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EAN : 9782714312235
240 pages
José Corti (22/08/2019)
2.04/5   13 notes
Résumé :
La femme, la mère, la fille, Dolorès : même personnage qui se sépare, se débat, va de l’avant. Naître et mourir, elle n’arrête pas. On la rencontre, on la reconnaît. Elle n’a pas de masque, elle commence à prendre un visage. Alors même qu’elle s’efface. On ne peut pas s’empêcher de la suivre.

Ceci n’est pas ma vie. C’est donc la vôtre. Je veux dire cette vie une et nue, ou plutôt ce moment obscur qu’est le dénouement d’une histoire, de toute histoire.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Il faut être plutôt en forme et optimiste lorsqu'on attaque Dénouement, qui est une apologie du verre à moitié vide, incarné par une jeune femme sur qui le destin s'acharne obstinément : son couple bat de l'aile, son enfant la rejette c'est d'ailleurs un petit monstre insupportable, son travail ne la passionne pas et l'angoisse et la relation avec ses parents la conforte dans son sentiment d'imposture. La séparation est inéluctable, avec perte et fracas, le macho qui est son ex, entend bien tout gagner dans l'histoire. L'attitude de l'enfant, la confronte à ses propres faiblesses qu'elle vie comme autant d'échecs dont elle s'attribue tous les torts. Quelle soit femme, mère ou enfant, Dolorès porte bien son prénom.

Une petit lueur d'espoir apparaît lorsqu'elle essaie de se reconstruire, après un épisode de dépression sévère : Internet est un portail facile mais peu fiable. La rencontre et la relation qui se met en place avec Jean semble vouée dès le départ à l'échec.

Belle écriture avec le sens de la formule, mais un tantinet désespérant tout de même. La pathologie dont souffre cette jeune femme appose un filtre grisâtre sur le scénario de sa vie, et une petite thérapie semblerait hautement nécessaire, sans laquelle le schéma d'ensemble risque fort de se répéter sans relâche

Histoire malheureusement banale d'une dépression ordinaire, avec une vraie qualité d'écriture.
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La vie post-divorce

Après avoir voulu se construire une famille, Dolorès se retrouve seule, débarrassée d'un mari volage, mais aussi de son fils. Pour son premier roman Aurélie Foglia raconte cette période difficile où la dépression vous gagne.

Une histoire somme toute banale, mais de celles qui vous marquent pourtant à tout jamais. Dolorès a eu envie d'y croire, à cette vie de famille heureuse auprès d'un mari attentionné qui l'aide à éduquer leur enfant. Mais bien vite le rêve prend une tournure plus difficile, les premiers accrocs viennent s'ajouter à une gestion difficile d'un emploi du temps saturé. L'usure pointe, la crainte de la chute s'installe et avec elle ce sentiment d'avoir failli. Aussi, c'est honteuse que Dolorès se sépare de Christophe, même si les torts sont bien plus du côté du pervers narcissique, volage et déstabilisant. Comme elle l'avoue à sa mère, elle n'en peut tout simplement plus : «Un couple d'accord c'est fragile, d'accord on peut réparer, sauf que parfois c'est cassé. Et quand c'est cassé c'est cassé.»
Un sentiment d'autant plus fort qu'elle n'a pu obtenir la garde de leur fils David. le manipulateur a gagné sur tous les registres. Son dossier est en béton armé: «Sa façon de contester dans son tête-à-tête avec le juge ce qui avait été convenu entre eux et leurs avocats, de se poser en victime pour faire modifier le texte en sa faveur. Il n'a pas hésité à la faire passer pour la mère qui a abandonné le foyer conjugal, au bilan une pauvre fille pas très responsable ni très équilibrée qui cherche en prime à lui soutirer son argent. Et lui le pauvre, devant faire face avec un enfant en bas âge. Plus une grosse maison sur les bras, toutes les charges, les frais qui pleuvent. N'hésitant pas à pleurer misère malgré son salaire de cadre. Et cette femme qui fait n'importe quoi. le juge dans sa poche.» 
La voilà qui se retrouve anéantie. Pourtant, elle n'est pas au bout de ses peines. David va lui faire payer très cher sa déchéance. Avec son salaire de prof de math, elle ne peut lui offrir qu'un logement sommaire, loin de l'univers auquel il était habitué. du coup, il se rebelle, lui fait sentir sa déchéance, allant même jusqu'à cette cruelle sentence : «Je ne t'aime pas». À quoi peut-elle alors se raccrocher? L'alcool? Les antidépresseurs? Les réseaux sociaux? Les ami(e)s? Les objets familiers qui l'entourent? Autant de pis-allers qui sont autant de pièges. Même Jean, découvert via un site de rencontre, et avec lequel elle va entamer une nouvelle relation, ne pourra enrayer cette spirale dépressive.
Aurélie Foglia réussit fort bien à décrire les affres de l'abandon, des difficultés qui s'enchainent et qui rendent de plus en plus difficile la reconstruction. Ce roman de l'effondrement, vous l'aurez compris, est un récit dur, impitoyable. Un roman à la Soulages, avec des nuances de noir.


