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Critique de Arakasi


Ca commence à sentir méchamment le roussi pour les Habits Noirs… Un jeune procureur, Remy d'Arx, s'est mis en tête d'abattre l'association de malfaiteurs, à commencer par ses chefs tellement habitués à se prélasser dans les hautes couches de la société qu'ils en avaient oublié cette petite chose négligeable qu'on appelle la justice. le bougre est compétent, intelligent, aussi tenace qu'un dogue, il en sait déjà beaucoup et en apprend davantage chaque jour. le problème, c'est qu'un procureur, ça ne se zigouille pas comme un quelconque fâcheux. Pour se débarrasser définitivement de lui, il faudrait faire preuve à la fois d'efficacité et de discrétion. Bref, commettre le crime parfait. Heureusement, le bon colonel Bozzo, paternel et tyrannique dirigeant de l'association, a mis au point une arme infaillible capable de tuer sans laisser la moindre trace, une arme sournoise, mortelle, invisible… Autant dire que notre courageux procureur n'a aucune chance.

Ce 4e opus est court, très court, trop court même, mais c'est bien la seule reproche que je lui ferai. Certes, on ne peut pas dire que le suspense soit à son comble puisque l'on sait très bien que l'association survivra à ces péripéties et que, si ses chefs connaîtront finalement une mort violente et bien méritée, ce ne sera pas dans ce tome-là. Tout le plaisir est donc de découvrir comme le jeune et brave procureur se fera dessoudé ou déshonoré par les manoeuvres du diabolique – mais tellement amusant – colonel Bozzo. Et quel plaisir ! C'est tellement agréable d'admirer l'oeuvre d'un grand artiste et, du génie, l'horrible vieux bonhomme en a revendre. A noter que, une fois n'est pas coutume, « l'Arme invisible » est un roman à suite et se termine sur un cliffhanger haletant. Pour l'avoir déjà lu, je sais que le tome suivant, « Maman Léo », tiendra toutes ses promesses, ce qui fera de ces deux opus le point d'orgue de la saga des « Habits Noirs ».

Cette critique me donne l'occasion de souligner une particularité fascinante des romans de Féval : le goût du bizarre. Albinos, bossus, cul-de-jatte, nains, hercules… Ils sont nombreux à arpenter son oeuvre, du « Bossu » aux « Habits Noirs » en passant par « le Loup Blanc ». Mais contrairement au bon père Dumas, Féval ne fait pas obligatoirement rimer difformité et malfaisance. Sous les haillons d'un mendiant et le rictus inquiétant d'un saltimbanque, peut se dissimuler l'âme d'un héros. Deux personnages s'avèrent particulièrement marquants, à savoir la directrice de cirque Maman Léo et le Marchef. La première, joyeuse bonne femme aux proportions colossales, dirige d'une main virile son petit monde de monstres de foire, tandis que le second, exécuteur redouté des Habits Noirs, cache sous une apparence terrifiante un coeur tourmenté et occasionnellement généreux. Intrigants, effrayants, drolatiques, attachants… Ils sont le sel des romans de Féval.
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