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Critique de Tachan


Tachan
14 décembre 2023
Le drama et moi en général ça fait deux, mais quand on me vend une romance hommage à Romeo et Juliette avec un couple MxM et une histoire de guerre des clans dans le Londres actuel, j'avoue, ça m'intrigue ! Ajoutez à cela l'enthousiasme communicatif de Marie (Bangarang Daily sur Insta) et vous comprendrez pourquoi j'ai osé me lancer dans ce roman fleuve.

Pourtant je dois avouer que quand j'ai vu que le roman avait d'abord été publié en ligne avant d'être remanié pour cette sortie papier, j'avais quelques appréhensions… souvent je n'aime pas ces textes, je trouve leur qualité moindre. Quand on me parle de mélodrames et de guéguerres entre famille, cela trigger aussi plusieurs de mes warning, me lassant assez vite de ce genre de schémas. Et pourtant, cela l'a très bien fait ici. Certes, j'ai levé les yeux au ciel à de nombreuses reprises, certes la plume aurait pu être plus travaillée, mais j'ai trouvé cette lecture addictive et j'ai trouvé que Florie C. proposait par moment de superbes développements sur les personnes victimes de traumatismes et leurs bourreaux. Elle a ainsi su transcender mes appréhensions.

Avec ses plus de 800 pages, le roman en raconte des choses, mais surtout l'autrice prend le temps de planter son décor de guerre des clans entre deux familles très puissantes à Londres : les Hamilton et les Rosenbach, qui ont été obligés de se partager les quartiers de la ville pour tenter d'éviter les conflits sauvages qui les agitent. Mais bien sûr avec des jeunes en pleine ébullitions, les dérapages sont impossibles à éviter. C'est ce qui va se passer sous nos yeux avec une double histoire d'amour impossible qui va secouer les deux camps et les emmener très loin dans les problèmes.

J'avoue, j'ai trouvé assez savoureux de voir l'autrice reprendre le schéma de Romeo et Juliette dans cette romance New Adult assez classique dans son genre. C'était chouette de revoir des scènes clés comme le bal, le duel, le faux suicide, mais aussi des personnages emblématiques transposés ici de manière plus moderne au sein des familles de chacun, de la nounou en passant par Mercutio ou les parents. Seul le prêtre a manqué, je crois !

J'ai ainsi beaucoup aimé découvrir les histoires de ces deux familles que l'autrice nous dévoile progressivement au fil des événements qui se mettent en branle après les coups de foudre respectifs de Lily et Noah chez les plus jeunes et Daël et Lior chez les un peu plus âgés, deux amours hors-clan, interdits, dans lequel les premiers vont facilement plonger, tandis que les autres vont essayer de résister. J'ai trouvé que l'autrice brodait à merveille son histoire autour des tensions entre les différents membres de chaque côté, de qui a commis un viol, de qui une tentative de meurtre, de qui encore joue les faux petits amis pour se venger, tandis qu'une autre cherche à intimider et faire peur, et j'en passe. On passe notre temps à suivre les coups et réponse aux coups de chacun, tandis que les héros se trouvent pris en plein milieu.

Cela aurait pu vite m'agacer, et j'ai parfois (souvent) levé les yeux au ciel devant tant de clichés, mais c'était tout de même ultra addictif, car je me demandais ce qu'ils allaient encore bien pouvoir inventer d'un côté et ce que j'allais découvrir de leur passé de l'autre. Je me suis aussi progressivement attachée à tout ce petit monde et ils sont nombreux de chaque côté, l'autrice équilibrant bien entre garçons et filles et proposant des personnages féminins forts et masculins sensibles pour contrer pas mal de clichés. Il faut dire que les casseroles qu'ils se traînent les uns les autres ne peuvent que les rendre touchant. On a quand même des victimes de viol, des drogués, des alcooliques, un handicapé, un malade en phase terminale, des ados en crise et j'en passe. Impossible de ne pas en trouver un avec qui ça colle. Moi, j'en ai même trouvé plusieurs.

La romance se mélange donc aux histoires de famille complexes des deux côtés que l'autrice bien dévoiler au fil des problèmes qui éclosent au cours de l'histoire et vont permettre à tout le monde de poser cartes sur tables et de régler les traumas de bien d'entre eux. Ce sont des romances poignantes. Celle de Lily et Noah est assez mignonne. Ils sont jeunes, fougueux, rebelles. Mais elle est assez discrète au final. Celle de Daël et Lior est plus intense, plus chargée émotionnellement, avec des personnages plus cabossés que leurs traumas et envie de sauver l'autre ou se sauver rapproche. Même s'ils furent parfois agaçants à tour de rôle dans les maladresses grossières que l'autrice leur faisait commettre, ils sont restés très attachants à mes yeux de bout en bout. J'ai aimé la prévenance de Daël face aux traumas de Lior, sa fragilité cachée également derrière sa figure de Chef dur à cuire. C'est mon chouchou. J'ai eu plus de mal avec Lior, ses caprices, sa jeunesse telle que représentée ici de manière assez clichée, et ses addictions. Ce n'est pas un sujet qui me passionne. Heureusement l'autrice en parle bien aussi et décortique les mécanismes qui conduisent des gens comme lui à ce stade.

Les mises en scènes choisies étaient particulièrement efficaces. L'autrice a vite su comment me rendre accro à leur histoire. Déjà, elle a choisi ma chanson préférée par Lior (Running up that hill – version Placebo), que j'ai eu en tête pendant toute ma lecture et encore. Ensuite, elle a trouvé plein de petits gimmicks à eux : les rencontres sur le pont, les bisous sur le ventre, les nuits chez Daël, les petits surnoms et les échanges par texto… qui me les ont rendu adorables. J'ai donc adoré suivre leur relation compliquée de « je t'aime mais je ne peux pas être avec toi » où ils s'attiraient et se repoussaient tour à tour avant de revenir l'un vers l'autre, tandis que leur guerre des clans progressait. C'est bien joué !

Mais surtout, l'autrice m'a conquise par ses quelques éclairs de génie qu'elle a eu autour des personnes victimes de violence. Elle a tenu des discours très juste sur eux et pour eux, en leur donnant la parole ou en prenant leur défense et cela m'a énormément touchée. Quand elle dit à un garçon (Stan) qu'en faisant croire à une fille qu'il l'aime alors que non, pour se moquer d'elle, c'est aussi une forme de violence, elle a raison. Quand elle dit à quelqu'un qui a menti pour défendre un parent – violeur, que c'est aussi une forme de violence pour la victime, elle a raison. Quand elle dit que les personnes non victime des violences sexuelles ne peuvent pas comparer leurs autres traumas à celui-ci et se croire victime de la même façon, elle a raison. Et encore de plein d'autres façons : sur le handicap, sur les violences faites à soi-même, sur l'abandon, etc. Alors certes sa plume est souvent très simple mais les idées derrière pas du tout.

Alors oui, Lovers est une romance assez classique qui reprend bien des clichés des guerres des clans depuis le fameux Romeo et Juliette dont il s'inspire, mais c'est aussi un texte puissant et moderne qui porte un très beau et puissant discours sur les victimes de tout type de violence. J'ai été très touchée par l'histoire des multiples héros et héroïnes de cette histoire. J'ai aimé ce cadre familial, très urbain et limite mafieux, qui me changeait des New Romance que je lis habituellement. Ce fut vraiment une lecture riche et dense dans un univers parfaitement exploité qui a très bien repris les marqueurs de la pièce de Shakespeare.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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