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Critique de gill


Voilà donc un des deux livres, avec "L'Europe en Asie", qui me valut, un sombre jour de novembre, les foudres d'une muse "babeliote" qui enrageait de me voir défendre, au sortir de leur lecture, quelques-unes des plus belles pages de Claude Farrère.
Elle soupçonnait l'homme, mais aussi l'écrivain qu'il était, de fascisme et de racisme.
Sans être une groupie béate, il m'est arrivé pourtant d'éprouver pour cette plume marine quelque admiration.
Voilà donc un livre que j'ai lu avec beaucoup d'attention et que je "critiquerai" un peu plus longuement qu'à mon accoutumée.
Car si, comme les plaisanteries, les critiques les plus courtes semblent toujours être les meilleures, il faut pourtant savoir parfois aussi prendre le temps de la longueur.
Le décor du "grand drame de l'Asie" est le Japon, un Japon condamné par la Société des Nations pour sa politique impérialiste et ses exactions, un Japon que Claude Farrère retrouve presque 30 ans après avoir écrit, en 1909, son roman "La bataille" dont il fit aussi, en 1921, une superbe pièce de théâtre .
Le contexte du "grand drame de l'Asie" est le climat délétère de 1938 : une guerre déclarée entre la Chine et le Japon, un conflit larvé entre la Russie soviétique et le Japon impérialiste, la montée en puissance du fascisme européen avec au bout du tunnel la tragédie de la seconde guerre mondiale.
Le livre, tout d'abord, est écrit de façon magistral, avec une force qui pourtant n'exclut dans la tournure aucune des finesses dont la plume de Farrère est capable.
Le livre est un bel hommage au Japon, un Japon neuf en surface mais éternel en profondeur.
Débarrassé de ses épines de parti-pris, débroussaillé du fatras dans lequel il s'est enchâssé, élagué de ses branches mortes de vieux principes, le livre finalement s'avère être édifiant et diablement intéressant.
Car ce que dit d'abord ce livre sur son auteur c'est que Farrère, grand admirateur du maréchal Lyautey, est un homme qui a forgé sa personnalité à la fin du XIXème siècle.
C'est un homme d'autrefois, colonialiste et impérialiste, mais qui, affirmant n'avoir aucune estime pour le "teuton" qu'il devine prêt à fondre sur l'Europe, ne peut cependant pas être soupçonné d'être fasciste.
Quand au soupçon de racisme porté à l'encontre de Farrère, il ne tient pas la longueur de quelques lignes, de quelques "Fumées d'opium".
La Chine est ici décrite comme une grande civilisation dont le seule manque est de ne parvenir à fédérer ses différentes nationalités que sous la tyrannie.
La réflexion de l'ouvrage est complexe.
Sa clé se trouve à sa 87ème page.
Le propos est parfois dictée par un anticommunisme violent.
Et c'est bien la Russie du soviet qui est ici la cible du pamphlet.
Car L'homme est de droite.
L'écrivain se paie de toutes les audaces, jusqu'à même se permettre d'égratigner l'immense, l'intouchable Victor Hugo.
"Le grand drame de l'Asie" est un livre intéressant parce qu'il réaffirme une vieille amitié franco-japonaise.
Il est intéressant car il éclaire le contre-jour de l'Histoire, la schizophrénie des grandes démocraties européennes dénonçant le Japon mais pourtant aussi présentes en Chine et ailleurs en Asie.
Mais ce livre ne doit pas faire oublier que derrière le plaidoyer souvent se cache le crime.
Il est à lire sans naïveté.
Il est à réserver au lecteur averti.
Mais il est à lire pour mieux comprendre l'époque dont il provient ...
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