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Critique de Elise_ademimot


À mi-chemin entre la fantasy et la science-fiction (et plus précisément le steampunk), le premier tome d'Incarceron nous propose un univers original et bien exploité. On distingue deux mondes qui s'opposent : Incarceron et l'Extérieur.

Incarceron est une prison gigantesque, qui a sa propre volonté (elle est personnifiée). Elle surveille les détenus qui peuplent ses entrailles, se modifie à sa guise et applique ses propres jugements. Voleurs, meurtriers et voyous de toutes sortes y ont été enfermés, non seulement pour débarrasser le royaume de la vermine, mais aussi pour tenter une expérience orchestrée par les Sapienti (sortes d'érudits et de sages) : faire de la prison une société nouvelle, un paradis. Mais le résultat semble bien loin de celui escompté, la vie dans Incarceron est une lutte de tous les instants. Depuis sa création, la prison est sellée, personne n'y rentre, personne n'en sort.

"Ils ont construit la Prison dans l'idée d'y déverser et enfermer tous leurs problèmes mais ils nourrissaient tout de même l'espoir de créer une société meilleure."
"Nous subissons aussi la discipline de la Prison, cet être invisible qui nous surveille, nous punit et nous gouverne. [...] désormais, c'est la Prison qui commande. Elle pense par elle-même."

L'Extérieur de la prison est un royaume figé au 18e siècle. Suite à la décision du roi Endor , cette société scientifiquement très évoluée, a dû retourner à un mode de vie bridé et idéalisé, celui du 18e siècle, et suivre le Protocole. Ce Protocole impose de nombreuses règles et contraintes, obligeant les habitants du royaume à adopter un comportement propre à l'époque désignée, à masquer leurs avancées technologiques et scientifiques et les remplacer par les anciennes. Ils doivent également veiller au choix de leurs vêtements et de la décoration de leur demeure, pour qu'ils soient conformes au 18e siècle. L'Extérieur est une prison à sa manière, où se trament complots et trahisons.

"Certains parmi nous sont riches et vivent bien, mais nous ne sommes pas libres. le Protocole nous enchaîne. Nous sommes esclaves d'un monde vide et immobile [...] Rien ne change jamais, rien ne pousse, n'évolue, ne se développe. le temps est arrêté, le progrès est interdit."

Le récit raconté à la 3e personne, est alterné entre les points de vue de deux groupes de personnages, l'un dans la Prison, l'autre à l'Extérieur. Au début, j'ai eu quelques difficultés à entrer dans l'histoire, je me suis sentie perdue. Cela est dû, je pense, à certaines descriptions qui sont incomplètes. J'avais du mal à visualiser certains personnages, et à me situer dans leur environnement. Mais heureusement, passé les cent premières pages, tout est rentré dans l'ordre et j'ai été littéralement happée par l'histoire. Les chapitres sont justement dosés, ni trop courts, ni trop longs, on parvient sans peine au bout des 500 pages et on en redemande !

Les personnages sont nombreux et fouillés. Je ne vous les présente pas tous, mais chaque personnage est intéressant à sa manière.
Finn est un prisonnier d'Incarceron. Malgré sa mémoire confuse, il est intimement persuadé qu'il vient de l'Extérieur (ce qui semble impossible car la prison a été sellée il y a longtemps) et cherche par tous les moyens à s'évader.
Claudia vit à l'Extérieur. Elle est la fille du directeur d'Incarceron. Promise au prince héritier du royaume, elle compte les jours qui la sépare d'une destinée qu'elle ne veut pas. Sévère et têtue, elle veut absolument percer les mystères de la prison et s'évader de sa "cage dorée".
Jared est le professeur de Claudia, un Sapiens. Il est atteint d'une maladie qui le ronge et est le seul en qui Claudia a confiance. C'est un personnage que j'ai beaucoup aimé !
Sapphique est le seul homme, qui d'après la légende, a réussi à s'enfuir de la Prison. Sorte de prophète, nul ne sait ce qu' il est advenu de lui.

Ce livre nous propose une réflexion profonde sur la liberté, sous pratiquement tous ses aspects. Chaque personnage cherche finalement à s'évader. Finn et ses compagnons veulent quitter la Prison, Claudia veut fuir sa destinée, certains habitants du royaume vivant sous la contrainte du Protocole oeuvrent pour y échapper, Incarceron s'interroge sur le fait de s'évader de soi-même...

"Nous sommes en train de mourir, Claudia. Il faut faire exploser cette forteresse de briques que nous avons construite. Il faut fuir cette roue que nous tournons sans cesse comme des rats. Nous libérer, voilà ce à quoi j'ai voué mon existence. Si je dois y perdre la vie, cela m'est égal, parce que même ma mort sera une sorte de libération."

Dans pratiquement tous les passages descriptifs, une espèce d'oiseau est mentionnée. Je ne croit pas que cela puisse être une coïncidence, j'y vois plutôt une allégorie de la liberté.
Deux autres grands thèmes nous amènent également à nous interroger : la surveillance et la nature humaine.

Pour conclure :
Malgré un début un peu difficile, j'ai vraiment adoré la premier tome d'Incarceron. L'univers original développé, les thèmes abordés et les personnages fouillés, font de ce livre une belle réussite. Il me tarde de savoir la suite ! La lecture du deuxième tome est déjà au programme, puisque je me suis inscrite à la lecture commune du T2. pour le 27 août.
Lien : http://a-demi-mot.blogspot.b..
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