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Critique de Lutin82


Je vous invite à faire un saut sur mon blog pour une critique illustrée avec douceur.

Pair de l'Empire est la suite directe de Fille de l'Empire que j'ai critiqué dans ce blog et que j'avais beaucoup aimé. le lecteur suit les péripéties et les démêlées de la jeune souveraine des Acoma, Mara. Ce n'est plus la novice promise au temple de la déesse Lashima du tome précédent, mais une femme ayant acquis de l'expérience et une renommée certaine. Elle a prouvé qu'elle était un adversaire de choix dans le grand Jeu du Conseil. Et çà c'est impardonnable…

Son principal ennemi mort, la famille Minwanabi n'a pas accepté une telle défaite et la perte de prestige qui en a découlé. Son fils Désio promet au Dieu Rouge la tête bien faite de Mara et de toute sa lignée. Un tel engagement ne peut que se traduire par un massacre final et la déroute la plus complète pour la partie vaincue. L'issue sera tragique pour l'une ou l'autre des familles, aucune pitié, aucune compassion ne pourront renverser la situation.

Au nom de l'honneur, pour l'honneur et par l'honneur.

Bien entendu, cet affrontement mortel doit répondre à des exigences : l'honneur doit être sauf et les apparences préservées. En cela la Trilogie de l'Empire se distingue des Chroniques de Krondor de Feist (les deux appartiennent au même cycle). Il partagent un univers communs dont la fameuse Faille et Milamber (Pug) en particulier. le reste diffère sensiblement. Les lecteurs du cycle du Magicien risque fort d'être déroutés par le contenu, le rythme et la tonalité de l'oeuvre présente. Bien que la magie soit bien plus présente que dans le tome d'ouverture, elle reste toutefois marginale à la grande différence du monde Mikdémia. L'intrigue mise en place et l'univers exotique proposés par les auteurs exigent des subtilités et des manoeuvres politiques tout aussi intéressantes que des batailles à coup de glaive ou de boules de feu. Dans le cadre de cet ouvrage, elles sont bien plus judicieuses.

Par conséquent, le rythme diffère et ceux qui attendent un récit enlevé rythmé par des batailles épiques ou de grandes démonstrations de magie en seront pour leur frais. La déception les attendra au détour des 900 pages. Ce n'est pas pour autant que l'histoire lambine. La mise en échec de Mara exige des trésors de patience aggrémentés de petites incursions discrètes et meurtrières. Nous suivons donc les déplacements des pièces de chacune des parties essayant de se neutraliser et de prendre l'avantage dans ce jeu d'échecs particulier et mortel. Tentatives d'assassinats, combats rapprochés, luttes d'influences, pots de vins, guerre d'usure, pièges et trahisons sont au programme. Bref, le lecteur n'a pas le temps de s'ennuyer!

Effectivement décrit en ces termes, beaucoup penseront au célébrissime Game of Thrones. Il est vrai que les similitudes existent entre les deux oeuvres. Il s'agit d'un vaste enjeu politique, mais là ou GoT est sanglant et brutal, Pair est subtil et feutré (attention, j'adore GoT, ce n'est pas une critique). Au delà de la fantasy, le livre de Feist et Wurst nous plongr dans une ambiance toujours aussi nippone, avec ses emprunts au Buhshido, à la mode vestimentaire, à l'architecture et à l'histoire typiques de l'ère Edo. J'ai également ressenti une influence de l'Europe des XIII° et XIV° siècles avec ces différentes manoeuvres destinées à s'accaparer du pourvoir, ce morcèlement de la souveraineté sur un même territoire ainsi que ces luttes entre différents barons. En outre, le panthéon des divinités tsuranis peut s'associer aisément à la Rome antique ou à la Grèce hellénique. Cet ensemble de saveurs est particulièrement équilibré et cohérent. L'univers de la Trilogie de l'Empire est totalement addictif, riche et visuellement captivant.

En ce qui concerne les personnages, le partition des deux auteurs américains est parfaite, Janny Wurst n'est sans doute pas étrangère à une telle sensibilité. Mara n'est pas invincible ou omnisciente, et cela lui confère une touche d'authenticité appréciable. Elle est faillible et parfois fragile. Dans Pair de l'Empire, nous découvrons également une femme amoureuse, déterminée, ouverte et dure. L'avenir de l'Empire lui tient à coeur, et c'est grâce à un esclave qu'elle remet en cause son héritage, s'engage alors une réflexion politique sur la structure même de Tsurani…

Les personnages qui l'entourent sont d'une belle consistance et variés, avec un Kévin de Mikdémia charmeur et magnifique. du côté des Minwanabi, les deux cousins ont du corps et leur évolution les rend, non pas sympathique, mais dangereux et capables.

Cette oeuvre riche est enthousiasmante et mérite un belle place dans les oeuvres de fantasy de référence. Il y aura sans doute des déçus qui attendent un récit dans la veine des Chroniques de Krondor, pour ma part cette trilogie est plus aboutie et plus mature.
Lien : https://albdoblog.wordpress...
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