AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de enjie77


« Voilà les seuls souvenirs que j'ai de mon père. Je n'ai jamais eu l'occasion de lui exprimer combien je l'aimais, ni même le soulagement de pleurer quand il est mort. Amoureux de mon père, je l'ai toujours été, je le reste. Ma mère, je l'ai admirée, je l'ai crainte, je ne l'ai pas aimée. Lui c'était l'absent et c'était le failli, l'homme perdu sans honneur. C'était le paria.
Jamais d'occasion directe devrais-je ajouter. Les personnages des romans que je me suis mis à écrire plus tard – héros fourvoyés, partagés entre la célébrité professionnelle et la flétrissure sociale – sont à l'image de la première idée que je me suis formée de mon père. Tous ils adressent, en quelque sorte, un message de solidarité à mon père. »


Tout est dit en quelques lignes. C'est avec émotion que j'ai parcouru l'enquête intime de Dominique Fernandez par laquelle, il tente de comprendre ce qui a amené son père, un grand critique littéraire, d'abord d'une sensibilité humaniste, à glisser doucement vers le fascisme. Pas évident pour Dominique Fernandez de reconstituer le parcours de Ramon ,de s'approcher au plus près de la vérité. Ramon dont le sang qui coule dans ses veines, est le même que le sien. Est-ce que cela s'attrape Docteur ?

Alors Dominique raconte ses rendez-vous manqués avec son père, le divorce de ses parents, un père qui ne s'est pas occupé de lui, une mère dont le regard lui interdit d'aimer son père, une absence terriblement cruelle.

Il ne cherche pas à dédouaner son père, loin de lui cette idée. Comment un homme, de la renommée de Ramon qui a fréquenté Proust, Aragon, Roger Martin du Gard, a pu, tout doucement écrire des articles qui encensaient Doriot. Collaborer avec l'occupant ? Qu'est ce qui peut justifier une telle dérive. Alors Dominique, il épluche tout avec frénésie!

C'est aussi une photographie pas toujours très reluisante des milieux intellectuels français de l'époque et de leur responsabilité.

J'ai bien noté parcouru. J'ai sauté certaines pages. C'est un gros pavé de 800 pages, tout est analysé, y compris les agendas de sa mère, les écrits des uns et des autres, les journaux, les correspondances, les témoignages. Dominique remonte jusqu'à ses origines mexicaines, ses investigations se veulent honnêtes.

Pourtant, j'ai ressenti à chaque page lue, l'espoir de Dominique de trouver, enfin, une once de justification.

Aujourd'hui, les écrits de Ramon sont ensevelis avec son passé.
Vous êtes oublié Monsieur Ramon Fernandez sauf pour votre fils et je lui souhaite d'avoir été quelque peu apaisé par cette enquête.
Commenter  J’apprécie          5911



Ont apprécié cette critique (54)voir plus




{* *}