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Critique de batlamb


Plutôt qu'un essai, ce livre est une confession. Il retrace, dans un style simple et sensible, une partie du parcours personnel de Mélanie Fazi. Surtout connue pour ses nouvelles, cette auteur a eu le mérite d'accéder au succès critique et commercial en France via une forme d'écriture qui y est culturellement méprisée par des lecteurs conditionnés à l'idéal esthétique du roman, là où la nouvelle vise à la concision et au fait de laisser le champ libre à l'imagination, au-delà des mots.
Mais rien de tel ici : sans détour, Mélanie Fazi explique chronologiquement les manifestations, la compréhension progressive, puis l'acceptation libératrice de son absence d'appétence pour la vie en couple et l'idéal d'épanouissement que celle-ci constitue pour la plupart d'entre-nous.
Ses nouvelles exprimaient déjà cela subtilement, comme elle nous le démontre en nous fournissant au passage des clés de lecture. On retrouve d'ailleurs ici la même voix narrative que dans ses textes de fiction, avec les mêmes qualités introspectives… et les mêmes petits défauts (son inélégante manie de répéter le mot « tripes » dès qu'il est question de son instinct… oui, je chipote mais c'est moche).
Comme son titre légèrement accusateur le suggère, cette confession ne se prive pas de contre-attaquer face à une « normalité » perçue comme oppressante, voire blessante : « Les gens semblaient parfois trouver dommage que je renonce aux relations amoureuses (…) En retour je me suis toujours demandée comment ils supportaient de renoncer à la solitude. »
Je retiendrai d'ailleurs de beaux passages sur cette solitude, repli nécessaire à l'harmonie intérieure, ainsi que sur la nécessité de la fiction en tant que forme de communication plus riche que le langage ordinaire.
Petit bémol sur les « appendices » en fin de recueil, dont la focalisation sur la place de la femme face au patriarcat me semble obérer le fait que l'asexualité touche aussi des hommes, avec là aussi son lot de difficultés. Et j'ai envie d'exprimer un regret (certes égoïste) suite à la remarque du postfacier Léo Henry, qui loue Mélanie Fazi quant au fait que la fiction ne « suffise plus ». Effectivement, Mélanie Fazi n'a plus donné de ses... nouvelles depuis longtemps, et le livre ne dissimule pas un épuisement de son inspiration, qui ne semble pas s'être résolu depuis. J'aurais aimé que le mouvement positif de ce texte trouve un pendant dans la fiction. Peut-être faut-il être patient. En tout cas, ce livre aura, je l'espère, le mérite d'aider certains lecteurs à trouver des repères dans leur vie au même titre que n'importe quelle forme d'expression.
Merci à Dystopia et à Masse critique.
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