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"Le pessimisme est d'humeur ; l'optimisme est de volonté."
Alain, "Propos sur le bonheur"

"Et si elle n'en veut pas, de la liberté ? Elle ne pense qu'à s'en débarrasser de sa liberté, cette seconde virginité malvenue de la solitude."

Elle, c'est Dolorès. La douleur, c'est elle.
Alors, quand elle se peint ainsi,

"Elle qui est si bien lunée. S'émerveillant, d'aussi loin qu'elle se souvienne, d'une branche qui bouge, d'une nuance dans un nuage, toujours d'accord et de bonne humeur, au point que cette joie sans raison fait d'elle un être presque inadapté au réel, à sa jungle, à ses logiques sombres et rapaces."

pitié, ne vous faites pas avoir, c'est un faux !

Dans ce roman, tout n'est qu'absence d'horizon et de perspectives, tout est d'une grisaille éteinte et désolante.

Enseignante de mathématiques en collège, Dolorès quitte Christophe, son mari volage, abandonne derrière elle le confort d'une maison et son fils, David, un gamin odieux qui, la plupart du temps, la laisse vaincue :

"Cet enfant n'a jamais fait corps avec elle, même quand elle le portait, un inconnu qu'elle découvre toujours avec une sorte de crainte."

"Dénouement" raconte, quoi de plus banal, la séparation d'un couple. le désarroi et la dépression post-divorce qui menacent Dolorès d'effondrement sont transcrits dans une langue moderne faite de phrases hachées, déconstruites pour dire sa souffrance, son impossibilité d'être à ce qui l'entoure, la perte de ses repères :

"Un restaurant sert non pas à manger mais à se retrouver face à face et patienter, c'est-à-dire parler, n'avoir rien d'autre à faire que se."

Le texte est saturé – gangréné serait plus juste - de termes négatifs, dépréciatifs : le climat y est "menaçant", "impossible", "difficile", "monotone" ; elle y est "craintive", "abîmée" ; les gens y sont "frileux" ; les meubles, "sombres", les photos, "surexposées" ; tout n'est que "malentendu", "écroulement", "fissures" ; les objets sont "cassés", "échoués". La syntaxe, quant à elle, suinte de phrases aux formes au pire négative au mieux restrictive, c'est dire !

"Ils n'étaient pas. Pas spécialement séduisants. Pas jeunes pas riches rien. Ne crois pas. C'était pas moi qui choisissais. Je. Prenais ce qui se présentait."

"Dénouement", écrit du seul point de vue de Dolorès, pâtit des choix narratifs opérés. Cette monotonie univoque, même si elle sert le propos, m'a anéantie dans ce flot que Dolorès "débite à toute vitesse sans y mettre d'intonation" et où peu de clichés m'auront été épargnés.

Alors quand soudain, là, vers le milieu du livre, je tombe enfin sur ce que je n'attendais plus,

"Elle, Dolorès, se lance. Il est grand temps. Parce qu'à présent de tout son être abîmé il y a quelque chose dont elle veut se saisir, c'est la vie."

l'incurable optimiste que je suis veut y croire. Je me dis que la lectrice en moi va pouvoir aller l'avant, s'extirper de ce marasme, de cet horizon bouché, indépassable et sans issue. le moment est venu de rompre avec le passé, pour elle, avec les 146 pages précédentes, pour moi et, pour nous deux, de jeter un dernier coup d'oeil dans le rétroviseur avant de prendre un nouveau départ.
J'en serai pour mes frais.
C'est accablant !
Alors, quand se noircissent les dernières lignes, je suis soulagée de pouvoir unir ma voix à celle de Jean, amant de passage trouvé sur Internet :

"Je ne peux plus. Je te jure. Peux plus. À bout. On s'était juré de ne pas s'installer dans le mensonge tu te souviens ? Je pars à l'étranger. J'ai quelqu'un."

