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Citations sur Les Jours de mon abandon (116)

Comme un corps qui a été traversé par la mort pèse lourd, la vie est légère, il ne faut permettre à personne de nous la rendre pesante.
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Carla avait fait son apparition chez nous au bon moment. (...) Mario devait l'avoir prise pour son futur, mais au contraire, il avait désiré le passé, ce temps de jeune fille que je lui avais déjà offert, et dont il avait maintenant la nostalgie. Elle-même avait peut être cru lui donné un futur, et elle l'avait encouragé à y croire. Mais nous nagions tous en pleine confusion, moi la première. J'attendais un temps qui n'arrivait jamais, tandis que je m'occupais de mes enfants, de Mario, le temps ou je recommencerais à être telle que j'avais été avant mes grossesses, jeune, mince, énergique, effrontément convaincue de pouvoir faire de moi je ne sais quelle femme mémorable. Non, pensais je en tordant la serpillère et en me redressant à grand peine : à compter d'un certain moment et toujours par la suite, le futur est seulement une nécessité de vivre au passé.
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J'aspirais à la plate certitude des journées normales, même si je savais trop bien que dans mon corps un mouvement frénétique vers le haut, un frétillement perdurait, comme si j'avais vu un vilain insecte venimeux tout au fond d'un trou et que toute une partie de ma personne était en train de se retirer en agitant les bras, les mains, tout en ruant. Je dois réapprendre- me dis-je - l'allure paisible de qui croit savoir ou il est en train d'aller et pourquoi.
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Un long lambeau de vie passée ensemble et on pense que c’est le seul et unique homme avec qui on aimera vivre sa vie, on lui attribue certaines vertus résolutoires, et c’est, au contraire, seulement un bois émettant des sons de fausseté, on ne sait qui il est véritablement, il ne le sait pas davantage lui-même. Nous sommes des occasions.
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Mon mari avait retiré ses pensées de ma personne pour les transférer ailleurs. A partir de maintenant, il en irait ainsi, je serais seule pour toutes les responsabilités qu'auparavant nous partagions.
Je devais réagir, je devais m'organiser.
Ne pas céder, me dis-je, ne pas m'étaler de tout mon long.
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Je me décidai, suffit avec la douleur. Aux lèvres de leur bonheur nocturne, je devais faire adhérer les lèvres de ma revanche. Je n'étais pas une femme mise en pièce sous le coup d'une rupture, d'une absence, jusqu'à en devenir folle, jusqu'à en mourir. Seuls quelques menus éclats s'étaient arrachés de ma personne, pour ce qui était du reste, je me portais comme un charme. J'étais intacte, je resterais intacte. A ceux qui me font du mal, je leur rends la pareille. Je suis le huit d'épées, je suis la guêpe qui pique, je suis le serpent sombre. Je suis l'animal invulnérable qui traverse le feu sans se brûler.
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Les gestes habituels, on les fait dans sa tete même lorsque, par habitude, la tête a désormais cessé d'en prendre acte.
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Quelle décision injuste, unilatérale. Souffler sur le passé comme sur un insecte horrible qui s'est posé sur sa main. Mon passé, et non seulement le sien avait conduit au désastre. Je lui demandai, je le suppliai de m'aider à comprendre si ce temps là avait au moins eu une certaine densité, et à partir de quel moment il avait pris cette allure de dissolution, et, bref s'il avait été véritablement un gaspillage d'heures, de mois, d'années ou si, au contraire une signification secrète le redimait, en faisant une expérience susceptible de donner de nouveaux fruits.
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Mais, pour les enfants, peut-être n'y a-t-il aucune différence entre ce qu'on menace de faire et ce qu'on fait réellement.
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Je passais les nuits et les jours qui suivirent à réfléchir. Je me sentais engagée sur deux fronts: m'en tenir fermement à la réalité des faits en contenant le flux de mes images, de mes pensées ; chercher dans le même temps à me donner du courage en m'imaginant telle une salamandre occupée à traverser un feu sans en ressentir aucune douleur. (...)
Mario écrivais-je afin de me stimuler, n'a pas emporté le monde, il n'a emporté que lui-même. (...) Tu ne jouiras plus de l'éclair de ses yeux, de ses paroles, et quand bien même ? Organise tes défenses, préserve ton intégrité, ne te laisse pas rompre tel un bibelot, tu n'es pas une fanfreluche, aucune femme n'est une fanfreluche. La femme rompue, ah, rompue, rompue mes couilles. Ma tache pensais-je consiste à démontrer qu'on peut rester saine d'esprit. Me le démontrer à moi-même, et à nul autre. Si je suis en butte aux lézards verts, je lutterai contre les lézards verts. Si je suis en butte aux fourmis, je lutterai contre les fourmis. Si je suis en butte aux voleurs, je lutterai contre les voleurs. Si je suis en butte à moi-même, je lutterai contre moi-même.
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