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Critique de gabb


Alice, pardon, il faut que je te confesse quelque chose...
J'ai fait ta connaissance l'an dernier, avec le règne du vivant, et je garde un souvenir ému de cette rencontre éblouissante. Je me faisais une joie de te retrouver et de m'extasier à nouveau sur ta prose lumineuse, alors je n'ai pas hésité une seconde quand j'ai vu que Grâce et Dénuement, ton troisième roman (primé en 1998) était disponible à la bibliothèque.

Las, je l'avoue piteusement, ce deuxième rendez-vous a vite douché mon enthousiasme.
Les thèmes que tu as choisis (ceux de la misère, de l'exclusion sociale de l'inégalité des chances), avaient pourtant ce qu'il faut de profondeur et de complexité pour suciter mon intérêt, de même que ton écriture toujours forte et maîtrisée (même si pour dire vrai, je n'y ai pas retrouvé toute la puissance qui m'avait emporté dans le règne du vivant...)
Et pour finir bien sûr, ton message me "parle", ce message plein de tolérance et d'humanité que tu nous adresses par la voix d'Esther, la jeune bibliothècaire devouée corps et âme à la cause d'une famille de gitans installés quelque part en banlieue parisienne, dans la plus grand précarité.

Mais alors pourquoi cette petite déception, pourquoi cet arrière-goût de rendez-vous manqué ?
Sans doute en premier lieu à cause de tes personnages que j'ai trouvés trop caricaturaux. D'un côté la bonne samaritaine immaculée, de l'autre une fratie de tziganes marginaux et violents, que l'on a du mal à différencier et qui semblent se complaire dans leur misère et dans leur ostracisme. Je n'ai trouvé ni chez l'une ni chez les autres suffisamment de nuances et de sincérité pour m'en faire des amis.
Evidemment, l'indigence morale et matèrielle de la vieille Angéline et des siens nous touche, leur fierté et leur résilience nous impressionne, mais quand cette fierté vire à l'arrogance, quand les propositions d'intégration ou d'améliortion de leur condition (notamment celle des enfants) sont systématiquement rejetées, la corde sensible finit malheureusement par céder.

Quant au récit en lui-même, dont le cadre se cantonne à l'espace restreint des caravanes et du terrain vague crasseux, il tourne en boucle indéfiniment autour des visites successives d'Esther sur le camp. J'ai fini par le trouver ennuyeux et répétitif, d'autant que les progrès en termes de dialogue et d'ouverture à l'autre s'avèrent minimes. Les hommes restent des alcooliques machos et agressifs, la condition des femmes est toujours aussi déplorable, les enfants s'éveillent doucement à la lecture mais il n'est toujours pas question de les scolariser et les dernières pages du roman sont au moins aussi moroses que les premières... Chronique d'une impasse, quoi.

Question dénuement, Alice, c'est très réussi. Pour ce qui est de la grâce, je suis désolé de ne pas pouvoir en dire autant.
Tu m'en veux pas trop, hein, Alice ? On reste amis ?
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