Citations sur Adelphe (33)
En effet Marcel avait vécu, avant, deux ou trois nuits avec une créature croisée dans sa jeunesse sur un boulevard. Une femme qui avait le diable au corps, la foudre aux yeux et dont le souvenir était une vilaine tache à son âme, avait-il confessé d’une voix sourde. Dans son regard le remords perçait, la béance d’un impossible pardon, aussi Adelphe avait-il posé une main sur son épaule, sa manière de l’absoudre. Mais Marcel n’avait pas lâché la faute, la questionnait, l’homme devait-il toujours en passer par là, par l’erreur avant de grandir ? Pourquoi l’histoire ne retenait-elle jamais rien ?
oui, c'est l'histoire d'une double soumission, celle d'une part d'une bête de somme, la servante, au service d'un patron dur à la tâche... et du coeur; de l'autre celle de la femme, comme toujours née dévouée à la cause des hommes. Qu'ils puissent se satisfaire sous leurs jupons, les ensemencer jusqu'à ce qu'engrossement s'en suive et ainsi assurer leur descendance!
Le curé est une vieille connaissance qu’il a un peu délaissé cette année . Pourtant c’est un bon compagnon, toujours partant pour la modernité avec qui il a déjà partagé des bières et deux ou trous déconvenues, des espoirs communs qui n’avaient pas trouvé preneur
En réalité ce soir tout en lui est repu, l’heure est la douceur, il n’est pas d’humeur à égratigner quiconque et assure à sa gouvernante que son pot-au-feu est un véritable délice. Elle répond d’un borborygme ponctué d’un sourire mesquin ; une éclaboussure qui le plonge instantanément dans un court-bouillon désenchanté.
Ainsi vont peut-être certains hommes de père en fils sans la clé des femmes, avec l’incertitude pour seule boussole.
Il s’imaginait avoir un œil ouvert sur le monde mais ce n’était pas le bon, le gauche. Son iris se concentrait sur un ordre des choses tissé dans l’étoffe d’une nature qu’il croyait éternelle, or la fibre est friable et se délite lorsque sous l’habit on se heurte au moine, ce vieux fossile entravant depuis la nuit des temps l’horizon des femmes. Que certaines puissent être lasses de marcher à l’ombre, il n’y avait jamais songé. Que Gabrielle mérite la lumière, c’est une évidence. Adelphe s’en veut. Il s’en veut d’autant plus qu’il n’est pas frileux, plus maintenant qu’il a vécu la guerre, qu’il a vu l’homme dans le plus laid des bourbiers, déchiqueté, les boyaux a l’air, hurlant comme un goret, alors oui, que le monde bouge mais comme il faut cette fois.
Il s'imaginait avoir un œil ouvert sur le monde mais ce n'était pas le bon, le gauche. Son iris se concentrait sur un ordre des choses tissé dans l'étoffe d'une nature qu'il croyait éternelle or la fibre est friable et se délite lorsque sous l'habit on se heurte au moine, ce vieux fossile entravant depuis la nuit l'horizon des femmes.
La garce ! Jamais il n'avait imaginé que Gabrielle...Quoi ? Qu'elle ose des choses pareilles, se comporter ainsi en garçonne, sans vergogne, cramponné à sa rétine, une image tenace et pas si vilaine s'il est honnête avec lui-même.
Oui tout est là, dans l'étrange attitude de sa gouvernante. Quelque chose d'impensable. Mais il ne peut s'empêcher d'y penser. Sa vie va ainsi de pire en pire, percluses d'interrogations malaisées, une existence arthritique.
Il se contente d'une existence parcimonieuse sans jamais se risquer à aller voir un peu plus loin s'il pourrait faire autrement, envisager les choses en plus grand, par-delà le bout de son nez.