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Critique de Antyryia



Tout d'abord, un petit conseil : Si votre fille se fait enlever APPELEZ LA POLICE !
Non mais c'est vrai quoi, c'est quoi ces héros qui refusent de prévenir des personnes compétentes pour tout gérer à leur idée ?
De toute façon le kidnappeur ne va pas vous dire que vous pouvez contacter le FBI, qu'y a pas de soucis, que de toute façon vous avez largement le temps et que votre enfant n'a rien à craindre. Il connaît le scénario. Si tu préviens les flics je la butte. Eh bien prévenez les quand même !
Si vous ne le faîtes pas et que vous payez la rançon, que vous faîtes sagement tout ce qu'on vous dit, vous pensez vraiment que ça multiplie vos chances d'avoir une happy end ?
Laissez faire les professionnels. Vous êtes monsieur ou madame tout le monde, et vos compétences dans l'enseignement, l'architecture, la maçonnerie ou la comptabilité franchement ça vaut pas tripette pour vous sortir tout seul de ce merdier.

C'est comme Mats, le héros de Siège 7A. Lui il est psychiatre. Sa fille Nele, avec qui il n'a eu aucun contact en quatre ans, va accoucher.
Ce seront donc les retrouvailles, le pardon de les avoir abandonnées elle et feu son épouse.
Du coup il prend l'avion de Buenos Aires vers Berlin, ayant hâte de rencontrer sa future petite fille et de renouer des liens avec son enfant.
18 heures de vol l'attendent donc, 18 heures d'angoisse plus précisément parce qu'il est aviophobe, totalement terrorisé par ces machines qui franchissent océans et continents à dix kilomètres d'altitude. L'homme n'y a pas sa place. Et malgré son métier, il est incapable de lutter contre sa propre terreur de voir ces engins de mort s'écraser.
Il est obsédé par les crashs aériens et des formules toutes faites comme "prendre l'avion est à peu près aussi dangereux que de prendre l'ascenseur" ne parviennent pas à le raisonner.

En caricaturant à peine, Mats reçoit durant son voyage un appel qui lui fera presque oublier sa phobie aéronautique.
- Allo, vous êtes bien Monsieur Krüger ?
- C'est moi, oui. A qui ai - je l'honneur ?
- Ecoutez - moi bien attentivement. Nous avons enlevé votre fille. Au moment où je vous parle elle est en train d'accoucher seule dans une vieille étable abandonnée. Si vous voulez la revoir en vie, vous allez faire exactement ce que je vous dis.
- Pas de soucis, je vous écoute.
- Vous allez provoquer le crash de cet avion. Vous avez dix-huit heures. Sinon votre fille mourra dans d'atroces souffrances. Inutile de vous dire de ne pas prévenir les flics.
- Mais ...
La communication est brusquement coupée quand Mats s'apprêtait à demander comment il reverrait sa fille s'il mourait pendant le vol.
"Si le fou furieux parvenait à ses fins, six cent vingt-six personnes mourraient perfidement assassinées."
Il reçoit alors une photo de sa fille enchaînée en train d'accoucher dans d'horribles conditions sur un tas de paille.

Très embêté, Mats ne prévient évidemment pas la police. S'il faut se suicider en emportant avec lui plus de six cents innocents, alors il le fera. Il le faut bien sinon Sebastian Fitzek n'aurait plus rien à raconter !
Donc il appelle Felicia, une consoeur qui était secrètement amoureuse de lui et dont il a profité une nuit avant de s'enfuir au Brésil.
- Coucou Feli, comment vas tu depuis que je t'ai larguée ?
- Mats ! Tu ne pouvais pas tomber plus mal ! Imagine-toi que je me marie aujourd'hui !
- Toutes mes félicitations, sincèrement ! Mais tu pourrais pas remettre à un autre jour ? Là j'ai besoin de toi tout de suite.
- Tout ce que tu voudras, dis-moi ce qui te préoccupe.
- Eh bien Nele a apparemment été enlevée par des gens méchants et ça serait chouette que tu la retrouves. En plus elle va être maman aujourd'hui.
- Et tu ne préfères pas prévenir les autorités compétentes ?
- Je préfère que ce soit toi qui t'en occupe sincèrement, sinon j'ai peur qu'il lui arrive malheur.
- Je comprends. Je prends une douche et j'y vais. Et sinon toi quoi de neuf ?
- Ben je suis dans l'avion.
- Tu dois atterrir vers quelle heure ?
- Je suis pas sûr d'atterrir à vrai dire puisque je dois trouver une solution pour que l'avion s'écrase. Ou pour qu'il ne s'écrase pas. Je n'ai pas encore vraiment décidé.
- le moins qu'on puisse dire c'est que ça fait pas mal de coïncidences ! le même jour toi qui doit détourner un boeing, ta fille qui va devenir maman et moi qui me marie !
- Et encore tu ne sais pas tout ! A bord de mon vol se trouve une ancienne patiente devenue hôtesse de l'air par exemple.
- Et tu es vraiment sûr qu'on va y arriver à deux ? A déjouer cette conspiration ?
- Mais oui ne t'inquiète pas, on va gérer.

