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Critique de MartinServal


Un livre riche en références et en citations, qui tourne malheureusement trop souvent au procès avec Élisabeth de Fontenay en procureur, garant de la morale, sommant Alain Finkielkraut de s'excuser d'avoir lu ou rencontré telle ou telle personne, d'avoir osé penser hors des bornes qu'elle a elle-même posées. Comme souvent l'immiscion de la morale dans le débat est néfaste puisqu'elle empêche la libre circulation des idées.

À Finkielkraut qui doute, s'interroge, remet en cause les dogmes, bref en un mot : pense, de Fontenay oppose la dureté de la morale, l'opiniâtreté et l'obstination dans son jugement. Pourtant, juger c'est se priver d'un questionnement...

Même quand elle comprend et, d'une certaine manière, adhère aux arguments de son ami, elle préfère s'inquièter des coïncidences de discours avec des personnalités que sa morale réprouve, reprenant ainsi e vieux réflexe bourgeois qui consiste à sacrifier le souci de la vérité à la sauvegarde de son image, là où Finkielkraut fait l'exact inverse en cherchant la vérité quel qu'en soit le prix, fut-il de penser avec ceux dont il ne faut pas dire le nom.

Ce livre en somme, c'est une opposition entre l'enracinement d'Alain Finkielkraut dans la tradition et la rupture moderne d'Elizabeth de Fontenay. le premier défend la nécessité de la continuité historique quand l'autre soutient la fracture avec "l'avant", l'affranchissement de notre héritage et l'idée que l'Homme doit détruire et déconstruire pour reconstruire un Homme nouveau. Cependant, toujours dans L Histoire ce mythe de l'Homme nouveau a conduit aux totalitarismes et aux pires horreurs du progrès technique : éradication des plus faibles, pauvreté, famines, déportation de tous ceux qui portent en eux une once d'historicité, individualisation menant à une extrême fragilité, troubles psychologiques, etc. de Fontenay, qui a pourtant largement pu constater son erreur fondamentale en étant confrontée à la réalité de l'URSS alors qu'elle avait apporté tout son soutien intellectuel, avec les autres penseurs de son temps, au socialisme soviétique, persiste à s'y enfoncer coûte que coûte. Mais cette émancipation qu'elle appelle de ses voeux n'est en réalité qu'une nouvelle soumission à un paradigme neuf : on ne se libère pas de notre historicité, on se laisse endoctriner par le progrès.
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