Cette neige tient
extrait 3
machine arrière
en ce temps il faisait encore neige
si de loin douce
(sa ouate)
qu’on ne croyait pas à la fiction
du froid
le blanc paraissait suffisant
seul signe
de pureté
à perdre
l’écriture ne m’avait pas encore prise
(aussi loin que je remonte ce temps n’a
pas été)
Cette neige tient
extrait 2
écoute
le silence
rafraîchir
les lignes
il faut ta cage
à l’écho
un silence tenu é
vite qu’on entasse
ce livre entré en légère
lévitation
dans la verticalité rat
ionnelle des rayons
ce n’est pas le silence
qui enterre
un regard converti
en grappes grammaticales
par mon canon à neige
…
Cette neige tient
extrait 1
neige je fais fondre le noir
entre mes doigts broient du blanc
entre nos mémoires nous revenant
des fantômes veillent par la fenêtre je
devine le jour venu
le vieux corps crayeux de la ville
couchée
voisine du vide l’inconnu ne me gêne
pas
j’aime comme il se mélange
familièrement à tout
des hommes dorment parmi nos
derniers squelettes d’arbres vais-je les
réveiller
n’ai-je fait que reculer la nuit à l’œil
nu ou la répandre plus avant
crissement de l’écrit
mes gestes d’alléger ploient sous la
charge du réel
...
la myopie guette
j’y vois comme vous
et moi la myopie guette
sous les phrases voyantes des choses
sont là mais on ne me voit pas à travers
vue que je donne à voir l’œil
qui est derrière mon regard devient le vôtre
un livre s’y prête
les pins grimpent comme des écureuils
une table fait planche
sous le cèdre ciel
soudain toutes les fleurs on sent
qu’elles sont faites pour
se recueillent à la source d’être pas
sagères attention les heures sont
aux manettes
il est rare qu’une fleur s’élève
à la hauteur d’un arbre est trop loin
de la mer pour l’imiter
même s’il stagne étincelle sur place
eau en faux feu
dans son lent balancement approchant
lire serait lancer une passerelle à temps
pour sauter
mettons tout ce qui tient du pont entre
coupé
je dis juste
je dis juste
qu’un poète
sert à s’enrichir
initie à ce que vous savez
avec son spray
montre comment
jouir sur une fleur
se rendre compte
d’un gravier
depuis votre avion
c’est chant la poésie
c’est chant la poésie
n’a plus ses règles depuis
plus d’un siècle
rajeunissant d’être peut-être
à force d’être
moins répandue que les
mots en général
tu parles sur le tard d’une
technique éculée ou plutôt
d’un art mis au point du
lingus
dans ce goût-là
La poésie n’est pas racontable
La poésie n’est pas
racontable
intrigue
c’est un fait
le compact de la prose ne me fait pas
l’effet physique des vers
c’est quelque chose qui fait
quelque chose