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Critique de Ode


Sous les paillettes des Années folles, en à peine 200 pages, Francis Scott Fitzgerald dépèce un des plus grands mythes américains, la réussite du self-made man, illustrant au passage un adage vieux comme le monde : l'argent ne fait pas le bonheur.

Qui est Jay Gatsby ? Qui se cache derrière ce bel aventurier qui étourdit la jet-set new-yorkaise de ses somptueuses réceptions ? C'est ce que va nous aider à découvrir son voisin Nick Carraway, le seul à approcher Gatsby de près et à recueillir ses secrets.

La réussite ostentatoire de Gatsby n'a qu'un but : reconquérir la belle et délicate Daisy. C'est la brûlure de cet amour de jeunesse au-dessus de sa condition qui l'a poussé, par son engagement dans la Grande guerre et d'autres moyens plus troubles, à gravir l'échelle sociale. Lorsque son argent lui permet enfin de se fabriquer un personnage digne de côtoyer le milieu de Daisy, la jeune femme est déjà mariée au riche et arrogant Tom Buchanan, qui la trompe sans vergogne. Gatsby va donc solliciter son voisin Nick Carraway, qui est aussi le cousin de Daisy, pour revoir la jeune femme. Mais un malheureux enchaînement de circonstances va transformer les retrouvailles en tragédie...

Formidable roman d'ambiance, Gatsby le Magnifique nous transporte dans le quotidien de la jeunesse dorée des années 20, qui noie son ennui dans l'alcool, les clubs, les virées en voiture dans les palaces et une certaine forme de libertinage... Ce vernis d'insouciance n'arrive cependant pas à masquer les fêlures de l'âme et, dans le cas de Gatsby, une solitude au goût de désespoir. Tout en profitant de la générosité de Gatsby, la haute société de Long Island – Tom Buchanan en tête – le méprise comme un parvenu. Et aucun bien de ce monde ne pourra acheter son idéal : ravir le coeur Daisy et l'épouser. À la fin du livre, la rencontre de Nick Carraway avec le père de Gatsby, qui lève le voile sur son enfance, est un moment poignant qui ne s'oublie pas.

J'aime comparer Gatsby au Grand Meaulnes, les ayant découverts tous deux à l'adolescence. Malgré l'écart de style, d'époque et de culture, ces deux destins tragiques contés par un sage narrateur-confident sont pour moi aussi intenses et mystérieux. Comme François Seurel avec Meaulnes, Nick Carraway observe Gatsby se brûler les ailes à la flamme de ses rêves. Avec une différence notable cependant : la profonde amitié de Seurel permet à Meaulnes de survivre au désenchantement, tandis que l'inclination polie de Carraway et sa prise de conscience tardive ne suffisent pas à sauver Gatsby.

Chaque livre a été magnifiquement porté à l'écran et dans mon souvenir, Gatsby aura à jamais les traits de Robert Redford, amoureux fou de Mia Farrow dans le film un peu irréel de Jack Clayton. A contre-courant de la tendance actuelle, je n'ai pas envie d'en altérer l'image par une version plus moderne.
« C'est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé ».
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