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Critique de EnibasEmolas


Maria Luisa habite Lisbonne, dans l'appartement que ses parents ont acheté à leur retour du Mozambique, elle est professeure de portugais et d'anglais à l'université et elle est belle ! Elle se le dit souvent comme un mantra. Elle est sensuelle et épanouie sexuellement avec David, le seul et unique... Jusqu'ici tout va bien, sauf que Maria Luisa c'est aussi « a gorda », la grosse en portugais, toute en douceur et rondeur pour les uns, « la baleine » ou encore « le poids-lourd » pour les autres.
La Grosse c'est l'histoire d'un premier amour déçu, malheureux forcément sinon il n'occuperait pas la narratrice jusqu'à la fin de son récit. C'est aussi une histoire de famille où chacun prend soin des deux autres sans le dire, juste parce que c'est comme ça, dans un mélange de traditions portugaises, de bondieuseries catholiques imprégnées de magie populaire et juste de bienveillance.

C'est aussi une histoire de mauvais choix : la mauvaise copine de pensionnat, toute maigre et mytho au dernier degré qui esclavage Maria Luisa adolescente. le mauvais petit copain, premier amour passionné qui se case avec une autre, plus « dans le moule » socialement et physiquement. le mauvais choix de corps, qui grandit et grossit à vue d'oeil. Il faudra du temps mais Maria Luisa réussira à reprendre la main sur tout, enfin presque.

En filigrane c'est l'histoire du Portugal qui défile, Isabela Figueiredo sème son récit des événements politiques et historiques importants de son pays mais aussi du monde. Ainsi la mort du père de Maria Luisa coïncide avec la chute des tours jumelles de New York, en 2001, sa mère disparait en 2014, après lui avoir répété « il faut que tu apprennes à prendre soin de toi. Je ne durerai plus très longtemps ».
Et c'est ce qu'elle fait, enfin, après avoir passé une partie de sa vie à « nourrir la bête immonde », la faim ou sensation de faim, et assouvir ce besoin de se remplir, Maria Luisa décide de reprendre possession de ce corps et subit une gastrectomie : « c'est moi qui commande, mon corps ne mouftait pas ».
Cette double perte marque un tournant nécessaire à sa vie d'adulte : perdre ses parents, et 40 kilos, et la voilà aux commandes de sa vie.

Elle met fin aussi à la nostalgie de ses parents, « retornados », portugais nés dans une ex-colonie (Angola, Mozambique, Guinée, Cap-Vert, São Tomé e Principe) et obligés de rentrer au pays pour tout recommencer. C'est comme ça qu'avait commencé son remplissage, seule en internat, pendant que ses parents étaient toujours au Mozambique à tenter de sauver les meubles, après l'indépendance du pays en 1975.
Aussi à l'image de cet empire portugais démantelé, à la mort de sa mère, une pièce de l'appartement est rebaptisée « Empire » et Maria Luisa y entrepose les meubles et objets ramenés des années plus tôt du Mozambique, avant de les donner.

Isabela Figueiredo m'a happée avec l'histoire de la Grosse et m'a donnée envie d'en connaître plus sur l'histoire des "retornados" portugais, prochaine lecture: Carnet de mémoires coloniales!


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