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Critique de Tchev


Nous devions embarquer sur le Sultan des Mers, vers 22h30. J'avais préparé minutieusement mes affaires. Ni elle ni moi n'avions anticipé la suite des événements. Les derniers rayons du soleil rasaient la mer qui était ce soir vraiment très calme. le bateau est arrivé à quai. Personne n'en est descendu. Elle m'a regardé, ses yeux clairs comme l'eau plongeaient dans l'incompréhension. Où étaient les voyageurs ? Je lui répondis avec un mouvement de tête, quand soudain…

Un homme est apparu sur le pont. Soulagement ? Non. Succinctement, nous étions invités à rentrer chez nous. L'embarcation n'avait plus lieu. L'homme nous avait annoncé une panne technique, obligeant le Sultan des mers à l'immobilité. Des yeux de ma femme, l'incompréhension s'était propagée dans tous les esprits, l'excuse de la panne ne pouvait nous satisfaire…

Le lendemain, de retour à Berlin, le Berliner Morgenpost titra son article principal : « Incompréhension et mystères règnent à bord du Sultan des mers ». Je le lus avidement, en quête de réponse :

« Hier, stupeur et incompréhension ont frappé les voyageurs qui s'appétaient à embarquer à bord du Sultan des mers, selon nos sources sur place, il semblerait que des histoires de disparitions soient actuellement liées à ce paquebot. On nous a rapporté par exemple l'histoire tragique de la femme et du fils de Martin Schwartz, disparus subitement en haute mer. Cette disparition inquiétante n'avait à l'époque, provoqué aucun remous dans l'actualité. Est-ce un événement isolé ? Non, des informateurs nous rapportent des cas similaires à bord de nombreuses croisières. Pourquoi personne n'en parle ? Il est déjà très difficile de retrouver un corps tombé dans l'eau en plein milieu de l'océan atlantique. Et la pression des grands groupes maritimes censure les journalistes qui tentent de résoudre les affaires. Personne n'en parle car personne ne peut en parler… […]

Pour en revenir à l'affaire Martin Schwartz, il semblerait que ce dernier soit retourné sur le paquebot il y a quelques semaines. Vraisemblablement, il faisait même partie des voyageurs qui devaient descendre hier soir à quai. Toujours selon nos informateurs sur place, il aurait été appelé pour résoudre une enquête à bord, une enquête liée à la disparition de sa famille.. Et durant ses investigations, il aurait été témoin de scènes terribles, loin de tout ce qu'est capable d'endurer un humain normal. Que peut-il bien se passer dans un paquebot labyrinthique, au dédale des pièces cachées, aux cales énigmatiques ? Quels secrets Martin Schwartz a-t-il pu découvrir dans les profondeurs du Sultan ? Pourquoi le paquebot est-il resté à quai durant toute la nuit ? »

L'auteur de l'article était Sebastian Fitzek. Habitué des textes forts, il savait me mettre l'eau à la bouche. Il travaillait pour le Berliner Morgenpost depuis des années. Ses capacités d'écriture avait permis au journal de rebondir après la grande Crise d'il y a cinq ans. Il avait par exemple élucidé le mystère de la Thérapie, célèbre histoire du malheureux psychiatre Viktor Larenz. Sa plume acérée était au service d'histoires toujours plus horrifiques, qui donnaient au lecteur l'envie de devenir à son tour enquêteur.

A la fin de son article dans le Berliner Morgenpost, Sebastian Fitzek proposait de poursuivre la lecture de l'histoire de Martin Schwartz, dans son livre Passager 23. Ce dernier indique-t-il, avait d'abord été censuré par les groupes maritimes, mais il s'était battu pour que l'histoire de Martin Schwartz puisse toujours exister. Je décidai donc d'aller me procurer l'ouvrage dans la librairie la plus proche…

La journée suivante, après avoir terminé la lecture de Passager 23, je sus que ma vie allait prendre un nouveau tournant. Si un lieu où l'horreur était à son apogée, c'était définitivement dans le Sultan des mers. Je me réjouis de n'avoir pas eu le malheur d'y monter, la peur était bien trop pesante. Mais paradoxalement, je me suis acheté un billet à l'instant, et je m'y rendrai dans quinze jours…
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