AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Cricri124


"Était-il possible que Mario me quittât ainsi, sans préavis ? Il me paraissait invraisemblable que, de but en blanc, il se désintéressât de ma vie comme d'une plante arrosée depuis des années qu'on laisserait soudainement mourir sous la canicule. Je ne parvenais pas à concevoir qu'il eût décidé unilatéralement de ne plus me devoir d'attention."

Quand son mari la quitte après 15 ans de vie commune, commence alors pour Olga, la narratrice, une lente mais vertigineuse descente aux enfers. Elle, la femme posée, calme, polie change du tout au tout. Elle devient négligée, violente, ordurière, confond ses pensées et la réalité. Elle ne parvient pas à faire face au sentiment d'abandon suscité par cette rupture, et perd ses repères et son identité. Elle s'enlise dans des interrogations, des incompréhensions, qui flirtent de plus en plus dangereusement avec la folie, ses 2 enfants et son chien dans son sillage. Nous ne pouvons que l'observer sombrer, perdre pied, lutter maladroitement (très maladroitement!) pour sortir la tête de l'eau où elle est train de se noyer... jusqu'à cette journée fatidique, cauchemardesque, où rien ne va plus, où plus rien n'est à sa place, et où elle se retrouve emmurée avec un enfant malade et un chien à l'agonie.

A partir d'un thème banal et maintes fois abordés, l'auteur explore avec talent les méandres tourmentés de l'âme après une rupture. Écrit à la première personne, nous sommes immergés dans les pensées d'Olga, son désarroi, ses désirs, ses illusions perdues, ses angoisses, sa réalité. Point d'apitoiements ni de larmoiements pour autant. Elle fait d'ailleurs son autocritique sans complaisance. L'approche est étonnante, et surtout l'écriture est flamboyante. Il fallait qu'elle le soit pour me tenir accrochée. On est parfois dans l'exagération et la surenchère mais paradoxalement les phases d'acceptation et les émotions sont disséquées avec un réalisme brutal qui rend l'air suffocant et irrespirable. Je suis toujours impressionnée par ces auteurs qui parviennent à instaurer une atmosphère particulière. Et dans ce livre, elle est particulièrement oppressante, au rythme d'un lancinant exorcisme. C'est brillamment amené mais c'est dérangeant. D'ailleurs, si je devais n'utiliser qu'un mot pour résumer cette lecture, c'est celui que je choisirais : une lecture dérangeante.

Commenter  J’apprécie          647



Ont apprécié cette critique (47)voir plus




{* *}