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Critique de le_Bison


Le soleil se couche dans la moiteur de la jungle. Seul au comptoir, je bois ma bière en silence, silence de la jungle. Clac ! un moustique en moins, tâche noire et sang sur le comptoir. le silence se fait de nouveau, silence de la jungle. le serveur me sert un verre de cachaça. le perroquet se tait. L'atmosphère se bloque. Il se trame un truc. Et dans truc, je n'entends rien de sexuel, à mon grand regret, la seule pute du village est avec le colonel. Un truc du genre spirituel, un verre de rhum se pose sur le comptoir. Il fait soif. Pour contrer le triptyque chaleur-humidité-moustique, en Amazonie, on compose avec bière-cachaça-rhum. le remontant de la vie. La musique de la vie. D'ailleurs, à propos de musique, suis-je le seul à l'entendre ? Je me retourne, personne dans la taverne. J'ai déjà oublié que je suis du genre à boire seul, dans ma vie. le silence s'est subitement tu. Des notes sortent du fleuve. Un piano blanc qui vogue le long du Rio Negro. Étonnant. Je crains d'avoir trop bu. Et pourtant, tout le village est là, sur les rives d'Esmeralda, curieux de cette musique, et de cet étranger qui joue du piano assis, les yeux fermés.

Il s'appelle Amazone Steinway, Amazone comme le fleuve, Steinway comme le piano. La musique de la vie, la vie est un long fleuve pas aussi tranquille que l'Amazone.

Pourquoi son piano blanc a-t-il échoué là ? Et lui donc, quel est son secret ? Il y a du mystère dans l'air, des questionnements qui me poussent à me retrancher sur mon comptoir. Une nouvelle bière, un nouveau verre de rhum. J'oublie le cachaça. L'exotisme a du bon chez les femmes, pas dans mon verre.

Alors que j'écoute la musique d'Amazone Steinway, les yeux clos, le coeur battant de souvenirs, d'ondes tropicales et de désirs sensuels, une voix me guide vers Esmeralda. Elle me susurre ses notes, et surtout elle me transporte dans la moiteur de l'Amazonie, pour une belle histoire d'amour et de regrets, de jazz et de musique, de bières et de rhums. Mon élément, doigts de pied en éventail dans le hamac, une blonde qui m‘apporte une bière, une brune qui m'évente avec sa feuille de bananier. Dis Steinway, tu peux me jouer un air, un de tes standards free. Oh oui, mon élément, mon univers, les moustiques en plus attirés par mon sang mêlé au rhum brun du coin.

La musique s'aventure dans mon coeur comme un moustique le ferait dans mon oreille. La lune illumine la jungle amazonienne. de verte, elle prend une teinte bleutée, un bleu-lune qui donne envie de s'y perdre. Une nuit d'une chaleur qui donne envie de se baigner nu dans une rivière de bière – l'onirisme du roman me charme si bien que je remplace sans état d'âme l'eau boueuse par des litres de cervezas locales. Une chaleur telle qui me voit finir la tête, la langue entre les cuisses d'une femme dégoulinante d'une sueur ambrée. Écoute. le silence. le jazz. le silence de ma vie.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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