Tout ça pour dire que Fitzek y a été quand même très fort cette fois-ci avec sa mise en scène peu crédible pour ne pas dire rocambolesque.
Sachant que c'est juste le postulat de départ et que bien d'autres surprises totalement inattendues et tirées par les cheveux parsèmeront le roman par la suite, ne laissant aucun répit au lecteur pendant près de 370 pages.
Vous donneriez probablement votre vie pour celle de l'un de vos enfants, mais être prêt à l'échanger contre celle de six cents personnes sans même peser le pour et le contre en jouant au jeu meurtrier d'un maître chanteur, ça ne vous choque pas un tout petit peu ?
Je sais bien que parfois la réalité dépasse la fiction, mais franchement là ... non.
En suivant tour à tour Mats, Feli et Nele, le lecteur ne cesse de tomber de Charybde en Scylla.
Zéro crédibilité et cent pour cent suspense.

Donc tout dépend du type de lecteur que vous êtes.
Si vous recherchez une histoire plausible, dans laquelle vous pouvez vous identifier aux personnages et vous imprégner de leur psychologie et de leur réalisme, alors mieux vaut passer votre chemin.
Si en revanche vous acceptez de passer un bon moment de détente avec un scénario totalement tarabiscoté mais qui au final se tient, alors acceptez de vous laisser emmener par la main par le maître ès thriller allemand dont la réputation n'est pas usurpée.
Personnellement je fais davantage partie de la seconde catégorie, lire est avant tout un loisir, et Siège 7A remplit parfaitement cette fonction. Comment ce scénario catastrophe va-t-il se terminer ? A qui peut bien profiter un tel carnage ? Est-ce un acte terroriste, une cible est-elle visée en particulier ?
Feli va-t-elle retrouver Nele à temps ?
Et les chapitres se dévorent ainsi les uns après les autres parce qu'on se laisse tout simplement prendre au jeu.

En outre Siège 7A nous en apprend un peu plus sur les raisons qui poussent les personnes à devenir végétaliens, sur les causes créant chez de nombreux passagers une telle claustrophobie une fois enfermés dans un colosse métallique, ainsi que sur les limites bien réelles cette fois de la sécurité une fois à bord de ces machines aériennes.

C'est le troisième thriller de Fitzek que je lis.
Tous sont très différents mais ont pour point commun comme tout bon livre du genre qui se respecte de se dévorer en quelques heures.
Le somnambule proposait une histoire qui flirtait avec le fantastique et l'inexplicable, le colis quant à lui était davantage psychologique en nous plongeant dans les méandres de la mémoire d'une mythomane dont la crédibilité est constamment remise en cause.
Les lecteurs de ce dernier roman se souviennent d'ailleurs peut-être du docteur Roth ? Sachez que même si tous ces livres sont totalement indépendants les uns des autres, celui-ci fait son retour dans Siège 7A.
Dans des circonstances que je vous laisse bien sûr découvrir.

Et quitte à me répéter, si un jour vous recevez par la poste le premier doigt de votre épouse disparue parce que vous n'avez pas encore libéré ( un exemple au hasard ) un virus pouvant déclancher une pandémie mondiale, alors ne cédez pas à la tentation. Laissez faire les experts et la probabilité qu'il y ait des survivants ne pourra être qu'exponentielle.

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