauvre que laid, là où la ligne ferroviaire laisse passer, inexorablement, toutes les 7minutes, un train bruyant et polluant.
Ce coin s'appelle Henan Pengzi, et le moins que l'on puisse en dire c'est que ce n'est pas un quartier huppé, on est plus près de la cour des miracles!
Dans une cabane de 15m2 vit la famille de Huitième frère ; lui, Huitième frère, est sous la fenêtre extérieure, enterré dans une boîte en bois, il est mort bébé, et, par la magie de la littérature, il raconte comment se déroule la vie de ses parents et frères et soeurs.
Parmi ces onze personnages(Père, Mère, Frère aîné, Deuxième, Troisième, Quatrième, Cinquième, Sixième et Septième Frères, Grand Parfum et Petit Parfum) aucun n'est sympathique ou attirant, ils ont tous une tare, un défaut, un handicap, ils sont tous mesquins, méchants, manipulateurs, agressifs, idiots, j'en passe et des meilleurs !
Et pourtant, pourtant....comme on s'attache à eux! surtout à Septième Frère, probablement parce qu'il a longtemps été le souffre-douleur de toute cette bande sans coeur !

J'ai passé un excellent moment en compagnie de ces gens pourtant peu recommandables, et j'ai compris pourquoi Vue splendide a tant fait parler lors de sa parution. C'est une description sans fard, extrême, d'une partie de la population chinoise d'avant la Révolution culturelle, d'avant la modernité.....
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Ce roman est terrible de bout en bout. Fang Fang nous y narre le destin d'une famille, vu par les yeux du huitième enfant mort quand il avait quinze jours.

Cette famille vit dans une pauvreté extrême : la difficulté à se nourrir, la promiscuité de leur minuscule pièce (le septième fils dort sous le lit, le bruit incessant du train qui passe toutes les sept minutes, etc.

Nous y découvrons une vie d'une grande cruauté où il y a peu de place pour les sentiments : les femmes et enfants se font battre, les plus pauvres sont dénigrés, tout est bon pour obtenir une ascension sociale. La difficulté de cette vie pousse les gens à chercher un avenir meilleur.

À travers ce récit se fond en filigrane l'Histoire de la Chine : de la famine lors du Grand bond en avant aux horreurs de la Révolution culturelle, puis à l'enrichissement à tout va avec l'autorisation de Deng Xiaoping à posséder une entreprise privée et enfin la loi de l'enfant unique ne permettant plus aux Chinois d'avoir une floppée d'enfants comme les encourageait Mao à son époque.

La plume de Fang Fang est intéressante et ne cesse d'évoluer en fonction des romans qu'elle écrit. Ici, elle utilise un langage simple afin de s'adapter à son narrateur qui, rappelons-le, est censé être un bébé.

Fang Fang, tout comme l'auteure Chi Li, met en avant le destin des petites gens, ces personnes à la vie dure qui font progresser la Chine à la force de leurs bras et à la sueur de leur front.
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Avec ce roman publié en 1987, Fang Fang a réussi un coup de maître. Ce récit de la vie d'une famille chinoise donne une image réaliste des prolétaires, qui m'a vraiment estomaqué. Tous les personnages sont bien typés, mais il y en a trois qui crèvent l'écran: Père, une brute alcoolique; Mère, une femme qui cherche à attirer les hommes; et Septième Frère qui est le souffre-douleur parce que Père doute de sa paternité: on le traite pire qu'un chien. En famille, les coups pleuvent, les vexations se succèdent et les injures fusent; le vacarme du train passant à quelques mètres de la cahutte rythme le quotidien. Ce n'est pas mieux à l'extérieur, où on lutte pour sa (sur)vie et où les bagarres sont fréquentes. La société chinoise décrite ici ne date pas du Moyen-Age, mais du XXème siècle. Elle se caractérise par une dramatique pauvreté et une effrayante brutalité. Mais pour tous, y compris pour Septième Frère, c'est ça la vie; on ne se révolte pas. Parfois, certains trouvent même des moments de fruste bonheur...

Toute la famille est passée en revue, les sept frères vivants et les deux soeurs (qui sont des pestes). Chacun a son caractère et son chemin. Fang Fang raconte très bien leurs pitoyables aventures, sans pathos. Le réalisme que je mentionnais plus haut n'a aucune lourdeur, le lecteur captivé accompagne au jour le jour les héros malheureux. Il est remarquable de signaler que, suite à des événements qui dépassent la famille (notamment la Révolution Culturelle), Septième Frère quittera sa famille et entamera une ascension sociale inespérée. Toute cette histoire est racontée par Huitième Frère, décédé peu après sa naissance et enterré près de la maison. Selon moi, ce procédé narratif n'apporte pas grand-chose au récit. Il n'en reste pas moins que le roman m'a fait une forte impression.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Septième Frère part toujours le dimanche matin très tôt ; cette famille lui répugne. Il n'a pas envie de regarder Père picoler, engueuler son monde et lancer dans un râle un gros crachat vert au milieu de la pièce. Il a horreur de voir Mère, maigre comme une allumette, jouer à la jolie gazelle dès qu'elle voit un homme et raconter comment le beau-père de telle famille a séduit sa bru et comment la belle-mère de telle famille a séduit son gendre.
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Septième Frère dit : si tu as réalisé que toutes les choses de la vie, et la vie elle-même, ne valent pas un sou, c'est que tu as compris que le seul fait d'avoir vécu jusqu'ici donne un peu de saveur à l'existence. Alors, tu peux aller et venir sur le chemin de l'existence humaine, léger comme un cheval céleste en cavale dans l'espace.
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Septième Frère dit : beaucoup de gens qu'on dit intègres ne vivent que pour eux-mêmes. Ils n'offensent personne mais n'apportent rien à la société, ni à l'humanité. On rencontre aussi des gens qu'on dénigre parce qu'ils s'enrichissent de façon malhonnête, mais à qui il peut arriver de donner une grosse somme d'argent pour la construction d'un hôpital ou d'une école. De ces deux personnages, peux-tu dire lequel est le meilleur et lequel est le moins bon ?
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Septième Frère a dit : qu'est-ce que je dois faire ? Le gars du Jiangsu a dit : change ta façon de vivre. Septième Frère a dit : Comment il faut vivre ? Le gars du Jiangsu a dit : agis pour changer ton destin, t'as pas à penser au pourquoi du comment. Septième Frère a dit : faut être déterminé et foncer, c'est ça ? Le gars du Jiangsu a dit : pense chaque soir aux souffrances que tu as connues, pense aux regards méprisants que lançaient les autres. Pense à tes enfants et petits-enfants qui suivront péniblement la même route que tu as suivie, en bas de l'échelle.
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Si tu as réalisé que toutes les choses de la vie, et la vie elle-même, ne valent pas un sou, c’est que tu as compris que le seul fait d’avoir vécu jusqu’ici donne un peu de saveur à l’existence. Alors, tu peux aller et venir sur le chemin de l’existence humaine, léger comme un cheval céleste en cavale dans l’espace.
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