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Critique de mfrance


Adelphe, pasteur apprécié de ses paroissiens dans un bourg où il officie depuis longtemps déjà, reçoit de la main d'une de ses ouailles, la resplendissante Gabrielle, le prix Goncourt de l'année 1920, Nêne, d'Ernest Perochon. "Sans doute y trouvera-t-il matière à sermon" dit-elle.
Mais il y trouvera beaucoup plus que cela !
Car ce livre, Nêne, conte l'existence désolante d'une servante au service exclusif d'un maître, dont elle est secrètement amoureuse, mais qui ne voit en elle que l'élément indispensable à son bien-être.
Il dit tout ce livre, d'après Gabrielle ; en tout cas il dénonce la condition des femmes, livrées entièrement au bon vouloir d'un homme en ce début du vingtième siècle.

Or, en 1920, après le conflit mondial, où les femmes ont eu comme tâche de faire marcher le pays pendant que les hommes étaient au front, il devient inadmissible qu'elles n'aient aucun droit ! pas plus celui de voter, que de gérer leur contraception ou d'avorter, d'intervenir dans les affaires publiques ou de mener la maisonnée à leur guise.
Autour d'Adelphe gravitent plusieurs femmes, Gabrielle bien sûr, Blanche, puis Elise, Rebecca et Cécile. Et chacune d'entre elles aura sa façon, bien à elle, d'échapper à la domination masculine, de conquérir son autonomie, sous le regard d'abord effaré d'Adelphe, puis consentant et admiratif.
Car lui qui, jusqu'alors, vivait dans le confort feutré de son presbytère sans s'interroger sur la marche du monde, va, suite à la lecture de ce roman et à l'effet qu'il fait sur ses paroissiennes s'en poser des questions, et comme il est homme de bonne volonté, il va peu à peu évoluer et remettre en cause la plupart des choses qu'il tenait pour acquises.

Ce qui donne un roman subtil, tout en nuances, centré exclusivement sur l'évolution des êtres en sondant leur âme, en étudiant leur comportement.
Là réside d'ailleurs le bémol que l'on peut attribuer à cet ouvrage : alors qu'il couvre quarante ans d'histoire de l'après première guerre mondiale à l'avant mai 68, les événements qui ont bouleversé le monde sont à peine esquissés et la seconde guerre mondiale juste effleurée !
Bien sûr, ce n'est pas le sujet du livre, mais c'est regrettable, car on a un peu l'impression que les personnages vivent hors sol, préoccupés presque uniquement par leur histoire d'amour, d'amitié et de libération .......
Mais Isabelle Flaten offre au lecteur un texte surprenant au style délicat et tout en finesse, les hommes n'y sont pas enfoncés pas plus que les femmes ne sont trop et exclusivement célébrées !
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