Je pars. J'ai une autre lecture.

1er roman,
Lu pour la session automne 2019 des #68premieresfois.


Lien : https://www.calliope-petrich..
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Lu dans le cadre des 68.
"Elle est si fatiguée. Fatiguée comme un arbre. Il y a tellement de façons de rompre. de façons si différentes qu'on ne croirait pas qu'elles puissent porter le même nom. Il y a la façon qu'a une feuille, discrète, feutrée, préparée, au point que quand elle se sépare de la branche on dirait plutôt un détachement. Il y a la façon qu'a la branche elle-même fracassante, ayant attendu un soir de tempête, n'en pouvant plus de vent et d'effort, pour casser d'un coup, laissant une blessure laide au tronc avec le sentiment persistant d'un manque, d'un déséquilibre."
C'est l'histoire d'une usure, d'un désespoir, de la vulnérabilité, de la honte.
Voici venu le moment de la grande résolution : partir.
Dolorès est une épouse, une mère, une prof de math qui s'accommodait du rapport confortable dans sa vie aux objets, à sa famille tel le robot ménager fiable, silencieux.
Elle se décompose, elle s'effondre de l'intérieur.
Elle même devenue la chose de son mari, elle s'écroule. Transparaît ainsi sa fragilité.
Deux axes dans ce livre sont intéressants.
Tout d'abord, les personnages : ils sont tous abominables, monstrueux.
Sa mère, être égoïste et insensible, le vieil ami, mi fermier mi rentier qui donne un sens à la vie via le chagrin et le renoncement, son fils, David, petite boule de refus destructrice et cruelle, la banquière « philosophe », l'avocate, acide, grossière, brutale. Enfin, Christophe, son mari riche, protecteur, pervers qui la réduit à l'état de loque, de dépendance. Il fait de Dolores une moins que rien.
Elle va avoir la force de combattre cet état de soumission pour replonger à nouveau… tel est le dénouement de chacune de ses histoires : la rupture.
Le second axe qui peut être relevé dans ce roman c'est la place que réserve Dolores aux objets et le parallèle qu'elle en fait avec sa déliquescence.
Malgré ces deux entrées, les répétitions, les longueurs peuvent agacer.
Ce roman ne m'a pas déplu mais je n'en ferai pas mon coup de coeur de la semaine
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Il en faut du courage pour être cette Dolorès-là. Dolorès la douleur. Elle le porte bien ce prénom, qui la prédestine au malheur, aux échecs, à la fatalité de la solitude et de la dépression.

Le couple qui bat de l'aile, avec ce mari autoritaire, pervers et dominateur, puis l'échec de cette vie à deux puis trois, le divorce, la faillite de la justice et des avocats, partie perdue d'avance, la vie ratée de Dolorès la femme de... Un enfant terrible et épuisant qui ne renvoie aucun amour à sa mère, la vie difficile de Dolorès devenue la mère de... Puis l'incompréhension d'une mère quand Dolorès redevient fille de … Puis se retrouver seule dans un studio minable avec ses cartons. Avoir pour seul soutien internet pour y trouver l'âme soeur, celui qui enfin lui fera retrouver confiance en elle, prendre le large, trouver une épaule compatissante et aimante et redevenir Dolorès, la femme.

Difficile parcours de l'abandonnée dépressive à qui rien ne sourit. Car non, la courbe de sa vie ne va pas s'inverser. Rien ne va, et comment dire, pas grand-chose ne me convient non plus dans cette lecture. Des mots, des phrases, un style épuisant à lire, comme cette vie sans doute. C'est triste et morne, fastidieux de négativité, on a l'impression que tout s'accumule sur les épaules de cette pauvre femme et que rien ne pourra jamais la sortir de ses malheurs.

lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/02/12/denouement-aurelie-foglia/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
INCIPIT
Les escaliers sonnent sous ses talons, l’entrée sent les fleurs qui cuvent, le couloir est de marbre, elle court, prise de culpabilité. Les meubles sont là mais les autres ? La voix de David lui parvient à travers les portes fermées. Elle se rassure, reprend un peu son calme, souffle avant de se manifester.
Autant commencer par se laver les mains. Changer ses chaussures pour des chaussons. Elle les cherche, il les lui faut.
Elle ne fera rien sans eux. Mais rien, personne, le manque terrible dans lequel elle se tient, piétine, et ce carrelage sans pitié qui lui glace lentement les pieds à travers ses bas. Il, David, ne sait pas jouer sans hurler, il ne fait rien de façon mesurée. La nounou sort de la chambre en s’appuyant sur la poignée de l’autre côté de la porte, passe une main sur sa figure comme si elle essuyait la fatigue accumulée. Elle a
l’air d’avoir traversé une épreuve éreintante mais formatrice dont il fallait absolument que quelqu’un vienne la relever au plus vite.
Je vous laisse. Il a goûté. La maîtresse a mis un mot dans le cahier de correspondance.
Désolée, le RER. Un suicide.
Il y en a beaucoup en ce moment.
À mardi prochain. Je vous paierai l’heure commencée.
Pour la nounou c’est un travail. C’est pourquoi elle étale une couche de maquillage si épaisse sur sa bouche, ses joues et ses paupières, porte des talons si hauts et un parfum si puissant. Elle va rentrer chez elle, dîner, regarder un film d’amour. Le film finira mal, mais rien ne l’empêchera d’avoir des rêves.
Pour la mère qui rentre, pas question de se laisser vivre.
Huit bras lui poussent. Le soir signifie : heure de la crise, des colères de David. Et le repas qui n’est pas prêt. Le bain. Laver le petit corps glissant comme un poisson, qui tout d’abord, c’est rituel, ne voudra pas entrer dans l’eau, puis refusera
d’en sortir.
Elle aurait besoin d’une douche, longuement. Se laver de cette journée. Elle aspire un instant à cette pluie sur sa peau, comme quelqu’un qui meurt de soif elle en a le mirage. Son estomac se crispe. Il va falloir tenir. Elle entend claquer le portail sur la nounou. Plus aucune aide ne viendra de l’extérieur, son mari inutile d’en attendre quoi que ce soit, il rentre à des heures indues, quand tout est fini, qu’il n’y a plus rien
à faire qu’à se glisser dans la nuit.
Enchaîner les actions qu’on attend d’elle. Son corps est rôdé, il sait ce qu’il fait. S’orienter dans le couloir à l’odeur obscure. Résister à l’appel tout bas de la salle de bains. Pousser la porte de la chambre d’enfant pour découvrir son trésor au milieu des rails d’un circuit empilés comme un jeu de mikado, mélangés à des lego et des plumes. On dirait un jeune chat qui a mangé un oiseau.
Il va falloir ranger. Il est tard. Tu t’es bien amusé mon cœur?
David fronce le front. Voilà ce qu’il n’aime pas, la voix de l’autorité, celle qui dissipe d’un coup le bon vertige de l’invention et le chaos qu’il entraîne. Quand sa mère a cette voix et casse sa magie, il la déteste.
Elle assume patiemment le rôle de l’ennemie. Agenouillée sur le tapis, jette les wagons dans le panier d’osier où ils se télescopent, aimantés. Rouge vif jaunes bleues vertes, composer à la va-vite un bouquet de plumes qui ne se trouvent sous aucun climat. Assis sur ses talons, les mains contenant ses genoux, le petit suit chacun de ses gestes d’un regard de rage, tant l’injustice qu’il subit lui semble irréparable. Ou chez un perroquet. Dit ara. Tu ne m’aides pas mon amour?
Elle s’aperçoit qu’elle a gardé son manteau.
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Un couple d’accord c’est fragile, d’accord on peut réparer, sauf que parfois c’est cassé. Et quand c’est cassé c’est cassé. p. 53
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> Elle se repasse le film. Se fait son petit cinéma, ou plutôt c'est le film qui se remet à défiler tout le temps, elle aimerait mieux couper, ne rien revivre, c'est épuisant une mémoire.
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Quelle plaie, le joli spectacle de l'aube qui essuie ses doigts roses sur la zone inférieure du ciel. Rien, pas même l'indifférence totale de Christophe, ne pouvait empêcher quelque chose de voir le jour.
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